La Finlande prête à se chauffer au nucléaire

Le concepteur finlandais de SMR Steady Energy vient de signer deux lettres d’intention avec des fournisseurs municipaux de chaleur. Elles visent, entre autres, à explorer l’emploi de petits réacteurs modulaires pour ses réseaux de chaleur urbaine (RCU).
« Nous avons désormais la possibilité de construire un total de 15 réacteurs », a déclaré Tommi Nyman, PDG de Steady Energy. En octobre, un premier accord a été signé avec Helen, la compagnie énergétique de la municipalité d’Helsinki. C’est maintenant Kuopion Energia, basée à Kuopio (à plus de 300 km au nord d’Helsinski), qui envisage l’utilisation de petits réacteurs modulaires (SMR) pour ses réseaux de chaleur urbaine (RCU). Ce sont donc jusqu’à dix réacteurs pour la première compagnie et cinq pour la deuxième qui sont envisagés par la Finlande pour réduire des émissions de gaz à effet de serre.
Un réacteur calogène de 50 MWth
Les réacteurs envisagés sont les LDR-50. Ils sont conçus pour produire exclusivement de la chaleur à hauteur de 50 MWth et jusqu’à 155°C. Le concepteur, Steady Energy, a été essaimé en 2023 par le Centre de recherche technique de Finlande (VTT) – l’équivalent du CEA – et prévoit de construire sa première centrale de chaleur en 2030. Le SMR à eau pressurisée utilise un combustible d’oxyde d’uranium légèrement moins enrichi que celui de REP.
Il faut savoir que la Finlande repose à presque 45 % sur ses RCUs pour assurer sa demande de chaleur totale. La part des énergies fossiles dans cette chaleur livrée représente 38 % [1]. Pour donner un ordre de grandeur, la consommation via RCU dans la région de Helsinki varie typiquement de 400 MWth en été jusqu’à 3500 MWth en hiver [2]. Et dans le cas de la capitale, elle est d’origine fossile à 87% [3]. Cette volonté de trouver des alternatives décarbonées est cohérente avec la feuille de route Heat Roadmap Europe. Celle-ci prévoit une décarbonation à 89 % du secteur de l’énergie européen en s’appuyant sur des technologies notamment relatives aux RCUs, pour limiter un réchauffement global à moins de 1,5-2°C.
Comme beaucoup de pays en Europe, la Finlande est en train de confirmer le rôle du nucléaire dans son mix énergétique. En 2010, le gouvernement finlandais avait refusé la construction de Loviisa 3, un réacteur à eau pressurisée cogénérant électricité et chaleur urbaine pour alimenter le RCU d’Helsinki. Désormais, le pays est prêt à miser sur les réacteurs innovants. ■
Par Valentin Quintana-Leyton
[1] Finland Statistics, Production of electricity and heat, 2022.
[2] Martin Leurent, Les centrales nucléaires comme une option pour aider à décarboner les secteurs de la chaleur Européens et Français ? Une analyse prospective technico-économique, 2018.
[3] Helen, Origin of District Heat, 2022.