« La centrale, c’est comme une famille » (Fessenheim) - Sfen

« La centrale, c’est comme une famille » (Fessenheim)

Publié le 10 avril 2018 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Situées dans des territoires ruraux, les centrales nucléaires en sont généralement les principaux employeurs. Comme toute activité industrielle, une centrale nucléaire favorise le développement économique d’un territoire faisant émerger un tissu de PME (emplois « indirects ») et générant une activité dans d’autres secteurs (emplois « induits ») : restauration, hébergement, commerces, santé, administration, loisirs, etc. Selon l’INSEE, la centrale de Fessenheim fait ainsi vivre plus de 5 000 personnes entre Mulhouse et Colmar. Portraits de ces hommes et de ces femmes.

Pour Denis Haegy, menuisier, la centrale nucléaire de Fessenheim aura accompagné l’ensemble d’une vie professionnelle démarrée tôt. À 15 ans, en 1978, et alors que la centrale ne fonctionne que depuis un an, il commence à travailler dans l’atelier de menuiserie de son père. C’est en 1990 que Denis travaille pour la première fois à la centrale. « J’ai commencé par des petits boulots ». Petit à petit, son activité grandit. Une époque désormais derrière lui. Il y a trois ans ses deux ouvriers sont partis à la retraite. « Voyant que la centrale allait fermer, je ne les ai pas remplacés ». Dans ce contexte il n’a repris qu’un intérimaire. « Quel gâchis, lâche-t-il amèrement, tout a été refait à neuf, toutes les normes de sécurité ont été prises en compte. Je ne comprends pas pourquoi on ferme une usine comme ça. »

L’homme, qui fait les petits travaux journaliers de la centrale : menuiserie, petite serrurerie, faux plafonds, etc. se dit « toujours présent pour une intervention ». Si cette activité ne l’occupe qu’à mi-temps, le reste étant consacré à diverses activités externes, Denis n’en est pas moins inquiet. « J’ai encore sept ans à faire avant de pouvoir prendre ma retraite, ça va être dur. Retrouver autre chose ne va pas se faire du jour au lendemain, surtout à mon âge et quand on a l’habitude d’une usine. La centrale c’est comme une famille, j’y fais mon travail depuis 25 ans, je connais tout le monde, toutes les serrures, toutes les poignées, je m’y sens bien. » Denis Haegy loue cependant le travail de la direction du site, qui lui « donne de l’espoir en accompagnant la fermeture pour les sous-traitants. » Pour lui, une seule chose est certaine, il ne quittera pas la région de Fessenheim : « L’atelier qu’a construit mon père est ici, ma famille y vit. Si la centrale ferme, je n’ai pas l’intention de m’arrêter. »

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Par la rédaction