La France gagne la coupe du monde (de la transition énergétique)

A quelques heures du coup d’envoi du quart de finale qui opposera les Bleus de Didier Deschamps à la Mannschaft de Joachim Löw, une autre compétition oppose la France et l’Allemagne : la coupe du monde de la transition énergétique.
Si dans le monde du football, les deux équipes se tiennent au coude à coude, il n’en est pas de même en matière de transition énergétique où la France domine largement son voisin allemand. Sur le plan des émissions de CO2 et de la facture d’électricité, tous les indicateurs le montrent : la France a de meilleurs résultats que l’Allemagne. Maintenant, c’est aux Bleus de jouer pour que la France gagne aussi sur la pelouse du Maracana !
En France, 90% de l’électricité est bas carbone
Chaque année, un français émet quasiment deux fois moins de CO2 qu’un allemand. Une raison explique ce bon résultat : la part qu’occupent les énergies bas carbone dans le mix électrique hexagonal. Composé de 15% d’énergies renouvelables (hydraulique, biomasse, éolien et solaire) et de 75% d’énergie nucléaire, le mix électrique français se distingue de celui de l’Allemagne où les énergies bas carbone ne représentent que 38,5% du mix électrique.
A contrario, outre-Rhin, le charbon est roi. La plus sale des énergies carbonées produit 45% de l’électricité. Pays riche en ressources charbonnière (l’Allemagne est le premier producteur mondial de lignite), nos voisins n’en sont pas moins gros consommateur de charbon. Leur gourmandise en la matière est telle que les importations ont augmenté : jusquà 50 millions de tonnes de charbon en 2013.
Aujourd’hui, la part du charbon dans l’électricité allemande est revenue à son niveau de 1990. Ce retour en arrière risqué conduit à une augmentation importante des émissions de CO2 (+2,3% entre 2011 et 2013). Alors même que pour empêcher le changement climatique, l’économie mondiale devrait être décarbonée à un rythme de -6% par an en moyenne jusqu’en 2100.
En Allemagne, les consommateurs et les petites entreprises financent la transition énergétique
Pour réaliser la transition énergétique – Energiewende -, l’Allemagne sollicite l’aide financière des consommateurs et des petites entreprises. Les industries électro intensives, elles, sont exonérées. Une situation qui entraîne le report partiel de leurs factures sur les autres agents économiques et pèse in fine sur la rentabilité de toutes les entreprises. Ce n’est bien sûr pas sans conséquence sur la compétitivité : une étude réalisée par le cabinet IHS a montré qu’un prix excessif de l’électricité avait handicapé les exportations allemandes. Le manque à gagner est estimé à 15 milliards d’euros en 2013, le cumul de 2008 à 2013 atteignant 52 milliards.
Du côté des consommateurs, le constat est identique. La hausse de la facture de l’électricité a entraîné une augmentation de la précarité énergétique (+1,4 millions de foyers depuis 2008). Ce qui conduit une majorité d’Allemands à s’opposer à de nouvelles hausses. Une étude publiée par l’Institut für Demoskopie Allensbach montre que 53% des Allemands refusent toute hausse des tarifs motivée par le développement des énergies renouvelables au détriment d’une énergie peu chère… le charbon.
Pour faire sa transition énergétique, l’Allemagne a de plus en plus besoin de l’électricité nucléaire française
L’Allemagne a fermé une partie de ses centrales nucléaires (9 restent actuellement en activité) mais sa demande en électricité n’a pas diminué au point de se passer de l’électricité nucléaire française. Preuve en est qu’au dernier trimestre 2014, les soldes d’échange d’électricité de la France vers l’Allemagne (mais également vers tous ses voisins) sont exportateurs. Selon RTE, la France a exporté 2 021 GWh d’électricité vers l’Allemagne, contre 645 GWh pour celle-ci.
Dans ces conditions, la France est paradoxalement appelée à jouer un rôle majeur en appui à la transition énergétique engagée outre-Rhin, en assurant à l’Allemagne la fourniture de l’énergie de base indispensable à son économie (entreprises et consommateurs).
L’énergie nucléaire : un atout pour la France et une chance pour l’Allemagne.

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