Le 10e sommet de l’EPROOG réunit les exploitants EPR à Taishan - Sfen

Le 10e sommet de l’EPROOG réunit les exploitants EPR à Taishan

Publié le 15 mai 2025

Le dixième sommet de l’EPROOG (EPR Owner Operators Group), qui réunit les exploitants de réacteurs de technologie EPR dans le monde, se tient les 14 et 15 mai 2025 à Taishan, en Chine. Cette édition anniversaire consacre dix années d’échanges techniques et de coopération entre pairs au service de la filière EPR.

Créé en 2015, l’EPROOG rassemble les propriétaires-exploitants de réacteurs EPR autour d’un objectif commun : partager les bonnes pratiques, tirer les leçons de l’expérience et renforcer la performance des projets. Chaque année, le groupe organise un sommet accueilli à tour de rôle par l’un de ses membres. Après Flamanville en 2024, c’est Taishan qui accueille cette dixième édition — un choix qui ne doit rien au hasard.

Premier site EPR à avoir été mis en service dans le monde, Taishan occupe une place particulière dans l’histoire de la technologie. Les deux unités, exploitées par la coentreprise sino-française TNPJVC, sont entrées en fonctionnement en 2018 et 2019. En 2023, Taishan 2 a établi un record mondial avec une production de 12,8 TWh, illustrant les performances de la technologie EPR à pleine puissance.

Ce site emblématique est aussi le fruit d’une coopération industrielle étroite entre la Chine et la France. Développé en partenariat avec CGN, Taishan a été le premier projet à concrétiser l’ambition française à l’export pour l’EPR. EDF reste aujourd’hui présente sur place, aux côtés de ses partenaires chinois. Accueillir le dixième sommet de l’EPROOG à Taishan, c’est donc saluer une collaboration réussie, durable, et porteuse d’enseignements pour l’ensemble des membres.

Une organisation structurée autour de deux comités

Les travaux de l’EPROOG s’articulent autour de deux groupes : l’un dédié à la conduite des projets — de la décision finale d’investissement jusqu’à la mise en service —, l’autre à l’exploitation des réacteurs. Chacun est supervisé par un comité stratégique, réunissant les directeurs de projet d’un côté, et les directeurs d’exploitation de l’autre. « L’EPROOG permet de capitaliser sur les retours d’expérience de chaque site, quel que soit son avancement. Il repose sur une logique de réciprocité », souligne François Verdiel, secrétaire du comité stratégique et directeur délégué du développement nucléaire international chez EDF.

Le groupe compte aujourd’hui cinq membres : TNPJVC (Taishan 1&2), TVO (Olkiluoto 3), EDF (Flamanville 3), EDF Energy (Hinkley Point C) et Sizewell C, qui a rejoint l’EPROOG en 2024. Ce dernier a intégré la plateforme en amont même de la décision finale d’investissement, témoignant de la volonté d’anticiper les enjeux techniques dès les premières étapes.

Des retours d’expérience précieux pour Flamanville
L’apport de l’EPROOG se vérifie concrètement à Flamanville 3. Connecté au réseau en décembre 2024, le réacteur poursuit sa montée en puissance avec un objectif de pleine exploitation à l’été 2025. Tout au long de cette phase cruciale, les équipes du site ont pu s’appuyer sur les enseignements des sites de Taishan et d’Olkiluoto, déjà en service. Ces retours ont permis d’anticiper certains points de vigilance, de fiabiliser les plannings d’essais et de renforcer la préparation des équipes, tant sur le plan technique qu’organisationnel.

Désormais, Flamanville apporte à son tour sa contribution au groupe. Son expérience récente du démarrage et de la transition entre chantier, essais et exploitation enrichit les discussions au sein du comité dédié. Ces échanges profitent notamment aux membres en phase de préparation, comme Hinkley Point C ou Sizewell C, en offrant des retours concrets sur les derniers jalons franchis par un EPR avant la mise en service commerciale.

Un cadre structurant pour l’avenir de la filière

Dans un contexte de relance du nucléaire en France et en Europe, avec plusieurs projets de réacteurs EPR en discussion, l’EPROOG s’impose comme un outil clé pour assurer la continuité du savoir et la diffusion des bonnes pratiques. « Il s’agit aussi de structurer une base commune de compétences pour les futures exploitations », ajoute François Verdiel.

En dix ans, l’EPROOG a su s’affirmer comme une plateforme discrète mais essentielle, au service de la performance industrielle et de la sûreté. Son modèle d’échange entre pairs, fondé sur la confiance et la confidentialité, continue de renforcer l’efficacité de la filière EPR à l’échelle internationale. ■

Par Maximilien Struyss (Sfen)

Photo : Centrale nucléaire de Taishan en Chine – @EDF