Datacenters : Meta (Facebook) mise sur le nucléaire pour sécuriser son alimentation en électricité - Sfen

Datacenters : Meta (Facebook) mise sur le nucléaire pour sécuriser son alimentation en électricité

Publié le 13 décembre 2024

Face à l’essor exponentiel des besoins énergétiques de ses centres de données, notamment pour soutenir ses développements en intelligence artificielle, Meta, propriétaire de Facebook, Instagram et WhatsApp, a lancé un appel à propositions pour développer jusqu’à 4 GW de capacité nucléaire aux États-Unis pour un déploiement dès le début des années 2030.

Meta, le propriétaire entre autres de Facebook, Instagram ou encore Whatsapp, lance un appel aux États-Unis. Le géant du numérique recherche des développeurs capables de concevoir, financer, construire et exploiter de nouvelles installations nucléaires, en visant une puissance de 1 à 4 GW déployés dès le début de la prochaine décennie. L’entreprise reste ouverte à divers types de technologies, incluant les petits réacteurs modulaires (SMR) et les réacteurs conventionnels de grande puissance. L’objectif est double : garantir une alimentation électrique stable et contribuer à la décarbonation de l’industrie énergétique.

Selon Meta, le nucléaire représente une solution stratégique en raison de sa capacité à fournir une énergie décarbonée et disponible 24/7, un critère indispensable pour des infrastructures critiques comme les centres de données. « Le nucléaire est plus intensif en capital et nécessite des délais de développement plus longs, mais il offre aussi une durée de vie opérationnelle plus étendue », souligne l’entreprise dans un billet de blog détaillant sa démarche.

Une course au nucléaire

Meta n’est pas le seul acteur technologique à se tourner vers l’énergie nucléaire. Microsoft a signé un accord historique avec Constellation Energy pour remettre en service l’unité n°1 de la centrale de Three Mile Island, fermée en 2019. Cet engagement sur 20 ans, représentant 1,5 milliard de dollars, illustre l’intérêt stratégique pour une énergie fiable et décarbonée.

Amazon, quant à lui, a multiplié les partenariats nucléaires, notamment avec Dominion Energy et la startup X-Energy, spécialisée dans les petits réacteurs modulaires. Google, de son côté, collabore avec Kairos Power pour le développement de ses propres installations nucléaires.

Ces initiatives marquent une tendance profonde dans le secteur technologique : sécuriser des sources d’énergie bas carbone tout en garantissant une continuité de service. Dans un contexte de pression accrue pour la décarbonation et d’augmentation constante de la demande énergétique liée à l’IA et aux services cloud, le nucléaire semble avoir trouvé sa place au cœur des stratégies énergétiques des géants de la Tech.

Cependant, cette ruée vers le nucléaire pourrait provoquer des conflits d’usage. Début novembre, la Commission Fédérale de Régulation de l’Énergie (FERC) a annulé un accord d’achat entre Amazon et l’opérateur Talen Energy. Cet accord portait sur un ensemble de centres de données adossé à une centrale nucléaire dans le Midwest. La FERC, saisie par des distributeurs locaux d’électricité, a invoqué les risques pour la stabilité du réseau et le coût pour les autres utilisateurs, estimant que cette opération risquait de verrouiller une partie significative de la capacité d’un réacteur. ■

Par Ludovic Dupin (Sfen)
Image : Meta – @ Lebid Volodymyr/Shutterstock