Rapport Match 2025 : le nucléaire français recrute et confirme sa relance industrielle - Sfen

Rapport Match 2025 : le nucléaire français recrute et confirme sa relance industrielle

Publié le 28 octobre 2025

Avec la troisième édition de l’étude Match, le Gifen confirme les effets positifs du programme de relance nucléaire sur la santé de l’industrie. Depuis le début de la décennie, les effectifs sont en hausse d’environ 10 %. Cette tendance se traduit également dans les prévisions économiques du secteur pour les prochaines années.

Les effets de la relance du nucléaire français se traduisent par un mouvement de hausse de recrutements dans l’écosystème nucléaire. C’est le constat de la mise à jour du rapport Match présentée par le Groupement industriel de la filière nucléaire (Gifen) le mardi 28 octobre. « L’ensemble de l’industrie du nucléaire comptabilise 247 000 emplois à fin 2024, souligne Xavier Ursat, président du Gifen. S’il est difficile de comparer précisément ce chiffre avec les estimations précédentes, on observe une augmentation visible du nombre d’équivalent temps plein d’une dizaine de pour cent environ. » Le nucléaire se positionne ainsi parmi les trois plus grandes filières industrielles de l’Hexagone, avec  l’automobile et l’aéronautique.

Pour rappel, lors de la présentation du premier rapport Match par le Gifen début 2023, l’industrie estimait son nombre d’ETP à 220 000, dont 125 000 postes directs très techniques, dits cœur de cible. À fin 2024, ces métiers représentent 163 000 emplois. La forte hausse des effectifs s’explique à la fois par la dynamique actuelle, mais aussi par une consolidation des données du Gifen, qui intègre dans cette nouvelle version le périmètre du Royaume-Uni accessible à la filière nucléaire française. À noter que les besoins des développeurs de SMR et AMR ne sont pas pris en compte dans ce travail.

Début d’un marathon

« Nous sommes dans un moment unique pour le nucléaire français, avec une dynamique qui tranche avec les 40 ou 50 dernières années, analyse Xavier Ursat. Cela s’inscrit dans un moment fort de relance nucléaire essentiel pour affirmer la compétitivité des territoires et la souveraineté énergétique de la France et de l’Europe. » La dynamique engagée dans la première moitié de la décennie devrait se poursuivre.

Aussi, le Gifen confirme les besoins de recrutement de la filière pour les 10 prochaines années à 100 000 ETP, pour atteindre un total de 300 000 ETP à l’horizon 2035. « La moitié de ces futurs recrutements sont destinés à compenser l’augmentation de l’activité. Les 50 % restants permettent de remplacer les départs à la retraite et sectoriels », note Olivier Bard, délégué général du Gifen. Les deux tiers des embauches concernent des métiers de niveau techniciens, soit du CAP au Bac+3. Alors que 48 % des employés du secteur sont actuellement des cadres ou des ingénieurs.

Une répartition hétérogène

Cette hausse attendue de la main d’œuvre distingue cependant deux types de croissance : une immédiate et une différée. « Pour accompagner le programme d’EPR2, nous aurons un besoin rapide de main d’œuvre dans le génie civil, illustre Olivier Bard. Le nombre d’emplois consacrés à des activités nucléaires pourrait jusqu’à tripler dans les prochaines années. » En revanche, le segment des montages électromécaniques nécessitera moins de ressources humaines à court terme, avec des besoins en effectifs en croissance de 20 % entre 2028 et 2032.

Un autre aspect mis en avant par l’étude est la diversité des structures du secteur. « La mise à jour de Match a permis d’identifier 1 830 entreprises à fin 2024, ce qui doit porter le nombre réel de la filière à environ 2 000 structures », poursuit Olivier Bard. Si en termes de nombre les TPE et PME représentent 91 % des structures, leurs effectifs sont très faibles et ne concentrent que 11 % des emplois. « Environ 95 % des travailleurs du nucléaire sont répartis dans les 600 entreprises membres du Gifen », dénombre Xavier Ursat.

Répercussions économiques rapides

Evidemment, la dynamique dans les ressources humaines du nucléaire fait écho à des investissements économiques. Les prévisions des sept grands maîtres d’ouvrage du secteur – EDF, Framatome, Andra, CEA, Orano, Technicatome, Assystem – montrent une augmentation des achats de l’ordre de 30 % à 5 ans par rapport aux niveaux actuels. D’ici à 2035, cela représenterait un carnet de commandes global de 162,5 milliards d’euros. « Notre modélisation permet de distinguer deux pics de charge en 2026 puis en 2032, détaille Xavier Ursat. Ils illustrent d’abord la montée en puissance du programme EPR2, puis le lancement du programme Aval du Futur. »

Cette troisième édition de l’étude Match met en avant la création de 30,5 mds€ de valeur ajoutée sur l’année 2023 par la filière nucléaire et plus de 7 mds€ d’exportation hors électricité. « Sur ce montant total, 18 mds€ environ sont destinés à financer les salaires et charges sociales des employés et 2,6 mds€ aux impôts et taxes », note Olivier Bard. Cette enveloppe globale reste cependant à analyser avec prudence. En effet, elle est très impactée par les prix de l’électricité, EDF représentant à peu près la moitié de la valeur ajoutée produite. ■

Par Simon Philippe (Sfen)

Photo : Vue intérieure de la centrale nucléaire de Flamanville 1 et 2. © Antoine SOUBIGOU / EDF