BEI et nucléaire : 400M€ pour l’extension de l’usine Tricastin d’Orano

La Banque Européenne d’Investissement (BEI) accorde à Orano un prêt de 400M€ pour l’extension de son usine d’enrichissement du Tricastin. Cette décision signe le retour de la banque publique européenne dans le financement d’activités en lien avec le secteur du nucléaire en France, pour un projet fortement marqué par les questions de sécurité énergétique.
Orano a engagé un investissement de 1,7 milliard d’euros pour accroître de 30 % la capacité de son usine d’enrichissement d’uranium Georges Besse 2, située sur le site du Tricastin (Drôme). La BEI lui apporte son soutien à travers un prêt de 400 millions d’euros sur 25 ans, mettant fin à plus de quinze ans d’une suspension de fait de ses financements au secteur du nucléaire en France et en Europe. Une évolution attendue, sous l’impulsion de la guerre en Ukraine et de sa nouvelle présidente, Nadia Calviño.
Les travaux d’extension de l’usine Georges Besse 2 ont déjà début à l’automne dernier. Ils visent à ajouter quatre modules complémentaires pour accroitre sa capacité d’enrichissement de 2,5 millions d’UTS. La première production est attendue en 2028, pour une mise en service complète en 2030. Orano a engagé cet investissement fin 2023 afin de répondre à la demande de clients cherchant à sécuriser des capacités supplémentaires d’enrichissement sur le sol européen.
La sécurité énergétique est aussi le premier motif mis en avant par la BEI concernant son prêt à Orano, sous l’égide du programme de la Commission Européenne REPower EU. Ce vaste plan, lancé mi-2022 suite à l’invasion de l’Ukraine, vise à assurer l’autonomie stratégique de l’Europe en matière énergétique, tout en privilégiant des sources bas-carbone dans le contexte de la transition climatique. La BEI affirme avoir mobilisé plus de 100 milliards d’euros d’investissements grâce à 31 milliards d’euros de financements consentis l’an dernier.
La BEI renoue avec le secteur du nucléaire
Ce prêt accordé à Orano marque surtout un retour d’ampleur dans le nucléaire pour la banque publique européenne. Affirmant suivre aujourd’hui une « approche neutre d’un point de vue technologique, en lien avec l’objectif de décarbonation de l’Union Europénne (…)« , la BEI a été le théâtre de dissensions récurrentes au sujet de l’atome depuis ses derniers financements accordés à Areva en 2008 (déjà au Tricastin) et Urenco en 2009.
Nadia Calviño, en fonction depuis début 2024, avait déjà signalé qu’elle entendait revenir sur l’opposition de principe de son prédécesseur, l’allemand Werner Hoyer. Elle répondait notamment aux appels du pied de la France, exprimés par la voix d’Emmanuel Macron en 2023. Ce dégel pourrait donc ouvrir la porte à une clarification officielle de la position de la BEI au sujet du nucléaire. ■