L’innovation nucléaire pour le climat - Sfen

L’innovation nucléaire pour le climat

Publié le 23 septembre 2015 - Mis à jour le 28 septembre 2021
  • Astrid
  • Nuclear4Climate

Cette semaine, la SFEN organise à Paris la 12e édition de la conférence GLOBAL sur le cycle du combustible nucléaire. Cette manifestation se déroule dans un contexte inédit : à deux mois de la COP21, du retour de l’atome au Japon, et de la réorganisation de la filière nucléaire française. Déjà, les premiers frémissements d’une relance du secteur commencent à se faire sentir, en témoignent les 600 professionnels d’une trentaine de pays participant à GLOBAL 2015.

Les prochaines années seront déterminantes. En forçant les pays à se positionner sur leur mix énergétique, la conférence sur le climat va déterminer le rôle du nucléaire dans la politique mondiale de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

GLOBAL 2015 présente les innovations d’aujourd’hui et celles de demain, qui permettront de valoriser la matière (uranium, plutonium, déchets) et de continuer à produire une électricité sans CO2 (nouvelles technologies de réacteurs). Du cycle du combustible aux réacteurs, plus que jamais, la recherche et l’industrie du nucléaire sont mobilisées pour relever le défi climatique.    

 

Nuclear for climate

Le sommet climatique « COP21 » sera déterminant pour le futur de notre planète. Dans ce contexte dramatique, il est de notre devoir de réaffirmer que l’énergie nucléaire a un rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique. 

La production d’énergie est l’une des principales sources d’émissions de gaz à effet de serre. Cette tendance ne pourra s’inverser si nous ne basculons pas vers un mix énergétique bas-carbone, composé d’énergies renouvelables et d’énergie nucléaire.

La tâche est immense : les experts sont de plus en plus pessimistes sur les possibilités de contenir le réchauffement climatique à 2°C à la fin du siècle. Aujourd’hui, plus de 70 % de l’électricité produite dans le monde émet des gaz à effet de serre, et les deux tiers du budget carbone de la planète ont déjà été consommés…

Si l’efficacité énergétique peut contribuer à une diminution de l’utilisation des combustibles fossiles, elle ne saurait suffir pour répondre aux besoins d’une population mondiale de 10 milliards d’individus en 2050. Selon les experts, cette augmentation conduira à un doublement des besoins en énergie au niveau mondial.

L’énergie nucléaire permet de produire une électricité compétitive sans émettre de CO2 et ce, tout en renforçant la sécurité d’approvisionnement et l’indépendance énergétique des pays qui l’utilisent. Après Fukushima, si certains pays ont décidé de sortir du nucléaire ou d’en limiter la production, cela ne concerne pas des pays qui sont (ou deviendront) les plus grandes puissances économiques de la planète. Etats-Unis, Russie, Chine, Inde, Brésil et Afrique du Sud, tous disposent d’un parc nucléaire et construisent de nouveaux réacteurs. Plus près de nous en Europe, le Royaume-Uni a décidé de démarrer de nouvelles constructions. De son côté, le Japon vient juste de redémarrer son premier réacteur après avoir renforcé sa réglementation en matière de sûreté.

Ruptures technologiques

L’innovation est un élément déterminant permettant d’assurer le développement de l’énergie nucléaire. L’innovation a toujours fait partie de notre ADN, notamment en matière de sûreté comme le montrent les différentes technologies de réacteurs. La troisième génération est le résultat de cette amélioration continue. Mais nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers : nous devons rester dans cette dynamique vertueuse pour que l’énergie nucléaire continue d’être attractive pour demain. 

De nombreux pays travaillent sur les réacteurs de 4e génération, dans un cadre de collaboration internationale comme dans le Forum Génération IV, que j’aurai l’honneur de présider l’année prochaine. Ces systèmes doivent être liés à des technologies de rupture, pour les réacteurs et pour le combustible nucléaire. Il est essentiel de penser le système dans son ensemble.

Parmi les différentes technologies, la priorité a été donnée au développement des réacteurs rapides : le besoin de durabilité, l’optimisation des ressources rares et la nécessité de réutiliser les matières nucléaires sont autant de critères qui permettent de faire converger préoccupations économiques et environnementales. Seuls ces systèmes peuvent utiliser la quasi-totalité de l’uranium, quelle que soit sa composition isotopique et de multi recycler le plutonium.

La R&D dans les futurs systèmes doit être ambitieuse pour faire émerger des technologies de rupture. Dans le cycle du combustible, les principaux défis sont la gestion et l’inventaire du plutonium, la fermeture complète du cycle, la transmutation-séparation et l’empreinte des déchets ultimes.

 

L’opinion publique

Mais nos réflexions ne peuvent pas être restreintes aux seuls aspects techniques : nous devons aussi intégrer à nos réflexions l’acceptation de l’énergie nucléaire par les populations. Car, notre industrie n’a pas de futur sans le soutien et la confiance de l’opinion publique. 

Publié par Christophe Béhar (CEA)

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