Débat public : quelles alternatives au programme EPR2 ? - Sfen

Débat public : quelles alternatives au programme EPR2 ?

Publié le 25 novembre 2022
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Valérie Faudon, Déléguée générale de la Sfen, est intervenue lors du débat public sur le futur programme nucléaire, le 22 novembre 2022. Le thème de cette réunion portait sur les alternatives à l’EPR 2. L’occasion pour la Sfen de présenter la complémentarité des différents projets nucléaires.

Depuis fin octobre, la Commission nationale du débat public (CNDP) organise des débats publics avec les citoyens sur le programme de construction de six EPR2 en France, dont la première paire se situerait sur la centrale de Penly (Manche). Lors de la séance du 22 novembre, Valérie Faudon, Déléguée générale de la Sfen, a été invitée à participer sur le thème des options nucléaires alternatives à l’EPR 2.

L’objet de la présentation était de mettre en avant la complémentarité des différentes options nucléaires. En propos introductif, elle explique qu’il y a quatre manières de faire du nucléaire et que chacune possède « différentes valeurs pour le mix énergétique ».

La prolongation du parc existant 

La première option est le « Grand carénage ». Il s’agit d’un programme en cours concernant les 56 réacteurs nucléaires en activité. L’idée est de permettre aux réacteurs d’atteindre un fonctionnement de 50 ans, voire plus, comme aux États-Unis ou l’Autorité de sûreté américaine a donné des autorisations de 80 ans de fonctionnement. Le patron de l’Agence internationale de l’énergie, Rafael Grossi, a d’ailleurs même évoqué des durées de l’ordre du siècle. Valérie Faudon nuance cependant en rappelant que « les autorités de sûreté française et américaine n’ont pas la même philosophie […] ni les mêmes exigences de sûreté ». Donc malgré cette option, il y a une nécessité de commencer à renouveler le parc nucléaire afin d’assurer notre avenir énergétique.

L’EPR 2 : un bon choix pour assurer le renouvellement du parc

Choisis par plusieurs pays (Chine, Corée du Sud, États-Unis, Russie ou France), les réacteurs de forte puissance permettent de garantir la sécurité d’approvisionnement (en produisant beaucoup d’électricité), avec une très faible emprise au sol. Selon la représentante Sfen, l’avantage de l’EPR 2 est notamment de bénéficier d’une forte maturité industrielle à travers la prise en compte des retours d’expérience des EPR en construction et en service (Chine, Finlande, France, Royaume-Uni). Si le programme EPR2 est lancé en France, les réacteurs de Penly seraient les 7e et 8e unités de type EPR.  Cette technologie « bénéficie d’une supply chain française à plus de 90 % ». De plus, l’EPR 2 s’inscrit dans un « système nucléaire » dont il utilise les structures de cycle existantes, renforçant ainsi notre souveraineté énergétique.

Une effervescence mondiale des SMR

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a identifié 70 projets de Small Modular Reactor (SMR). Leur intérêt est qu’ils sont flexibles, petits donc faciles à implanter et adaptés pour le multi-usage (chaleur, électricité, électrolyse, désalinisation…). La filière historique (EDF, CEA, Naval groupe, TechnicAtome) développe un modèle baptisé Nuward avec une « vocation export » afin de contribuer notamment au « remplacement des centrales à charbon dans le monde ». La maturité industrielle de ce type de réacteur « serait pour 2035, après une première tête de série », tempère-t-elle.

Les réacteurs modulaires avancés, une nouvelle génération

Les Advanced Modular Reactor (AMR) sont des réacteurs de 4e génération de petite taille qui bénéficient d’un engouement mondial. Valérie Faudon rappelle qu’un appel à projets organisé dans le cadre de France 2030 a déjà reçu une réponse de sept entreprises et en attend une dizaine. Ces réacteurs portent des ruptures technologiques importantes. À titre d’exemple, certains réacteurs pourraient contribuer au multirecyclage des matières, à la production de chaleur à très haute température ou encore à la diminution des déchets. Mais il reste de nombreux défis techniques à relever, dont le déploiement de nouveaux cycles du combustible avec l’installation de nouvelles usines. « Ce n’est donc pas pour tout de suite », conclut-elle. ■

Par Thomas Jaquemet (Sfen)

Photo : Valérie Faudon (à droite) , lors du débat public EPR2 du 22 novembre 2022.

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