Bilan de la performance du parc nucléaire mondial en 2015 - Sfen

Bilan de la performance du parc nucléaire mondial en 2015

Publié le 29 juin 2016 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Les réacteurs mis en exploitation il y a plusieurs décennies ne sont pas moins performants que ceux récemment mis en service, révèle la World Nuclear Association (WNA) dans son rapport World Nuclear Performance Report. Dans ce bilan 2015 (mis à jour en mai dernier), l’association mondiale des industriels du nucléaire renouvelle sa confiance dans la capacité de l’industrie à mener à leur terme et dans les temps impartis la construction de nouvelles unités et contribuer ainsi à réduire les émissions de CO2.

La date de mise en service d’un réacteur n’impacte pas sa performance

Contrairement à une idée reçue, la performance des réacteurs nucléaires ne diminue pas au fil du temps. C’est même l’inverse. Selon WNA, la performance des réacteurs en exploitation depuis trois, voire quatre décennies, augmente : « Il n’y a pas de lien entre l’âge d’un réacteur et sa performance. En moyenne, ceux qui ont été raccordés au réseau il y a plusieurs décennies fonctionnent aussi bien que ceux mis en service récemment, et qui nécessitent généralement un temps de rôdage ».

La performance d’un réacteur s’évalue au regard de sa disponibilité, c’est-à-dire sa capacité à fournir de l’électricité. Selon les indicateurs de l’association des industriels du nucléaire, cette disponibilité n’a cessé de progresser ces dernières années : « Au début de leur exploitation, le coefficient de disponibilité des centrales était de 80 %. Aujourd’hui, les réacteurs les plus performants dans le monde dépassent régulièrement les 90 %. » Pour l’ensemble du parc en exploitation, la disponibilité s’établit à 81,7 %.

L’amélioration de la performance des réacteurs s’observe sur l’ensemble des réacteurs, quel que soit leur modèle précise WNA.

Ces bons résultats s’expliquent en grande partie par les opérations de maintenance et de modernisation menées sur les réacteurs. Ils confortent l’idée selon laquelle la majorité des réacteurs peuvent être exploités au-delà 40 ans, voire jusqu’à 80 ans comme c’est envisagé aux Etats-Unis.

La construction de nouveaux réacteurs n’a jamais été aussi importante depuis 25 ans

Le nombre de réacteurs en construction dans le monde est en pleine croissance : « La plus importante de ces 25 dernières années » estime WNA. Actuellement, 10 nouvelles unités nucléaires sont en construction, elles viendront s’additionner aux 439 raccordées au réseau.

A long terme, cette tendance semble se confirmer avec le développement du nucléaire, notamment pour réduire les émissions de CO2 et donc lutter contre le réchauffement climatique. Sur la base de l’accord de Paris signé en décembre 2015 à l’issue de la COP21 et dont l’objectif est de contenir le réchauffement à 2°C, WNA estime que le nucléaire devra produire 25 % de l’électricité mondiale (contre 10 % aujourd’hui), nécessitant la construction de 1 000 GWe de capacité nucléaire pour le renouvellement du parc et donc la construction de nouveaux réacteurs.

Pour y parvenir, WNA propose de développer le nucléaire par paliers : construction de 10 GWe par an entre 2015 et 2020, puis de 25 GWe par an jusqu’en 2025 et de 33 GWe annuels à l’horizon 2050.

« En 2015, en raccordant au réseau 9, 875 GWe de capacité électrique supplémentaire, l’industrie a montré qu’elle pouvait le faire » indique WNA. L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) s’est d’ailleurs appuyée sur ces bons résultats pour déclarer que l’objectif des 2°C était devenu « plus réalisable ».

L’industrie nucléaire sait construire

Dans son rapport, WNA explique que seuls 10 % des chantiers de nouveaux réacteurs sont confrontés à des retards. Et que la majorité des projets de constructions neuves respecte les délais, comme c’est le cas pour la centrale de Barakah aux Émirats Arabes Unis, qui est même « en avance sur son calendrier ».

Pour les réacteurs de troisième génération, l’association rappelle que les délais de construction des têtes de série, qui sont de fait des prototypes, ne seront pas ceux des futures installations : « En Chine, les chantiers des réacteurs EPR devraient être de 80 mois environ. Pour Hinkley Point C, EDF Energy table sur 60 mois[1] ». Car ces réacteurs bénéficieront du retour d’expérience de leurs aînés… Des progrès similaires sont attendus pour le réacteur américain, AP 1 000.

Ces bons résultats du parc nucléaire mondial confirment que l’énergie nucléaire est une des rares technologies bas carbone disponibles aujourd’hui. Et surtout, à échelle industrielle, capable de répondre à la demande.


EDF Energy, Draft Overview of HPC Construction (2011)

Par Boris Le Ngoc, Société Française d’Energie Nucléaire (SFEN)