Les Belges pourraient mettre les gaz en défaveur du climat

En Belgique, le 4 avril 2019, une proposition de loi mettant en place un cadre pour un système de soutien aux centrales au gaz a été examinée en séance plénière à la Chambre du Parlement fédéral. Le texte, attendu initialement pour l’été 2018, prévoit aujourd’hui la fermeture de ses sept réacteurs nucléaires, en disposant de suffisamment de capacités pour assurer la sécurité d’approvisionnement du pays. Une proposition défendue par les deux partis écologistes Groen et Ecolo qui prônent clairement l’appel aux énergies fossiles.
Les énergies, une vraie question en Belgique
Dès 2003, la Belgique avait envisagé d’abandonner le nucléaire. En 2019, les sept réacteurs belges répartis dans deux centrales, Doel (4 réacteurs dans le nord) et Tihange (3 réacteurs dans le sud) fournissent toujours en moyenne plus de 50 % de l’électricité -bas carbone, produite dans le pays. C’est le 30 mars 2018 que le gouvernement belge a officiellement présenté un plan de sortie du nucléaire. Dénommé Pacte énergétique interfédéral, et porté par la ministre de l’Energie, Marie-Christine Marghem, il constitue désormais la feuille de route pour piloter l’arrêt de la production nucléaire d’ici à 2025. Pour parvenir à cet objectif, « nous devons définir ces prochaines années une politique qui vise à une utilisation plus efficace de l’énergie et au développement de la production d’énergies renouvelables », a alors insisté la ministre. Une tâche ardue, sachant que les renouvelables ont à peine fourni plus de 10 % de l’électricité produite en Belgique en 2017. Mais la ministre d’ajouter, « nous devons garantir l’approvisionnement en énergie, maintenir la facture énergétique à un prix abordable pour les ménages et veiller à ce que la compétitivité des entreprises ne soit pas compromise ». Pour ce faire, le gouvernement a fait appel à un « comité de pilotage », regroupant des administrations régionales, fédérales, mais aussi des industriels.
Le choix se porte sur un renforcement des énergies fossiles, le gaz
Ces dernières 24 heures, le vote n’était pas encore connu, mais une majorité alternative est attendue en faveur du recours au gaz. La ministre de l’Energie compte sur le ralliement du Centre démocrate humaniste (cdH), du parti socialiste (PS) et des partis écologiques Groen et Ecolo. Un des représentants de Groen, Kristof Calvo, a déclaré, avec peu d’enthousiasme… en tant qu’écologiste, que « ne pas voter ce texte serait un cadeau à ceux qui plaident pour le prolongement du nucléaire ». Un avis partagé avec le parti du cdH qui a émis certaines réserves. Quant au PS, il pense qu’il faut rompre avec le nucléaire mais qu’il ne doit pas « s’agir d’un soutien aveugle ».
Selon les estimations du gestionnaire du réseau de transport d’électricité belge, Elia, le pays aura besoin de 3 600 MW de nouvelles centrales au gaz en 2025 pour faire face à la sortie complète du nucléaire. Pour gérer au mieux le porte-monnaie des citoyens dans cette transition bas carbone en faveur du gaz !, le système de rémunération des capacités prévoit d’être organisé via des enchères ouvertes à toutes les technologies, ainsi qu’à des capacités étrangères. Un sujet délicat quand on sait que l’énergie nucléaire reste très compétitive et que les entreprises en Belgique paient déjà leur courant en 2019, entre 15 % et 34 % de plus que la moyenne des pays voisins (Pays-Bas, France), comme l’a souligné un consultant de Deloitte en Belgique.
Le mécanisme de rémunération de capacité
La proposition de loi cadre sur le mécanisme de rémunération de capacité est soutenue par la Chambre du Parlement fédéral. Le texte vise donc à soutenir les centrales au gaz. Le mécanisme de rémunération de capacité prévoit de rémunérer un producteur pour la mise à disposition d’une capacité et celui-ci s’engage à rembourser la différence éventuelle entre le prix de l’option et le prix du marché quand cette capacité sera utilisée. II s’appuie sur un système d’enchères quatre ans avant la fourniture d’électricité et un an pour être en mesure d’adapter le volume demandé. La première enchère est prévue en 2021.
Greenpeace pris la main dans le sac en prônant les énergies fossiles
Les partis verts belges Groen et Ecolo, comme Greenpeace Belgique, se sont exprimés clairement sur le fait de remplacer le nucléaire, énergie bas carbone (12g de CO2/kwh), par des énergies fossiles, en Belgique, le gaz qui émet près de 500g de CO2/kwh. Greenpeace dit avoir approuvé « le projet de mécanisme de rémunération de capacité [qui] est un mal nécessaire », dans un communiqué de presse de Belga News Agency, le 5 avril dernier.
Autrement dit, c’est la première fois qu’une association mondiale à vocation environnementale prône officiellement le recours aux énergies fossiles.