Cycle du combustible : le Royaume-Uni prépare le futur - Sfen

Cycle du combustible : le Royaume-Uni prépare le futur

Publié le 5 janvier 2023
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Le 2 janvier 2023, le gouvernement britannique a annoncé l’ouverture de l’appel à projets du Fond pour le combustible [1] nucléaire (Nuclear Fuel Fund). Il vise plusieurs objectifs, dont celui d’être à la hauteur des ambitions britanniques à savoir déployer jusqu’à 24 GW de nouveau nucléaire d’ici à 2050.

Le Royaume-Uni est lancé dans une transition technologique. Le parc nucléaire historique, composé de réacteurs modérés au graphite avec un caloporteur gaz (AGR), se réduit année après année. Les caractéristiques de ces derniers ne leur permettent pas d’être exploités aussi longtemps que les réacteurs à eau légère qui par ailleurs constituent aujourd’hui la majorité des réacteurs dans le monde. Au 1er janvier 2023, le pays compte neuf réacteurs, dont une seule unité à eau pressurisée (Sizewell B) connectée au réseau en 1995. L’objectif pour le gouvernement est que le nucléaire puisse satisfaire en 2050 autour de 25 % de la demande d’électricité.

Pour ce faire, la Stratégie de sécurité énergétique britannique (British Energy Security Strategy (BESS)) prévoit de déployer jusqu’à 24 GW de nucléaire d’ici là. « Comme la part d’électricité provenant de l’énergie nucléaire sera en hausse, la sécurisation de l’approvisionnement en combustible de notre parc nucléaire va devenir encore plus pertinente », explique le ministère du Commerce, de l’Énergie et de la Stratégie industrielle (BEIS). D’ores et déjà, le pays a lancé la construction de deux EPR à Hinkley Point C (3,2 GW) et soutient le projet de Sizewell C pour deux EPR supplémentaires. Dans un second temps, l’ambition pourrait également consister à construire des petits réacteurs modulaires à eau légère (SMR) ou de quatrième génération (AMR).

Renouveler les installations du cycle du combustible

« Bien que parc nucléaire national est presque seulement composé d’une unique technologie […], le parc futur sera quant à lui probablement composé de différentes technologies comme les petits réacteurs modulaires (SMR) ou les réacteurs avancés (AMR), dont beaucoup nécessitent de nouveaux types de combustible », prévient le ministère. D’où la nécessité d’assurer le futur de l’amont du cycle. Le Nuclear Fuel Fund (75 millions de livres sterling) va venir soutenir des projets « développant la chaine d’approvisionnement dans les secteurs de l’uranium et du combustible (extraction et broyage exclus) ».

Afin d’identifier les barrières à l’investissement dans le secteur du combustible nucléaire au Royaume-Uni, les autorités ont consulté les parties prenantes en juillet 2022. Les coûts initiaux élevés, l’incertitude sur le déploiement de réacteurs en particulier les AMR, les coûts et délais pour obtenir les autorisations pour construire un nouveau site et enfin le manque de personnel qualifié ont été soulignés. Le Nuclear Fuel Fund (NNF) doit aider les acteurs à franchir ces barrières. L’installation de Springfields de Westinghouse dans le Lancashire va d’ores et déjà bénéficier via le NNF de 13 millions de livres, un financement « qui va aider l’entreprise à développer ses capacités de conversion de l’uranium naturel et de retraitement ». La consultation a également permis d’identifier des catégories à soutenir en priorité : (1) la fabrication de combustible pour les réacteurs à eau légère ; (2) le développement d’une filière de production d’uranium moyennement enrichi (HALEU), c’est-à-dire entre 5 % et 20 % ; (3) la fabrication d’assemblages de combustible pour les AMR ; (4) l’augmentation de la capacité de production de combustible nucléaire au Royaume-Uni (compétences, expertise, infrastructure).

Renforcer l’indépendance énergétique du pays

Le Gouvernement insiste sur le caractère stratégique d’investir dans les installations et les compétences liées au cycle nucléaire. « Ce plan d’investissement renforcera la sécurité énergétique du Royaume-Uni, en garantissant l’accès à un approvisionnement sûr et sécurisé en combustible pour alimenter le parc nucléaire britannique d’aujourd’hui et de demain – en écartant l’influence russe [2] et en créant davantage d’emplois et d’opportunités à l’export », a notamment déclaré le ministre d’État à l’Énergie et au Climat, Graham Stuart. ■

[1] Le terme de combustible nucléaire est usité mais abusif car il n’y a pas de combustion dans la réaction nucléaire.

[2] La Russie détient notamment le monopole de la production de combustible HALEU.

Gaïc Le Gros (Sfen)

Crédit photo ©Shutterstock

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