L’Écothèque : une porte vers l’avenir
À quoi ressemblera l’environnement de Bure dans 100 ans ? La forêt aura-t-elle changé ? L’air, le sol, la chaîne alimentaire, seront-ils les mêmes ? Si des évolutions sont enregistrées, seront-elles naturelles ou imputables à Cigéo ? C’est pour apporter des réponses à ces questions que l’Andra a créé l’écothèque. face à son laboratoire souterrain, l’agence y conserve des milliers d’échantillons dans d’importantes cuves cryogéniques. Ce bijou technologique unique au monde bénéficiera aux générations futures et au monde scientifique dans son ensemble, bien au-delà du projet Cigéo.
Gardienne de la mémoire
Au début des années 2000, soucieuse de connaître avec précision l’environnement qui entoure ses installations de Meuse/Haute-Marne (900 km2[1] répartis sur 82 communes rurales), l’Andra a développé une expertise environnementale solide en partie incarnée par l’Écothèque.
Grâce à des technologies de pointe permettant de conserver des milliers d’échantillons sur plus d’un siècle – le temps de l’exploitation de Cigéo –, l’Écothèque conserve la mémoire de l’état initial de l’environnement autour du futur centre de stockage. À partir de ces éléments, les scientifiques actuels (et les générations futures) peuvent analyser les évolutions enregistrées dans l’environnement en distinguant celles liées à des phénomènes globaux (changement climatique), locaux (développement industriel régional) ou à Cigéo.
Un panel d’échantillons
Tous les échantillons prélevés et conservés dans l’Écothèque sont représentatifs du territoire. Ils proviennent de plusieurs matrices et sont issus de la chaîne alimentaire agricole locale (lait, fromage, légume, etc.), des écosystèmes forestiers (feuille, champignon, bois, gibier, etc.) et aquatiques (eau, poisson, moule, etc.).
Les échantillons sont prélevés de différentes manières : télédétection par satellite, réalisation d’échantillonnage sur le terrain, mesures physico-chimiques et radiologiques… Les ingénieurs environnement de l’Andra passent les sols, l’atmosphère, la faune et la flore au peigne fin.
Une fois recueillis, les échantillons sont apportés à l’Écothèque pour être conditionnés, classés et étiquetés.
Un data center pour les données environnementales
Avec 1 000 m2 dédiés à la conservation des échantillons, l’Écothèque dispose d’une capacité d’archivage des échantillons unique au monde. Chaque année, 85 000 données sont récoltées et partagées avec le réseau international des écothèques.
Chaque échantillon fait l’objet d’un mode de conservation adapté. Trois modes existent : une atmosphère régulée autour de 18 °C pour les échantillons secs de sol et de céréales, une conservation à - 80 °C pour les échantillons bruts (sols, eau, os, etc.), et la cryogénisation pour les végétaux, les produits agricoles ou d’origine animale (viande, œufs, etc.) (voir ci-dessous).
42 cuves cryogéniques
Loin des films de science-fiction où David Aames dans le film Vanilla Sky est simplement placé dans un caisson cryogénique pour préserver toute sa jeunesse, la technologie actuelle oblige à passer par plusieurs étapes pour conserver intactes les propriétés des échantillons cryogénisés.
D’abord, les échantillons sont refroidis à l’azote à - 150 °C. Cryogénisés, ils sont ensuite broyés une première fois manuellement à l’aide d’un mortier et d’un pilon en céramique avant d’être passés dans une machine pour être broyés plus finement.
Une fois ces trois étapes terminées, les échantillons (devenus des poudres) sont placés dans des flacons de 20 millilitres, puis plongés dans des cuves cryogéniques. La phase gazeuse de l’azote liquide permet alors de conserver les échantillons sans que leur intégrité ni leur composition ne soient altérées. Ce dispositif offre la possibilité aux scientifiques de revenir autant de fois qu’ils le souhaitent sur les échantillons pour mener de nouvelles analyses, parfois même des dizaines d’années plus tard.
Des données déjà exploitées
Pour garantir l’indépendance des données conservées dans l’Écothèque, l’Andra a choisi de confier l’analyse des données à des laboratoires universitaires : le CNRS, l’INRA (Institut national de recherche agronomique), l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) ou encore le Muséum national d’histoire naturelle. Les données récoltées sont d’ores et déjà exploitées pour des recherches sur la biogéochimie, la biodiversité, les dynamiques des territoires (comme l’impact des activités agricoles sur l’environnement)…
Au sein de cette zone, des études plus détaillées sont menées sur un secteur de référence d’environ 240 m2 au pourtour immédiat de Cigéo.