Déchets nucléaires : le coût de Cigéo désormais estimé entre 26 et 37 milliards d’euros, sur 150 ans

L’Andra a publié, le 12 mai 2025, le rapport portant sur la mise à jour de l’évaluation du chiffrage de Cigéo, le projet de stockage géologique profond pour les déchets radioactifs de haute activité (HA) et de moyenne activité à vie longue (MA-VL). Celui-ci est dorénavant estimé entre 26,1 et 37,5 milliards d’euros, étalé sur une durée de 150 ans. Par ailleurs, sous réserve de la délivrance du décret d’autorisation de création d’ici fin 2027, la réception des premiers colis de déchets dans le futur site de stockage est aujourd’hui envisagée pour 2050.
Cigéo (Centre industriel de stockage géologique) est un projet hors-norme qui s’inscrit dans la durée, dépassant largement le siècle, et qui va ainsi nécessiter des investissements conséquents tout du long, depuis les premières recherches menées sur la conception du centre de stockage, à la fermeture du site, en passant par son exploitation. Le 12 mai 2025, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a remis au ministre chargé de l’Énergie et de l’Industrie un dossier sur l’évaluation de son coût. Ce nouveau calcul correspond à une mise à jour du précédent, qui avait été réalisé en 2014. Couvrant la période de 150 ans, de 2016 à 2170 (date envisagée pour la fermeture du site), il s’élève désormais entre 26,1 et 37,5 milliards d’euros [1]. C’est ce montant, dont l’arrêté est prévu d’ici fin 2025, qui donnera le cap pour la poursuite du projet jusqu’à la prochaine évaluation. Le dossier stipule par ailleurs que la réception des premiers colis de déchets dans le futur site de stockage est aujourd’hui envisagée pour 2050, si le calendrier est maintenu.
Un coût segmenté en plusieurs volets
L’agence précise d’emblée qu’« au regard de la durée hors norme du projet et de l’absence d’exemple comparable, l’évaluation du chiffrage de Cigéo est un exercice complexe et inédit. » Pour autant, le chiffrage estimé se veut le plus proche possible de la réalité et inclut de fait trois dépenses distinctes : le coût de la construction initiale de Cigéo jusqu’à sa mise en service ; les coûts de son exploitation, des opérations de construction progressive, de maintenance et de jouvence sur une période d’environ un siècle, puis son démantèlement et sa fermeture sur environ 20 ans ; et les coûts de R&D. Il se base par ailleurs sur l’inventaire de référence des déchets produits par les installations nucléaires existantes, mais n’intègre pas ceux associés au futurs réacteurs du programme EPR2.
Le premier volet comprend les investissements liés à la conception initiale du projet, aux travaux préalables et à la construction et à la mise en service de la première tranche des colis de déchets de Cigéo. Ici l’Andra prévoit un coût de l’ordre de 7,9 à 9,6 milliards d’euros. Concernant le deuxième volet, celui-ci prend en compte le fonctionnement du centre de stockage et son maintien en conditions opérationnelles, l’extension de l’installation pour accueillir le reste des déchets et la fermeture du centre de stockage, puisqu’il doit être scellé à terme. Par an, cela représenterait un coût estimé entre 140 et 220 millions d’euros, soit entre 16,5 et 25,9 milliards d’euros au total. Enfin, le dernier volet lié à la R&D comporte l’exploitation et la fermeture du laboratoire souterrain (où sont faites les recherches sur Cigéo depuis des décennies) et ici le coût est estimé entre 1,7 et 2 milliards d’euros.
Un coût soumis à variation
Le coût global de Cigéo pourra sensiblement varier suivant trois critères déterminants. Le premier correspond au choix de la configuration qui sera retenue pour le site de stockage, de celle dite « DAC », correspondant à la version présentée dans le dossier support à la demande d’autorisation de création déposé pour instruction en janvier 2023, aux futures éventuelles configurations optimisées à l’étude. Suivant l’hypothèse retenue, cela pourrait entrainer une baisse de 3,6 milliards d’euros dans le meilleur des cas.
Le niveau de fiscalité est le second critère pouvant amener à une réévaluation du coût global de Cigéo. En effet, l’une des taxes à laquelle Cigéo est soumis n’est à l’heure actuelle pas arrêtée et pourrait entrainer un écart de 7,4 milliards d’euros entre l’hypothèse basse et l’hypothèse haute, basées sur les seuils minimum et maximum fixés par le code des impositions sur les biens et services (CIBS).
Enfin, le niveau de R&D pourrait lui varier de 0,3 milliard d’euros selon les modalités retenues, entre autres, pour la fermeture du laboratoire souterrain. ■