24 heures à la centrale de Penly

Une centrale nucléaire fonctionne en permanence. De l’aube à l’aube, les équipes d’exploitation, de maintenance, de protection de site, d’ingénierie, les chimistes, essayeurs, personnels administratifs… tout le monde est sur le pont. 24 heures sur 24, 365 jours sur 365, c’est grâce à elles et eux, salariés d’entreprises partenaires et d’EDF, que plus de 75 % de l’électricité française est produite en toute sûreté. Plongée pendant 24 heures à la centrale de Penly, sur les côtes de la Manche.
Il est 7 h 30, la majorité des équipes commence à arriver à la centrale. Après les contrôles d’accès, toutes et tous rejoignent leur poste de travail. Les activités vont démarrer les unes après les autres. Un seul objectif : produire en toute sûreté.
À 7 h 45, le service Technique commence ses nombreuses mesures quotidiennes dans l’environnement, avec les relevés de mesures d’air des capteurs installés sur le parking du site. Chaque année, les chimistes effectuent près de 20 000 mesures, à la Centrale et dans l’environnement. Elles sont toutes analysées, confrontées avec les exigences réglementaires fixées par la Loi Environnement et publiées tous les mois sur le site Internet de la Centrale et sur celui du Réseau national de mesures de l’environnement.
Il est 8 h 00, à l’atelier, la journée débute par la réunion de prise de poste du service Électromécanique. Les activités de maintenance sont planifiées plusieurs semaines à l’avance, mais des dysfonctionnements fortuits peuvent demander une intervention rapide. C’est à ce moment que les mécaniciens, les soudeurs, les chaudronniers, les électriciens finalisent les derniers détails des interventions. Dans un autre bâtiment, les automaticiens font de même : ils entretiennent et veillent sur tous les automatismes et l’informatique industrielle de la centrale.
À 9 h 00, tous les lundis, l’équipe de direction se réunit. C’est le moment d’analyser les indicateurs, de suivre l’avancement des plans d’action et de prendre les décisions nécessaires au bon fonctionnement de l’unité. Les autres jours, c’est aussi l’heure des réunions et surtout, le temps de la présence terrain des managers qui vont, aux côtés de leurs équipes, prendre le pouls de l’installation.

9 h 00, c’est aussi l’heure à laquelle tous les jours, le duo ingénieur – technicien fait le point au service Ingénierie pour préparer les interventions futures.
9 h 30, le courrier est trié puis distribué dans tous les services. Mais comme à la maison, le tri ne concerne pas que le courrier : on trie aussi les déchets. Le responsable de la zone de tri va collecter les différents déchets industriels (métaux, papiers, bois, chiffons, plastiques…) avant de les faire évacuer vers le centre de valorisation implanté à Dieppe.
En période d’arrêt pour maintenance, 10 h 00 est le moment incontournable de la réunion arrêt de tranche. Tous les responsables de projet, les chargés d’affaires, les représentants des métiers font le point sur les activités de la nuit et de la journée. C’est ici que le planning de l’arrêt s’ajuste, que les derniers détails des chantiers sont réglés, que les résultats sont partagés.
10 h 00, c’est aussi le démarrage des rondes des agents de terrain de la conduite [1] en salle des machines. À leur prise de quart, ils sont déjà allés inspecter les bâtiments nucléaires. Une demi-heure plus tard, la réunion de coordination des métiers et des planificateurs des activités
en fonctionnement (le « Tranche en Marche » ou « Tranche en Fonctionnement ») valide le planning et l’exécution des activités de maintenance des semaines à venir. Pendant ce temps, dans le bureau du Chef d’exploitation [2], c’est la confrontation avec l’Ingénieur Sûreté. Ensemble, ils vérifient que les décisions d’exploitation prises et les actions engagées respectent les règles générales et les exigences de sûreté. En cas de désaccord, ils demandent l’arbitrage du responsable sûreté de la centrale, voire du directeur. À la même heure, à l’autre bout du site, une autre équipe oeuvre sur un chantier de génie civil, sous le regard d’un reporter de l’équipe communication qui prépare le Penly Actu hebdomadaire pour donner à tous les salariés une information précise sur la vie de la centrale et de l’entreprise. Au magasin général, les livraisons de matériel arrivent et sont dispatchées vers leurs destinataires. Et le chef du restaurant d’entreprise prépare le repas.
À 13 h 30, changement de quart. Les équipes en 3X8 – Conduite et Protection de site – font la relève et garantissent le passage des informations sur l’état des tranches. Le service Logistique, lui, fait le point sur l’informatique, la protection physique et la documentation du site, supports indispensables au bon fonctionnement de l’exploitation et de la maintenance.

Dans les ateliers, les activités se poursuivent et s’enchaînent. En salle des machines, les rondiers croisent l’équipe Visites qui accompagne un groupe d’étudiants venus découvrir ce qui se cache derrière les hautes grilles de la centrale. Au simulateur, réplique à l’identique de la salle de commande, les formateurs poursuivent un exercice de pilotage du réacteur en situation accidentelle avec une équipe de Conduite. Chaque année, près de 80 000 heures de formation sont dispensées à Penly.
Au service médical, les infirmières vérifient par un contrôle anthropogammamétrique que le salarié d’une entreprise partenaire qui a terminé son chantier, n’a pas été soumis à des rayonnements ionisants et ne présente pas de trace de contamination. La fin de journée approche. Les automaticiens et le service Électromécanique reviennent en détail sur les activités qu’ils ont effectuées et identifient les pistes d’amélioration possibles.
À partir de 16 h 30, les équipes quittent peu à peu la centrale. Mais les rondes se poursuivent. À 21 h 00, puis à 6 h 00, ce sera un nouveau roulement pour les équipes en quart. La centrale continue de bruisser d’activités jusqu’à l’aube. Les opérateurs pilotent, les agents de terrain relèvent les paramètres d’exploitation, la protection de site est sur le qui-vive… Et si besoin, les équipes d’astreinte peuvent être mobilisées en moins d’une demiheure pour intervenir à la centrale. De l’aube à l’aube, face à la mer, tout le monde est sur le pont, au service de tous.
LA CENTRALE NUCLEAIRE DE PENLY EN CHIFFRES
[1] La conduite, « chef d’orchestre de l’exploitation » est le service qui regroupe les exploitants des réacteurs. En salle de commande, les opérateurs, pilotes de l’unité de production, veillent à la bonne mise sur le réseau de l’électricité produite et règlent la puissance des réacteurs selon la demande. Les agents de terrain sont leurs yeux et leurs oreilles sur le terrain : ils vérifient in situ les paramètres implantés, l’état de l’installation, identifient les écarts, demandent les interventions de maintenance…
[2] Le chef d’exploitation – ou CE – est le responsable en temps réel de la sûreté des installations. Il anime l’équipe de conduite qui lui est rattachée.
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