Instruction technique de Cigéo : l’ASNR valide la sûreté post-fermeture - Sfen

Instruction technique de Cigéo : l’ASNR valide la sûreté post-fermeture

La dernière phase de l’instruction technique de Cigéo a été clôturée le 8 juillet 2025. Dans son évaluation, concernant la sûreté après la fermeture du site de stockage, l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) estime que le niveau est satisfaisant et conforme à ce stade du projet. L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a formulé plusieurs engagements en lien avec certains points de vigilance mis en exergue par l’Autorité. Ceux-ci seront réévalués ultérieurement à des jalons clés du projet.   

L’instruction technique de la demande d’autorisation de création (DAC) de Cigéo s’est déroulée en trois étapes. La première, qui concernait les données d’entrée pour la conception et l’évaluation de sûreté, s’est achevée en juin 2024. La seconde, au sujet de la sûreté en phase d’exploitation des installations de surface et souterraine, s’est terminée elle en février 2025. La troisième et dernière a été finalisée le 8 juillet 2025. Celle-ci portait sur « l’évaluation de la sûreté après fermeture ». Après plusieurs mois d’expertise de la Direction de la recherche et de l’expertise en environnement de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection et de l’avis du Groupe permanent d’experts pour les déchets (GPD), il a été conclu que « la démonstration de sûreté de Cigéo après fermeture est d’un niveau conforme à l’attendu au stade d’une demande d’autorisation de création d’un stockage, compte tenu des engagements pris par l’Andra et sous réserve de la prise en compte des observations qu’il [le GPD] a formulées à l’issue de son examen. » Mi-novembre, un avis final sera délivré par l’ASNR sur l’ensemble de l’instruction de Cigéo. Selon le planning de l’Andra, la mise en service de Cigéo est toujours prévue d’ici 2050.

L’étude de plusieurs scénarios

Dans sa démarche d’évaluation de la sûreté de Cigéo après sa fermeture, l’Andra a exploré plusieurs scénarios, en fonction des risques qui pourraient affecter le stockage géologique sur le long terme (séisme, etc.) ou encore des incertitudes induites par l’évolution de la performance des composants du site (dégradation prématurée des colis, scellements défaillants, etc.). En situation normale, l’ASNR souligne « une bonne capacité de confinement du système de stockage », mais appelle à poursuivre les études, en particulier sur les propriétés hydrauliques de la couche géologique encaissante du stockage (Callovo-Oxforien).

Les scénarios dits « altérés », par exemple avec un effondrement d’un alvéole durant la phase d’exploitation, n’amènent pas d’impacts sanitaires et environnementaux sensiblement différents qu’en situation normale. Un attention particulière doit être néanmoins fournie dans le cas d’une faille non détectée dans le quartier de stockage des déchets de moyenne activité à vie longue (MA-VL) ou une intrusion humaine involontaire. « Au vu de l’ensemble de ces éléments, le système de stockage, dans l’architecture retenue, est apparu robuste vis-à-vis des risques et incertitudes liées à son évolution. Les évaluations des impacts environnementaux, tant radiologiques que chimiques, ainsi que des impacts sanitaires chimiques, concluent à des niveaux très faibles. », explique l’Autorité.

Des besoins complémentaires

L’Andra entreprend de fournir prochainement des informations plus détaillées sur des points de réserve émis par l’Autorité et le groupe permanent d’experts. Dans un premier temps, l’Andra s’est engagée à intégrer et évaluer l’impact sur la sûreté à long terme d’un troisième scénario appelé « abandon du stockage » en cours d’exploitation et avant la fermeture du site. Celui-ci avait fait l’objet d’une demande sociétale.

Dans un deuxième temps, l’Agence devra poursuivre les études autour du risque de criticité (déclenchement non contrôlé de fissions au sein de matières fissiles) à long terme du stockage des combustibles usés. Ceci passera par la justification plus poussée du modèle d’enveloppe envisagée par l’agence pour gérer ce risque.

Dans un troisième temps, l’Andra devra également mieux argumenter certains choix d’optimisations de l’architecture du stockage, en particulier «  le positionnement du quartier de stockage MA-VL par rapport aux liaisons surface-fond (LSF), ainsi que le nombre et la localisation des scellements des galeries dans l’architecture retenue. », exprime le GPD.

Des rendez-vous jalonnés

L’ensemble des points soulignés par l’Autorité et le groupe permanent, y compris ceux des phases précédentes (connaissances approfondies de la roche hôte, intervention en cas d’incendie, déchets bitumés, etc.), feront l’objet d’examens ultérieurs lors de rendez-vous échelonnés sur le planning de Cigéo. En effet, durant la phase industrielle pilote, qui s’étalera sur une trentaine d’années, les compléments et consolidations attendues seront réévalués à plusieurs moments, notamment au début du creusement ou à la construction du premier alvéole par exemple. ■

Par François Terminet (Sfen)

Image : Laboratoire souterrain de Meuse/Haute-Marne – Galerie de conception rigide, Source : © E. Sutre / Andra