Centrale de Zaporijia : Rosatom envisage un redémarrage partiel d’ici 2027

La centrale nucléaire de Zaporijjia est sous contrôle militaire russe. Son directeur espère obtenir toutes les licences d’exploitation russes nécessaires au redémarrage d’ici la fin 2027. L’opérateur ukrainien Energoatom dénonce un risque de sûreté.
Cité par le site d’information de Rosatom Strana Rosatom, le directeur actuel de la centrale de Zaporijjia (ZNPP), Yuriy Chernichuk a évoqué le possible redémarrage de la centrale. L’ensemble des six unités sont en arrêt à froid depuis au minimum septembre 2022 (la centrale étant occupée depuis mars 2022). Elle a été touchée par plusieurs tirs (sans causer de dégâts importants), a été déconnectée à plusieurs reprises du réseau électrique et, surtout, a perdu une partie de sa source froide avec la destruction du barrage de Kakhovka.
« Nos unités sont à l’arrêt depuis longtemps. Avant tout redémarrage, il nous faudra entreprendre un vaste ensemble de travaux : inspections du matériel, réparations, vérifications de l’opérabilité, et confirmation de la capacité de chaque unité à fonctionner », explique Yuriy Chernichuk. Il a précisé que le régulateur nucléaire russe avait temporairement reconnu la licence ukrainienne de supervision nucléaire, mais que toutes les opérations de la ZNPP devront être conformes à la réglementation et aux lois russes d’ici 2028.
Il ajoute : « Nous envisageons comme option la plus réaliste de redémarrer en priorité les unités 2 et 6, dont les cœurs actifs contiennent du combustible fabriqué en Russie. Toutes ces unités ont été arrêtées en septembre 2022, et depuis, aucune n’a fonctionné en mode de production. » Un point essentiel à traiter est l’approvisionnement en eau. Plusieurs options sont à l’étude, dont l’utilisation du fleuve Dniepr comme source, mais « cela prendra bien sûr du temps à mettre en œuvre. Je dirais prudemment que cela ne se fera ni en un jour ni en un mois. Et je dois préciser d’emblée que le point de départ de toutes les mesures que nous discutons sera la fin des hostilités et l’assurance d’un minimum de paix et de calme sur le site de la centrale de Zaporijjia et dans sa zone avoisinante », précise-t-il.
Il a également évoqué la nécessité de restaurer les lignes électriques et de déterminer vers qui sera orientée la production. Selon Yuriy Chernichuk, cela pourrait permettre de rediriger la capacité de la centrale de Rostov vers le Caucase du Nord, une région déficitaire en énergie : « 6000 MW, c’est une capacité considérable, même pour un pays de la taille du nôtre ».
La licence de la première unité de la centrale de Zaporijia expire fin 2025, et une nouvelle autorisation sera donc nécessaire de la part du régulateur russe Rostekhnadzor, même si l’unité est en arrêt à froid. Il a également mentionné d’autres problèmes, comme l’absence de voie ferrée permettant d’acheminer le combustible nucléaire jusqu’à la centrale.
L’Ukraine rejette toute planification de redémarrage
Energoatom, l’opérateur des centrales nucléaires ukrainiennes, est évidemment opposé à cette prise de contrôle de la centrale par les autorités russes et à son redémarrage. Il affirme depuis le début du conflit que la seule manière de garantir la sûreté du site est la fin de l’occupation russe et le retour de la centrale sous le contrôle de l’exploitant légal ukrainien.
L’entreprise a ajouté : « L’état technique de la centrale, ainsi que les conditions actuelles – telles que la communication limitée avec le réseau électrique, l’usure du combustible et des équipements, la présence de personnel non qualifié et non autorisé, l’absence de source froide ultime, etc. – offrent des bases solides pour affirmer qu’un redémarrage dans l’état actuel est techniquement impossible. » Depuis septembre 2022, des experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sont présents en permanence à la centrale, afin de réduire les risques liés à la sûreté et à la sécurité nucléaires. ■