« On espère survivre, de toute manière on n’a pas le choix » (Fessenheim)

Situées dans des territoires ruraux, les centrales nucléaires en sont généralement les principaux employeurs. Comme toute activité industrielle, une centrale nucléaire favorise le développement économique d’un territoire faisant émerger un tissu de PME (emplois « indirects ») et générant une activité dans d’autres secteurs (emplois « induits ») : restauration, hébergement, commerces, santé, administration, loisirs, etc. Selon l’INSEE, la centrale de Fessenheim fait ainsi vivre plus de 5 000 personnes entre Mulhouse et Colmar. Portraits de ces hommes et de ces femmes.

En 2015, quand Emmanuel Waltisperger, 32 ans, retourne dans son village natal, à Hirtzfelden, pour y ouvrir « Côté Cuisine », son restaurant, il est déjà riche d’un parcours atypique. Chef cuisinier d’ambassade au ministère des Affaires étrangères, il a parcouru le monde de l’Autriche à l’Afghanistan. « J’ai tout arrêté pour ouvrir le restaurant ». Pourtant situé à presque 8 km de la centrale, les employés du site comptent pour « 15 à 20 % de son activité. Il nous est arrivé à certains midis de fonctionner uniquement avec les gens de la centrale nucléaire. J’ai ouvert sans me poser la question de la fermeture de la centrale. »

« Dès l’ouverture nous avons eu une grande affluence et on a embauché. Aujourd’hui j’ai six employés, tous en CDI, mais je ne suis pas serein concernant leur avenir car on ne mesure pas concrètement l’impact qu’aura l’arrêt de la centrale. J’espère ne pas avoir besoin de recourir à des licenciements économiques. C’est pour ça, qu’on essaie de faire connaître le restaurant auprès d’autres entreprises. »

« L’avenir est incertain pour les commerçants du territoire, indique Emmanuel, qui attend que de nouvelles activités économiques soient proposées pour la région. On espère survivre. De toute manière on n’a pas le choix. »