Fin de la mission de l’AIEA à Zaporijia, deux experts restent sur place
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a réuni les conditions pour mener une mission d’inspection sur la centrale de Zaporijia. La plus grande installation nucléaire d’Europe s’est retrouvée à proximité d’actions militaires et ce qui fait peser des risques sur la sûreté de l’installation.
Mise à jour du mardi 05/09/2022
Quatre des six experts de l’AIEA ont quitté la centrale de Zaporijia après cinq jours d’inspection. Deux membres restent sur place pour l‘instant. Le directeur de l’AIEA Rafael Grossi s’était rendu sur site pour sa part le jeudi 1er septembre. Ce dernier a déclaré aux journalistes, après sa visite, qu’« il est évident que l’intégrité physique » de la centrale avait été « violée à plusieurs reprises – par hasard ou délibérément, nous n’avons pas les éléments pour l’évaluer », mais « c’est la réalité que nous devons reconnaître et c’est quelque chose qui ne peut pas continuer à se produire ».
La mission, qui a évalué les dommages, les conditions de travail et d’autres considérations de sécurité sur le site, était également considérée comme un bon moyen de stabiliser la situation, mais elle n’a pas encore permis de mettre fin aux combats à proximité du site. En effet, lundi 5 septembre après-midi, Energoatom a déclaré qu’un incendie provoqué par de nouveaux tirs d’obus avait déconnecté « la dernière ligne reliant la plate-forme ZNPP/ZTPP (la centrale, ndr) au réseau électrique de l’Ukraine », ajoutant que l’unité de puissance 6, qui alimente actuellement les besoins internes de la ZNPP, a été déchargée et déconnectée du réseau.
Mise à jour du vendredi 02/09/2022
Après une première journée d’inspection, le directeur de l’AIEA, Rafael Grossi assure que « l’intégrité physique de la centrale nucléaire a été violée à plusieurs reprises ». Des experts doivent rester sur place jusqu’à dimanche ou lundi pour évaluer exactement les dégâts de cette situation « qui ne peut pas continuer à se produire » assure l’envoyé de l’ONU. Il précise : « Nous avons pu visiter tout le site. J’étais dans les unités (de réacteurs, ndlr), j’ai vu le système d’urgence et d’autres pièces, les salles de contrôle », a-t-il énuméré. Il a loué le dévouement des personnels ukrainiens de la centrale toujours sur site. Les premières images de ces visites, fournies par la télévision russe, confirme qu’il y a bien du matériel militaire sur le site.
I am finishing my first visit to #Ukraine’s #Zaporizhzhya Nuclear Power Plant.@IAEAorg is here to stay and will maintain a continued presence at #ZNPP. pic.twitter.com/k4zO3IMe2I
— Rafael MarianoGrossi (@rafaelmgrossi) September 1, 2022
Une communication publique de Rafael Grossi est attendu ce vendredi soir.
Mise à jour du mercredi 31/08/2022
Depuis plusieurs semaines, des frappes militaires ont lieu aux abords de la centrale de Zaporijia au sud-est de l’Ukraine. La plus grande centrale d’Europe est occupée depuis le début du conflit par les forces russes. Depuis, les deux belligérants s’accusent mutuellement des tirs d’obus à proximité des six réacteurs. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), appuyée par le G7, demande régulièrement à pouvoir envoyer une équipe d’inspecteurs sur place.
The day has come, @IAEAorg‘s Support and Assistance Mission to #Zaporizhzhya (ISAMZ) is now on its way. We must protect the safety and security of #Ukraine’s and Europe’s biggest nuclear facility. Proud to lead this mission which will be in #ZNPP later this week. pic.twitter.com/tyVY7l4SrM
— Rafael MarianoGrossi (@rafaelmgrossi) August 29, 2022
Après de nombreuses négociations avec Kiev et Moscou, Rafael Grossi, directeur de l’AIEA a enfin annoncé sur Twitter lundi 29 août, photo à l’appui, l’envoi de cette mission. Il écrit : « Le jour est venu, la mission de soutien et d’assistance de l’AIEA à Zaporijia (ISAMZ) est maintenant en route. Nous devons assurer la sûreté et la sécurité de la plus grande installation nucléaire d’Ukraine et d’Europe. Je suis fier de diriger cette mission qui se rendra à Zaporijia plus tard cette semaine ». Plusieurs sources évoquent une mission du 31 août au 4 septembre.
Cessez-le-feu
Outre Rafael Grossi, la mission compte treize experts qui ont été validés par l’Ukraine et la Russie. On y trouve, entre autres, la Française Lydie Evrard, ex-commissaire de l’Autorité de sureté nucléaire française (ASN) et désormais Directrice générale adjointe chargée de la sûreté et de la sécurité nucléaires à l’AIEA. Dans un autre tweet, l’agence énumère les missions de la délégation, à savoir : évaluer les dommages physiques, déterminer la fonctionnalité des systèmes de sûreté et de sécurité, évaluer les conditions du personnel, exécuter les activités de sauvegarde urgentes.
Jeudi 25 août, la centrale nucléaire avait été, pour la première fois, entièrement déconnectée du réseau électrique. La centrale a activé ses dispositifs de sécurité et la connexion a été rétablie dans les heures qui ont suivi. Le lendemain, après qu’un incendie se soit déclaré à deux kilomètres environ des réacteurs, l’opérateur ukrainien Energoatom lançait une alerte sur le risque de « pulvérisation de substances radioactives ». L’AIEA assure qu’aucun relevé anormal de radioactivité aux abords de la centrale n’a été enregistré. Toutefois, Rafael Grossi reste prudent et avertit sur le « risque réel de catastrophe nucléaire ».
Si la démilitarisation du site demandé par l’ONU est peu probable, la présence des experts de l’AIEA sur place devrait permettre un « cessez-le-feu » de fait qui permettra de vérifier les critères nominaux de sûreté de la centrale. Ce lundi, le G7 a appuyé la mission des experts. Ils écrivent dans une déclaration commune : « Le personnel de l’AIEA doit pouvoir accéder à toutes les installations nucléaires de l’Ukraine en temps voulu, en toute sécurité et en toute liberté ». ■