La centrale de Zaporijia, annexée par la Russie, de nouveau ciblée par des bombardements

Annexion, enlèvement, déconnexions du réseau… la situation se tend de nouveau autour de la centrale de Zaporijia. La plus grande centrale européenne, annexée par la Russie, a été déconnectée plusieurs heures du réseau une nouvelle fois suite à des bombardements.
Après un léger répit autour de la centrale de Zaporijia en Ukraine dont les six réacteurs étaient en situation d’arrêt à froid depuis début septembre, la situation se tend à nouveau. À l’occasion de l’annexion de quatre territoires ukrainiens par la Russie, Moscou a annoncé l’appropriation formelle de la plus grande centrale européenne et le déplacement de sa gestion administrative à Moscou. Une décision prise quelques jours après l’enlèvement pendant 48 heures du directeur de la centrale de Zaporijia.
En parallèle, les deux experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), présents sur le site de la centrale, avaient alerté que le personnel « prévoyait de redémarrer l’un de ses six réacteurs ». Dans un communiqué, l’agence écrivait : « des préparatifs sont en cours pour démarrer l’unité 5 à puissance réduite afin de produire de la vapeur et de la chaleur pour les besoins de la centrale. Il faudra un certain temps pour achever tous les préparatifs, y compris ceux liés aux systèmes et équipements nécessaires, avant que l’exploitation du réacteur puisse reprendre ».
Les diesels de secours
Ces plans ont peut-être été contrecarrés, du moins temporairement alors qu’une nouvelle fois la centrale a été déconnectée plusieurs heures du réseau électrique, suite à des bombardements. Pendant cette durée, ce sont les générateurs diesel qui ont assuré les besoins électriques pour assurer le refroidissement des installations. L’agence rapporte que le site a été réapprovisionné en diesel par la société russe Rosatom. Le 9 octobre, l’AIEA a confirmé que la centrale était bien reconnectée au réseau.
Our team at #Zaporizhzhya confirms the offsite power line lost yday was restored & #ZNPP is reconnected to the grid—a temporary relief in a still untenable situation. A protection zone is needed now. I will travel to 🇷🇺 & will see 🇺🇦@ZelenskyyUa thereafter to establish the zone.
— Rafael MarianoGrossi (@rafaelmgrossi) October 9, 2022
Suite à cette nouvelle atteinte aux six réacteurs, Rafael Grossi, directeur général de l’AIEA, a condamné les attaques militaires : « Presque tous les jours maintenant, il y a des bombardements dans la région où se trouve la centrale nucléaire de Zaporijia et où vivent les ouvriers de la centrale et leurs familles. Les bombardements doivent cesser, immédiatement. Cela a déjà un impact sur la situation de la sûreté et de la sécurité nucléaires de la centrale ».
Discussion autour de la zone de sécurité
Il insiste : « Ces attaques militaires à Zaporijia et dans ses environs augmentent le risque d’accident nucléaire, si elles frappent les lignes électriques externes de la centrale ou rendent plus difficile l’approvisionnement vital en carburant et en équipement ».
En fin de semaine dernière, Rafael Grossi s’était rendu à Kiev pour rencontrer le Président ukrainien Volodymyr Zelensky. « Ils ont examiné la proposition du Directeur général concernant la création d’une zone de protection de la sûreté et de la sécurité nucléaires autour de la centrale et sont convenus de se revoir après son voyage imminent en Fédération de Russie », précise l’AIEA. ■