Le cycle du combustible en Chine
Un projet de coopération sino-français dans le domaine du recyclage nucléaire sera mis en chantier dans 5 ans, prévoyant un coût de construction d’une centaine de milliards de yuans et avec 6 provinces en concurrence pour l’emplacement du site.
La CNNC a récemment annoncé qu’un projet de coopération sino-français dans le domaine du recyclage nucléaire serait mis en chantier en 2020 et mis en service en 2030. Selon les informations fournies, cette installation de recyclage aura comme référence l’usine française de la Hague. La CNNC en assurera la construction et confiera la responsabilité technique à AREVA. La future installation, d’une superficie de 3 km2, sera financée par un fonds spécifique de l’Etat dont le montant total est estimé à une centaine de milliards de yuans.
Il est important de souligner que ce sera le plus important projet de coopération entre la Chine et la France jamais réalisé tant dans le domaine économique et commercial que dans le domaine de l’énergie nucléaire. Sur ce dossier, les gouvernements chinois et français ont mené de longues négociations pendant 8 ans et ont abouti à la signature de quatre documents. Un calendrier établi par la CNNC précise des dates cibles, marquant une nouvelle étape du projet.
Une capacité de retraitement de 800 tonnes par an
Gérée par AREVA, l’usine de retraitement de la Hague est en service depuis 45 ans, et aucun accident ou impact radioactif sur la population ou l’environnement n’ont eu lieu pendant cette période. Aujourd’hui, la France dispose d’une capacité industrielle nécessaire au traitement annuel des combustibles usés provenant de 80 réacteurs nucléaires français, européens et japonais, soit 1700 tonnes, et est ainsi le premier opérateur mondial dans le domaine du traitement du combustible usé.
Grâce à la coopération avec AREVA, la première usine chinoise de retraitement aura accès à la technologie française. Cette nouvelle usine chinoise aura trois principales missions :
- Retraiter 800 tonnes de combustibles usés chaque année provenant du parc nucléaire chinois afin d’assurer un développement durable de l’énergie nucléaire grâce au recyclage ;
- Mettre en place un centre d’entreposage, avec une capacité de 3000 tonnes pour la première phase ;
- Vitrifier des déchets de haute activité en vue d’une gestion intrinsèque et pour une longue durée.
Dans le cadre du redémarrage du programme nucléaire chinois, la sécurité des approvisionnements en uranium et la gestion des combustibles usés constituent deux enjeux majeurs face au développement de l’énergie nucléaire. Selon une estimation de la CNNC, 23 500 tonnes de combustibles usés auront été déchargés en 2030, dont 15 000 tonnes nécessiteraient un entreposage.
La CNNC a fait savoir que la Chine serait dotée, après la mise en service de cette installation, d’une grande capacité industrielle de recyclage, permettant d’atténuer la pression sur le problème d’entreposage des combustibles irradiés cumulés en 2030 et d’améliorer leur gestion. Cette installation sera compatible avec le programme chinois de développement de la filière à neutrons rapides car elle assurera la fourniture du combustible aux RNR industriels chinois dans un esprit de développement durable de l’énergie nucléaire.
Trois ans sont nécessaires pour déterminer le choix du site
Lors d’un récent séminaire de promotion, la CNNC a précisé le calendrier du projet, sans indiquer son site d’implantation. Cependant, on a constaté la présence au séminaire des représentants des autorités provinciales et municipales de 6 provinces possédant des sites envisagés pour accueillir l’usine (Shandong, Jiangsu, Zhejiang, Fujian, Guangdong et Gansu). En effet, M. YANG Changli, Directeur général adjoint de la CNNC a fait des visites d’étude sur les sites potentiels dans ces provinces depuis mai dernier. Dans son discours prononcé lors du séminaire de promotion, M. YANG a fait savoir que l’installation de recyclage présentait des caractéristiques techniques élevées demandant des moyens financiers importants, et jouerait un rôle important pour la création d’emploi, l’amélioration des conditions de vie des habitants, la croissance économique et la refonte industrielle. « C’est un projet très attractif vue l’importance des investissements, a déclaré un analyste financier, car il promouvra considérablement la croissance économique locale et aidera à atténuer la surcapacité de production dans certains secteurs ».
Le choix du site doit prendre en compte de nombreux paramètres et trois ans serait nécessaires pour déterminer son emplacement. Les évaluations d’experts seront soumises aux administrations chargées des séismes, des crues et de la sûreté. Ce sera la NEA via la NDRC qui soumettra un rapport au Conseil des Affaires d’Etat pour approbation.
« Le choix du site fait partie de la décision chinoise », a expliqué M. Rémy Autebert, Président d’AREVA Chine. « La communication avec le public et la diffusion des connaissances sur l’atome sont très importantes pour le gouvernement local avant de lancer un projet nucléaire, notamment après l’accident de Fukushima et suite à l’avortement d’un projet de parc de combustibles nucléaires envisagé par la CNNC à Jiangmen dans le Guangdong », a insisté un expert du nucléaire chinois.
Selon la CNNC, la sûreté de l’installation de recyclage sera garantie par une série de mesures strictes (contrôle vigoureux par l’Etat, surveillance par le public, bonnes conditions de l’emplacement du site, défense en profondeur…) pour prévenir des accidents pouvant provoquer des dégâts matériels importants à l’intérieur du site.
Traduction de l’article publié le 28 septembre sur www.china-nea.cn
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