Coalition du gouvernement allemand : la question du nucléaire divise - Sfen

Coalition du gouvernement allemand : la question du nucléaire divise

Publié le 1 avril 2025

En Allemagne, le nucléaire apparait comme une ligne de fracture dans l’accord préliminaire de coalition en négociation. Les conservateurs (CDU/CSU) tentent de traduire les promesses de campagne du futur chancelier Friedrich Merz, tandis que les socialistes (SPD) campent sur une opposition de principe.

Les conclusions provisoires du groupe de travail consacré à l’énergie et au climat ont fuité dans la presse outre-Rhin, révélant une divergence de point de vue assez nette sur la question du nucléaire. La CDU/CSU en fait un marqueur de sa vision pour la transition énergétique du pays et tente de préserver la perspective d’un redémarrage des réacteurs existants. En face, le SPD semble privilégier l’option de n’en faire aucune mention.

La CDU/CSU en soutien au nucléaire

Dans un document de 11 pages présentant les grandes orientations du futur gouvernement en matière d’énergie et de climat, la CDU/CSU défend un paragraphe consacré au nucléaire « au regard du rôle important [qu’il peut jouer] pour les objectifs climatiques et la sécurisation de l’approvisionnement ». Il s’en suit une déclaration de principe de soutien à la recherche européenne, en particulier avec les SMR et la fusion.

La majeure partie du paragraphe est toutefois consacrée à l’épineuse question du sort des réacteurs arrêtés. Après avoir tergiversé pendant la campagne, la CDU/CSU souhaiterait maintenant « le plus rapidement possible » faire établir un diagnostic technique et financier sur l’opportunité de redémarrer les derniers réacteurs arrêtés par les autorités de régulation. En attendant leurs conclusions, les travaux de démantèlement seraient stoppés, en concertation avec les opérateurs.

Des perspectives en pointillé

Sans surprise, il apparait que le SPD a rejeté en bloc les propositions de la CDU/CSU. Une position sans aménagement en cohérence avec son manifeste électoral, qui affirmait en toute franchise que « le nucléaire a été abandonné en Allemagne, et cela est une bonne chose« . Signe que la sensibilité du sujet est comprise par les deux partis, on ne trouve aucune mention de l’atome dans les discussions autour du fonds spécial pour le climat et la transformation, dont la dotation envisagée de 100 milliards d’euros sera la pierre angulaire de la stratégie énergétique de l’Allemagne pour les prochaines années.

Face à un SPD inflexible et des opérateurs peu emballés par un potentiel redémarrage des réacteurs existants, la CDU/CSU dispose d’une marge de manœuvre assez faible pour dessiner des perspectives intéressantes pour le nucléaire dans l’accord de gouvernement. En revanche, le développement de nouvelles centrales au gaz fait consensus : un paragraphe conjoint prévoit la construction d’une capacité de 20GW d’ici à 2030. ■

Par Paul Kielwasser (Sfen)

Image : Friedrich Merz à Darmstadt en Allemagne le 20 février 2025,  Source : Ryan Nash Photography / Shutterstock