Canicule : des dérogations pour assurer la sécurité du réseau électrique
Afin de sécuriser le réseau électrique, RTE a demandé, via EDF, à ce que quatre réacteurs soient autorisés à continuer à fonctionner malgré la température élevée des cours d’eau pendant la canicule. L’ASN a répondu favorablement à cette demande jugeant qu’il n’y aura vraisemblablement pas d’impact sur les écosystèmes.
La période de forte chaleur qui touche la France a des impacts majeurs sur les écosystèmes. Les cours d’eau, notamment, subissent ces vagues de chaleur dont la fréquence s’accroit sur le territoire. Aussi, afin de limiter le réchauffement de ces cours d’eau certains des 38 réacteurs nucléaires situés en bord de rivières auraient pu être mis en puissance réduite ou arrêtés. En effet, depuis 2006, les centrales doivent respecter des limites réglementaires de température de rejet de l’eau à ne pas dépasser. Avec le changement climatique, ces limites sont parfois atteintes.
« Les conditions climatiques et hydrauliques exceptionnelles rencontrées cet été conduisent à une élévation inhabituelle de la température de certains cours d’eau. Le respect des valeurs limites sur la température des rejets liquides pourrait impliquer la réduction de la puissance ou l’arrêt de la production électrique de plusieurs réacteurs », écrit l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dans un communiqué.
Dérogation temporaire
Aussi dans le contexte de la canicule qui devrait toucher la France jusqu’au 24 juillet, les centrales de Golfech, du Blayais, de Saint-Alban et du Bugey ont obtenu une dérogation temporaire. Elles pourront dépasser les températures normalement autorisées pour les rejets. Habituellement, « l’eau rejetée par la centrale nucléaire conduit à une élévation de la température du cours d’eau entre l’amont et l’aval du rejet. Cette élévation peut aller, suivant les réacteurs, de quelques dixièmes de degrés à plusieurs degrés », rappelle l’ASN. Par exemple, dans le cas de la centrale du Bugey, les rejets pourront être plus élevés sans toutefois dépasser 3°C en moyenne journalière, indique le décret publié dans le journal officiel du 18 juillet.
Ces dispositifs exceptionnels ont été demandés par le gestionnaire du réseau électrique, RTE. En effet, selon une communication de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), on peut lire : « ces demandes de dérogation ont été déposées par le producteur d’électricité sur requête de RTE, gestionnaire du réseau à haute tension, afin de garantir le fonctionnement des infrastructures, et ce alors que 29 réacteurs français sur 56 sont actuellement indisponibles pour diverses raisons ». Il s’agit en effet d’assurer l’équilibre offre/demande afin de maintenir la fréquence du réseau électrique dans le pays.
Un bilan de cet épisode estival
L’instruction de l’ASN a porté en priorité sur l’impact qu’auraient ces dérogations sur les écosystèmes. Les experts estiment que « les propositions d’EDF sont acceptables au regard du retour d’expérience de la surveillance de l’environnement spécifiquement réalisée lors d’épisodes caniculaires antérieurs ainsi que du suivi long terme sur les écosystèmes concernés ».
Cependant, la décision de l’ASN et le décret officiel prévoient de réaliser un bilan de cette dérogation. Le JO indique qu’EDF devra fournir au plus tard le 31 octobre 2022 « un bilan du fonctionnement de la centrale nucléaire du Bugey pendant la période estivale 2022 et son évaluation préliminaire de l’éventuel impact du fonctionnement sur l’environnement aquatique, associé le cas échéant de mesures compensatoires si des impacts sur les milieux dégradés ou les espèces impactées sont relevés ». ■