La radioprotection des tardigrades : les découvertes d’une étude chinoise - Sfen

La radioprotection des tardigrades : les découvertes d’une étude chinoise

Publié le 22 novembre 2024

Parfois surnommés oursons d’eau, les tardigrades sont connus pour leur résistance à toute épreuve. Résistant à l’équivalent de 1000 fois la dose létale de rayonnement pour un être humain, une récente étude scientifique s’est penchée sur les facteurs d’une telle résilience.

Les tardigrades, qui comptent quelque 1500 espèces, sont de petits êtres mesurant entre 0,1 et 1,2 mm[1] connus pour leur résistance sans égale. Grâce à la cryptobiose, « certaines espèces ont survécu à la température de l’hélium liquide, -272 °C (plus froid que la surface de Neptune qui est de -218 °C) ou encore à une chaleur de +151 °C (proche de la température de surface de Mercure, +169 °C) », explique le CNRS[2]. Présents sur terre depuis 500 millions d’années, ils ont même survécu à cinq extinctions majeures d’êtres vivants. Concernant la radioactivité, ils peuvent résister à des doses de rayons X de 5 700 gray et à des doses de rayons gamma de 5 000 Gray, alors que les doses mortelles pour les êtres humains sont respectivement de 8 Gray et de 4 Gray. Dans une récente étude chinoise[3], les chercheurs dévoilent une partie des secrets de la résistance des tardigrades aux radiations extrêmes.

Les trouvailles de l’étude en bref

Les universitaires chinois ont en fait détecté trois gènes, responsables du mécanisme de « défense » de ces tardigrades. Le premier est le fruit du gène DODA1, que le Tardigrade a emprunté à une bactérie[4]. Il produit des pigments nommés bétalaïnes, « qui captent les radicaux libres – dérivés de l’oxygène qui s’attaquent à nos cellules – à l’origine des dégâts », décrypte le service Science du Monde[5]. « Or, jusqu’ici, ces bétalaïnes avaient été observées chez les végétaux, les champignons, les bactéries, mais jamais chez un animal ». DODA1 joue un rôle protecteur.

Le deuxième gène se nomme TRID1, il est lui spécifique aux tardigrades et joue un rôle réparateur de l’ADN ! Il est associé à un troisième au doux nom de NDUFB8/BCS1qui régénère la nicotinamide adénine dinucléotide (NAD), une molécule impliquée dans les processus de vieillissement.

Les résultats de l’étude intéresseront très certainement de nombreux secteurs dont celui des biotechnologies, du nucléaire et du spatial. Se protéger des rayons ionisants sera en effet essentiel dans la conquête spatiale, pour aller sur Mars notamment. Les avancées dans le domaine de la résistance des cryptobiotes pourraient permettre d’imaginer de nouveaux matériaux protecteurs vis-à-vis des rayonnements ou des très hautes pressions.■


[1] https://lejournal.cnrs.fr/articles/les-super-pouvoirs-du-tardigrade

[2] https://lejournal.cnrs.fr/articles/les-super-pouvoirs-du-tardigrade

[3] https://www.science.org/doi/10.1126/science.adl0799

[4] C’est un transfert dit horizontal, c’est-à-dire un transfert de matériel génétique sans lien de parenté.

[5] https://www.lemonde.fr/sciences/article/2024/10/27/comment-le-tardigrade-peut-resister-a-des-radiations-qui-nous-tueraient_6361472_1650684.html

La rédaction Sfen

Steve Gschmeissner/Science photos GSS Science Photo Library via AFP