Excell : le plan d’excellence de la filière porte ses fruits - Sfen

Excell : le plan d’excellence de la filière porte ses fruits

Publié le 16 novembre 2022

Le 15 novembre 2022, les avancées du plan Excell et ses perspectives ont été présentées. Les chiffres attestent d’une remise en marche de la filière nucléaire française alors que le programme de construction de six réacteurs EPR2 fait actuellement l’objet d’un débat public.

Le plan Excell a été lancé au printemps 2020 pour permettre à la filière nucléaire de retrouver le plus haut niveau de rigueur, de qualité et d’excellence. Ses résultats ont été présentés mardi 15 novembre par Alain Tranzer, Délégué général à la qualité industrielle et aux compétences, Alain Gauvin, vice-président du Gifen et directeur général d’ONET Technologies, Hélène Badia, présidente de l’Université des métiers du nucléaire (UMN) et Gabriel Oblin, directeur de projet EPR2. Sur les 30 engagements du plan Excell, 26 sont atteints et 4 sont à finaliser. « Les 4 derniers engagements, particulièrement exigeants, sont partiellement atteints et le seront pleinement courant 2023 », précise EDF dans un communiqué.

Une gouvernance renforcée : « La finalité est d’éviter de se mettre en déséquilibre avant, d’être certain de passer à l’étape suivante sur des bases robustes », explique Alain Tranzer. C’est pourquoi l’adhérence au planning a été renforcée et des dispositifs pour réduire au minimum les reprises ont été mis en place. Le taux de reprise est de 200 % pour Flamanville 3 contre 45 % à Hinkley Point C (octobre 2022). L’objectif à atteindre pour l’EPR2 est de 10 %.

Standardisation et réplication : le fonctionnement en entreprise étendue se met en place. Ce mode de fonctionnement « commence sur HPC et nous étendons ce processus sur le projet EPR2 », a précisé Alain Tranzer. Les spécifications techniques ont également été simplifiées et les catalogues rationalisés. C’est par exemple le passage de plus de 13 000 références pour les robinets à 571 aujourd’hui. En réduisant le nombre de fournisseurs, « vous passez de l’artisanat à l’industrie », a souligné Alain Tranzer. La cible de réplication d’équipements existants est de 95 % pour le projet britannique de Sizewell C (qui doit être une réplique de la centrale en construction à Hinkley Point C) et de 60 % pour l’EPR2.

Des relations plus étroites : un management intégré a été mis en place et montre une amélioration de la relation fournisseur. Selon un sondage (Kantar), 31 % des fournisseurs témoignaient en 2021 d’une amélioration de la relation fournisseur avec EDF, 50 % la jugeaient stable et 19 % en dégradation. En 2022, l’avis positif est passé à 54 % avec en parallèle 30 % des fournisseurs qui estiment que la relation est stable et 16 % qui l’estiment en dégradation. Alain Tranzer a deux axes d’améliorations à approfondir ce sujet : les délais de réponses et le partage des risques.

Faire bon du premier coup : pour faire bon du premier coup, 58 industriels de la filière sont engagés dans des démarches d’excellence opérationnelle contre 44 en octobre 2021. Par ailleurs, 34 entreprises sont certifiées ISO 19443 attestant de leur haut niveau de qualité. Gabriel Oblin, directeur de projet EPR2, a illustré certains moyens mis en œuvre dans le plan soudage du programme Excell pour viser juste et fortement réduire le nombre d’écarts. « Pour EPR2, nous réduisons de 30 % le nombre de soudures réalisées sur le chantier par rapport à Flamanville 3. Pour ce faire, nous supprimons un certain nombre de soudures et nous renforçons la fabrication en usine. De plus, en partenariat avec Framatome, nous développons des procédés automatisés de soudage pour le circuit secondaire principal ». Néanmoins, en cas d’écart, il est important de réduire fortement le délai de décision. On observe là aussi des améliorations puisque des décisions suite à des écarts de fabrications sont prises à 75 % en moins d’un mois et à 97 % en moins de 3 mois à Hinkley Point contre respectivement 47 % et 79 % à Flamanville 3.

« Cette année le plan Excell a travaillé à consolider les résultats acquis et pérenniser les actions engagées pour atteindre les meilleurs standards industriels », explique EDF. L’entreprise a aussi insisté sur les enjeux d’emplois dans les années à venir, ce qui est clé dans la performance. La filière nucléaire prévoit en effet de massivement recruter, de l’ordre de 10 000 personnes par an jusqu’en 2030, pour faire face aux travaux de maintenance du parc historique et au programme de construction de six EPR2 (si ce dernier venait à être confirmé). Pour mesurer l’enjeu, Alain Tranzer explique que « un salarié sur deux qui travaillera dans la filière en 2030 n’y travaille pas aujourd’hui ». ■

Gaïc Le Gros (Sfen)

Crédit photo : Brandstrom Sophie/PWP