Portrait – Michel Vogel, l’innovation chevillée au corps
Michel Vogel est entré à la centrale de Dampierre-en-Burly, il y a 24 ans. Aujourd’hui chargé d’affaire et projet au service machines tournantes et électricité, il a plus d’une vingtaine d’innovations à son actif. Rencontre avec un homme passionné.
« J’ai passé la moitié de ma vie ici ! », déclare Michel Vogel. Embauché à l’âge de 24 ans en tant qu’ouvrier professionnel, Michel va petit à petit gravir les échelons dans la centrale jusqu’à connaître la plupart des matériels presque sur le bout des doigts. Il deviendra technicien puis chargé d’affaire dans les années 2000. De quoi s’agit-il ? « Je suis en quelque sorte le chef d’orchestre des chantiers sur les turbines et leurs auxiliaires. Sur la base d’un programme établi, je pilote les prestations de maintenance qui ont lieu sur les quatre turbines de la centrale. Chaque année, je suis détaché sur un arrêt pour maintenance et en renfort sur un autre. » Ces arrêts sont l’occasion de contrôles très poussés de ces installations de 60 m de long qui pèsent plusieurs centaines de tonnes. Le dernier arrêt pour maintenance a duré 170 jours.
Le chargé d’affaire est au carrefour de tout ce qui se passe sur le site. Il veille à l’entretien des turbines et fait le lien entre les prestataires et les machines. « Je rédige les cahiers des charges pour faire réaliser les travaux de maintenance par des prestataires. Je participe aux achats de matériels nécessaires aux opérations et je contrôle ensuite la qualité et le bon déroulement des chantiers. »
De l’innovation…
Michel ne se cantonne pas à son métier stricto sensu. Son dada : concevoir des innovations pour améliorer la sécurité et la sûreté des machines. « Quand je détecte un risque, je cherche un moyen de m’en prémunir et m’attelle à la faisabilité du projet. La salle des turbines, c’est mon jardin en quelque sorte. Je me sens responsable de “mes” machines et j’en fais une affaire personnelle », assure-t-il. Une de ses premières innovations ? L’installation de rambardes pour sécuriser les chantiers turbines. « Depuis la création de la centrale, dans la deuxième moitié des années 1970, on n’a pas arrêté d’améliorer la sécurité. C’est vraiment une priorité, surtout sur les chantiers de maintenance. », précise-t-il. Freins turbines, alarmes rotations, miroirs de sécurité, caches boulons ou encore tapis antidérapants… Plus d’une vingtaine d’innovations sont nées de cet esprit astucieux, dont une qui lui a valu le prix du challenge local. Et il n’est pas près de s’arrêter. Ses devises, toutes deux empruntées à l’aviateur Georges Guynemer : « Quand on n’a pas tout donné, on n’a rien donné », et « Il y a une limite à toute chose, et il faut toujours la dépasser… »
… à la concrétisation
Sa dernière trouvaille, mise au point avec l’entreprise Fike, est en cours de mise en place sur la centrale. Il s’agit d’une nouvelle technologie de membranes de turbine en inox, équipées de joints et de brides spécifiques. Ses avantages sont nombreux : l’absence d’entrée d’air permet d’obtenir un gain de productivité, et évite une maintenance fastidieuse due notamment à la remise à niveau de la protection du condenseur et du groupe turbo–alternateur contre les surpressions incidentelles. « C’est valorisant de savoir que cette innovation servira également aux autres centrales ». Cette solution sera présentée en mars 2015 au Challenge national de la production nucléaire d’EDF et se verra peut-être -récompensée. « J’aime être sur le terrain, au contact de mes machines », conclut-il.