L’Île-de-France, ambassadrice de l’expertise nucléaire française
L’Île-de-France, bien que dépourvue de centrales nucléaires, rassemble de grands centres d’expertise et de formation sur son territoire lui permettant de se positionner aujourd’hui à la pointe de la formation, de la recherche et de l’innovation.
Toutes les citations sont tirées de la table ronde consacrée à l’Île-de-France le 29 mars 2021 lors de la Convention Sfen. La Sfen tient à remercier Michel Bedoucha, directeur du CEA Paris-Saclay, Aniss Farid, directeur des opérations Ile-de-France d’Assytem, Frederic De Agostini, directeur général de la Business Unit Orano NPS et France Cubas-Loyauté, directrice des ressources humaines, Orano NPS.
Un pôle de formation
Les nombreux centres de recherche nucléaire présents sur le territoire permettent à la région d’être un pôle d’enseignement international, en particulier sur le plateau de Saclay (Essonne) avec le site du CEA Paris-Saclay (environ 8 000 personnes) et l’Université Paris-Saclay. Bien que la région soit dépourvue de centrales nucléaires, elle a tout de même compté plusieurs réacteurs de recherche notamment Osiris[1] et Orphée[2]. A noter côté formation, le pôle de formations industrielles et nucléaires, situé à Montereau-Fault-Yonne en Seine-et-Marne, qui propose depuis 2002 des formations spécialisées dans le secteur du nucléaire en partenariat avec l’académie de Créteil et EDF et la création de l’I2EN[1] en 2010, valorisant à l’international l’expertise française de formation nucléaire. Enfin, l’Institut national des sciences & techniques nucléaires (INSTN), créé en 1956 et administré par le CEA, compte plus de 1 000 étudiants par an et 1 500 doctorants.
Les nouveaux diplômés peuvent ensuite rejoindre l’une des nombreuses entreprises du nucléaire de la région.
Un pôle majeur de l’ingénierie nucléaire
L’Île-de-France est un pôle majeur de l’ingénierie nucléaire. Tout d’abord de nombreuses institutions et organisations nationales et internationales de la filière nucléaire siègent dans la région. Les services centraux de l’ASN et de l’IRSN[3], reconnus mondialement pour leur compétence et leur expertise dans la sûreté nucléaire, les sièges sociaux des grandes entreprises du secteur et l’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN-OCDE) disposent de leur implantation principale en Île-de-France.
De plus, les entreprises comptent un certain nombre de services d’ingénierie dans la région à l’instar d’Assystem, d’Orano, d’EDF ou de Framatome. Le nucléaire représente 47 000 emplois, directs et indirects dans la région.
Assystem est un groupe d’ingénierie indépendant né il y a plus de 50 ans afin d’accompagner EDF dans la mise en service du parc nucléaire français. En Île-de-France, le groupe compte 500 collaborateurs et 250 recrutements au travers de partenariats avec des écoles et universités de la région. « Les ingénieries sont en contact avec un écosystème varié, en particulier académique, ce qui permet de développer de nouvelles méthodes dans les domaines de l’innovation et du numérique », souligne Aniss Farid, directeur des opérations Île-de-France d’Assystem. Le groupe a développé des formations internes à travers l’Assystem Nuclear Institute pour « permettre la montée en compétences des jeunes embauchés ». Fondé en 2008 lors de la crise de l’industrie automobile, l’institut avait alors permis à 300 salariés de rebondir en s’orientant vers le domaine nucléaire.
Autre exemple avec le siège d’Orano NPS[3], l’unité Emballages nucléaires et services du groupe à Saint-Quentin-en-Yvelines, qui regroupe 1 000 salariés dont 500 ingénieurs. L’unité participe pleinement à la vitalité du marché du travail de la région. « Nous avons maintenu nos engagements en termes de recrutement d’ingénieurs, qui représentent la majorité des recrutements, en particulier en Île-de-France où nous avons la plupart de nos équipes, notamment d’ingénierie et de R&D », explique France Cubas-Loyauté, directrice des ressources humaines de l’unité. « Il y a également des projets d’alternants ou de stagiaires dans une logique de développer l’accès à l’emploi et de favoriser la pré-embauche et la découverte de nos activités par le biais de recrutements de jeunes/futurs diplômés ». Une vitalité qui se ressent dans l’entreprise. « Nous avons une moyenne d’âge qui est relativement faible au sein de cette Business Unit. Il y a beaucoup de jeunes, enthousiastes, avec des idées nouvelles, témoigne Frédéric De Agostini, directeur général d’Orano NPS. A titre d’exemple, à la suite de transformations, nous avons récemment obtenu le licensing d’un emballage d’entreposage et de transport de combustibles usés en moins d’un an auprès de l’Autorité de sûreté française (ASN) alors qu’auparavant deux à quatre ans étaient nécessaires. […]. C’est un point intéressant pour attirer des jeunes, recruter et leur montrer que nous sommes dans une dynamique qui a des moyens, qui s’appuie sur le digital et sur de nouvelles techniques, afin d’améliorer la compétitivité de nos opérations et être au service de tous les électriciens dans le monde entier et d’EDF en France ».
Découvrez l’intégralité de la table ronde
Si l’Île-de-France ne produit que 5 % de l’électricité qu’elle consomme, la région, très dense et très peuplée, peut compter sur la production d’électricité nucléaire, bas carbone des régions voisines. Pour en savoir plus sur le nucléaire dans les territoires, consultez l’édition 2021 du cahier des régions.
[1] D’une puissance thermique de 70 mégawatts, il a permis pendant près de 50 ans de participer à l’étude des matériaux et combustibles des centrales nucléaires actuelles et futures, mais également de produire des radioéléments en vue d’applications médicales et industrielles.
[2] Le réacteur Orphée, réacteur source de neutrons, est un réacteur de recherche de type piscine, d’une puissance de 14 MWth. Il a fermé en 2019.
[3] Anciennement Orano TN.