■ IA : garder le sceau de l'expertise

Ces trente dernières années, l’IA a connu des temps forts et des temps faibles. Elle a été portée par des vagues d’innovations puis s’est vue ralentie par des périodes de fléchissements. Force est de constater qu’aujourd’hui nous assistons à une véritable révolution de l’IA qui promet de transformer le secteur nucléaire tout comme elle le fait dans de nombreuses industries.

Rencontre avec Raja Chatila, professeur émérite d’intelligence artificielle, de robotique et d’éthique à Sorbonne Université • Selon lui l’IA est avant tout un soutien à l’expertise humaine en particulier dans l’aide à la décision, la maintenance prédictive, l’inspection visuelle et le traitement du signal • Des limites à l’IA sont à considérer en raison de biais statistiques et de sensibilité au bruit. C’est pourquoi cet outil, aussi puissant soit-il, doit bénéficier d’un cadre de gouvernance solide.

Dans le nucléaire, depuis les années 1980 jusqu’à aujourd’hui, l’IA a parcouru un long chemin, passant par des périodes de développement intense et des phases d’hibernation • C’est finalement un outil incontournable dans l’ère de la transformation numérique • L’IA offre une augmentation cognitive significative aux professionnels du nucléaire, leur permettant de se concentrer sur des tâches complexes.

Pour les grands de la filière, l’IA est déjà une réalité • Framatome, EDF, le CEA, Orano et Assystem utilisent déjà l’IA dans beaucoup de leurs activités • Elle permet de simuler des scénarios, de localiser des équipements, d’accélérer les calculs et de faciliter la gestion des connaissances • Outre les réseaux neuronaux, les systèmes d’IA générative sont de plus en plus utilisés.

Christophe Biernacki, professeur de statistiques à l’université de Lille et directeur scientifique adjoint à l’Inria, décrit la révolution de l’intelligence artificielle générative • Les Large Language Model, comme ChatGPT, peuvent devenir des compagnons d’apprentissage professionnels • Les défis persistent en matière de certification, d’accès aux ressources et d’enrichissement des bases de données.

Nelly Ngoy Kubelwa est responsable du groupe de travail sur l’intelligence artificielle à l’AIEA • L’Agence a lancé un groupe de travail sur l’IA pour l’industrie nucléaire, impliquant des pays exploitant des centrales ainsi que de nouveaux entrants • L’AIEA a défini six recommandations pour faciliter le déploiement de l’IA, dont la création d’un centre de collaboration et la participation des régulateurs nationaux.

Catherine Devic, responsable de programmes R&D chez EDF, décrit comment l’entreprise s’est emparée très tôt des outils liés à l’IA • EDF a utilisé des systèmes experts dès les années 1990 pour diagnostiquer les problèmes techniques dans ses réacteurs nucléaires • Selon EDF, la réussite des applications d’IA repose sur la qualité des données, la combinaison de connaissances métier et la validation rigoureuse des algorithmes.

Alexei Grinbaum est Directeur de recherche et Président du Comité opérationnel pilote d’éthique du numérique du CEA • Les équipes d’ingénierie doivent intégrer la dimension éthique dès le début des projets d’IA • Les lois comme l’IA Act de l’UE soulignent l’importance de pouvoir distinguer les contenus produits par l’IA de ceux créés par des humains.

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