WNE 2025 en direct : tout ce qu’il ne faut pas manquer – Jour 1 - Sfen

WNE 2025 en direct : tout ce qu’il ne faut pas manquer – Jour 1

Publié le 3 novembre 2025 - Mis à jour le 12 novembre 2025

[Mise à jour 18h00] La sixième édition du WNE 2025 ouvre ses portes à Paris‑Villepinte. Quasiment toute la filière nucléaire mondiale est réunie, portée par l’élan de la relance énergétique. La RGN vous propose de suivre en direct, pendant trois jours, les grandes annonces et les rendez‑vous à ne pas manquer. Pour ce premier jour, la venue de ministres et de représentants des grandes institutions internationales, comme l’AIE ou l’AIEA, sera au cœur du salon.

18h00

Clap de fin pour cette première journée

Au terme de cette première journée du World Nuclear Exhibition, on note un fort enthousiasme de la filière constatant que le « Come back » du nucléaire, annoncé il y a deux ans lors de la précédente édition, est désormais en passe de devenir réalité.

Rendez-vous demain pour suivre en direct la deuxième journée !

17h20 – Hinkley Point C : créer et reproduire

Les deux réacteurs de la nouvelle centrale nucléaire britannique d’Hinkley Point C constitueront respectivement les cinquième et sixième unités du type EPR dans le monde. Ils appartiennent ainsi à une même famille technologique, mais ne sont pas pour autant dénuées de caractéristiques qui les rendent uniques. Ces particularités tiennent notamment au cadre réglementaire spécifique du Royaume-Uni. Par exemple, la centrale sera dotée du plus grand dispositif de protection des poissons jamais installé sur une centrale de ce type, pour un coût estimé à plusieurs millions d’euros. « À terme, nous disposerons en quelque sorte d’un EPR britannique. », souligne Michelle Tilley, directrice de la sûreté chez EDF HPC.

Les travaux de génie civil sont aujourd’hui presque achevés, tandis que les installations mécaniques et électriques ont bien progressé. Certaines opérations de mise en service ont déjà débuté, notamment pour les systèmes électriques. La mise en service commerciale de l’unité 1 reste prévue pour 2029.

Plusieurs leviers ont permis d’importants gains de temps dans la construction : la préfabrication du génie civil, l’utilisation d’un outil numérique pour le cycle de vie de l’installation, ou encore la construction d’usines hors site. Entre les deux unités, les progrès sont également notables : le coulage des anneaux de confinement a été réalisé 40 % plus rapidement sur la seconde unité, et le soudage du dôme a nécessité 90 jours de moins. Ces gains de temps et d’expérience seront pleinement valorisés pour le projet Sizewell C.

16 h 30

Bernard Fontana, PDG d’EDF : « Il faut transformer la chaîne d’approvisionnement en une chaîne de valeur »

« Avec la filière nucléaire européenne, nous avons une vision partagée des défis à relever dans ce moment de relance, a indiqué Bernard Fontana. Tenir les délais est notre principal challenge. Au pic de l’activité de construction d’un EPR, nous estimons que nous dépensons environ 1 million d’euros par heure. On ne peut pas se permettre de perdre trois semaines à ce moment-là. »

Pour vaincre « l’ennemi numéro 1 des grands chantiers : le temps », dixit Pierre Anjolras, PDG de Vinci, plusieurs solutions sont mises en avant. Sans surprise, la standardisation est au cœur des discours. « Il faut nous inspirer des grandes industries existantes qui en ont fait une force, comme l’aéronautique ou l’automobile », souligne Bernard Fontana. « L’Oil & Gas doit aussi être une source d’inspiration en termes de standardisation », ajoute Joost Goderie, PDG de Mammoet.

Deuxième grande thématique : le passage d’une supply chain linéaire à un système intégré. « Nous devons développer une culture de partenariats, créer de vrais clusters comme le font les industries allemandes ou coréennes », note Stéphane Aubarbier, PDG d’Assystem. Cette philosophie doit aussi se traduire dans les contrats. « En France, nous construisons les plannings autour des contrats, alors qu’il faudrait que les contrats servent le calendrier », poursuit-il. « Chaque acteur doit servir un objectif global et pas uniquement ses conditions contractuelles », renchérit Roberto Adinolfi, président d’Ansaldo Nucleare.

Enfin, la mobilisation de la filière au plus tôt dans les projets est une mesure permettant de tenir les délais. « Pour être à l’heure, il faut pouvoir s’appuyer sur un design stabilisé, comme le font déjà les filières russes et coréennes », rappelle Stéphane Aubarbier. Et pour cela, « l’Early contractor involvement est le meilleur moyen de définir un projet final le plus rapidement possible », souligne Pierre Anjolras.

15h30 – Orano fait le point sur le chantier de Georges Besse 2

« La stratégie retenue pour l’extension de l’usine Georges Besse 2 repose sur le principe du “copy-paste”, c’est-à-dire la reproduction à l’identique de la conception de l’usine existante et de ses équipements. Ce choix, loin d’être simple à mettre en œuvre, implique de mettre de côté l’élan de créativité propre au développement de nouvelles technologies innovantes. L’objectif était ici de conserver les mêmes technologies de centrifugation déjà en service sur le site, afin d’en accroître uniquement la capacité », explique Frédéric Bernasconi, directeur du programme d’extension de l’usine d’enrichissement GB2. Cette stratégie a nécessité, par ailleurs, des appels d’offres sur mesure auprès des fournisseurs. Avec un investissement total de 1,7 milliard d’euros, l’extension de GB2 figure actuellement parmi les cinq plus grands projets d’investissement en France.

Selon Orano, le calendrier du projet a été conçu pour être à la fois ambitieux et réaliste, en s’appuyant sur les enseignements tirés de projets similaires antérieurs. De nombreuses étapes ont été franchies et le chantier progresse sereinement. En octobre 2025, la structure du nouveau hall destiné aux équipements de cascade de centrifugation était érigée.

14h35

Le Medef et l’Alliance européenne du nucléaire unis pour une Europe compétitive et souveraine

Le Medef et l’European Business Nuclear Alliance (EBNA) ont pris part à la journée inaugurale, marquée par un appel collectif à renforcer la compétitivité, la souveraineté et la décarbonation de l’Europe grâce à une filière nucléaire unie et innovante.

« Notre objectif est clair : faire reconnaître la neutralité technologique au niveau européen et mettre en place des outils de financement adaptés au nucléaire. Nous devons construire une chaîne de valeur européenne cohérente, au service d’un même but collectif », a déclaré Fabrice Le Saché, vice-président du Medef (à droite).

Pour Xavier Ursat, président de Nuclear Europe (à gauche), le message est tout aussi clair :

« Le WNE 2025 marque le grand retour du nucléaire en Europe […] La neutralité technologique progresse, car chacun comprend désormais que le nucléaire est indispensable non seulement pour décarboner, mais aussi pour assurer la compétitivité et la souveraineté énergétique du continent. »

Du côté des pouvoirs publics, Guillaume Boudy (DGEC) a salué la dynamique enclenchée :

« Le gouvernement français a lancé l’Alliance européenne du nucléaire, et nous nous réjouissons que l’industrie prenne le relais. Les cadres réglementaires et financiers mis en place par la Commission européenne vont clairement dans le bon sens. »

13h30

Roland Frack, directeur finance et stratégie à Nuward (EDF Group) : « L’arrivée massive de capitaux privés dans le secteur du nucléaire est un game changer »

« La maturité technologique n’est pas un problème pour attirer des financements dans le nucléaire. On voit même parfois des niveaux d’investissements inversement proportionnels à la maturité de certains projets, notamment dans la fusion avec Commonwealth Fusion System par exemple. Pour la première fois dans l’histoire du nucléaire, il y a une arrivée massive de capitaux privés dans le secteur. C’est un game changer et une chance pour l’industrie.

Pour attirer ces nouvelles sources d’investissement, il faut garantir la visibilité pour les revenus revenus des projets. Aujourd’hui, ils sont assez incertains à cause de la volatilité du marché de l’électricité. Dans ce cadre, le soutien gouvernemental est obligatoire pour attirer les financements privés.

Pour toutes les nouvelles technologies, l’accès à un prix régulé permet de lancer réellement le marché. Il y en a eu pour faire gagner en maturité les ENR, mais aussi en Europe pour les réacteurs de grandes capacités sous forme de CfD. Il en faudra pour les futurs SMR. ET il faut que cela s’accompagne d’une stabilité dans la régulation. »

13h – SMR/AMR : les défis du contrôle des flux selon Flowserve

Les SMR/AMR ont de nombreux avantages comparés aux réacteurs de puissance. Entre autres, ils peuvent être construits plus rapidement, ont des applications industriels variées, peuvent facilement intervenir dans la transition des installations charbon-nucléaire et peuvent réduire les coûts avec leur caractère modulaire, etc.

Selon Flowserve, leader mondial dans la manufacture des systèmes de débit (pompes, valves, etc.), le contrôle des flux est essentiel pour les SMR/AMR. C’est un enjeu crucial qui le distingue des REP (réacteurs à eau pressurisée). « Les conceptions compactes [des petits réacteurs] imposent des contraintes et des tolérances de contrôle de débit plus strictes. », expose par exemple Jonathan Barr, responsable du segment nucléaire chez Flowserve. En outre, suivant les technologies employées (haute température, sodium, sels fondus, etc.), les produits corrosifs employés exigeront des matériaux innovants capables de résister à cette contrainte. « Les températures élevées que les petits réacteurs peuvent atteindre exigent également des matériaux résistants à ces contraintes thermiques. », ajoute Jonathan Barr.

12h39
La fusion, valeur montante au WNE
Lors des cinq éditions précédentes du World Nuclear Exhibition, la fusion nucléaire était présente à travers des stands d’Iter et de Fusion for Energy. Pour cette sixième édition, elle est devenue une star montante. Outre les nombreuses maquettes de tokamak exposées, on la trouve dans les discours sur l’innovation au même titre que le multi-usage du nucléaire ou que les SMR. Et bien sûr sur la couverture de la dernière RGN.

11 h 15 – Nucléaire et maritime main dans la main

Le workshop French Maritime & Nuclear, organisé par le Gifen, était l’occasion de faire le point sur le rapprochement entre les deux filières d’excellence françaises que sont le nucléaire et le maritime.  L’objectif : décarboner le secteur du transport maritime, responsable de 2,89 % des émissions mondiales de CO2.

Plusieurs applications sont aujourd’hui envisagées :

  1. Les barges autonomes et les centrales flottantes avec un lien physique à terre
  2. Les réacteurs sur les zones portuaires
  3. Les réacteurs pour la propulsion navale

Plusieurs verrous subsistent cependant pour mettre en œuvre cette nouvelle filière :

  • Verrou réglementaire : Un cadre réglementaire clair est nécessaire. Il existe déjà des dispositions juridiques, mais le cadre est partiel : un régime complet qui combine le droit marin et nucléaire doit être créé. Il doit par ailleurs être à portée internationale.
  • Verrou économique : Il est nécessaire aujourd’hui de se poser les questions du financement de ces projets et quels coûts auront-ils : un business model complet est également à construire.
  • Verrou culturel : comme pour le nucléaire civil, le nucléaire maritime intègre une notion d’acceptabilité.
  • Verrou humain : Les besoins liés aux formations de cette nouvelle filière sont énormes. D’ici 2050, on estime qu’elle pourrait nécessiter plus de 40 000 emplois.

L’ensemble de ces verrous demanderont l’implication de tous les acteurs des deux filières et d’un fort soutien étatique.

11h00

Emmanuel Brutin, directeur général de Nucleareurope : « Il nous faut un plan d’action solide de la part des institutions européennes »

« Pour atteindre les objectifs européens de relance du nucléaire, en passant d’environ 100 GW de capacité installée à environ 150 GW en 2050, il nous faut un plan solide de la part des institutions européennes.

Le financement est l’un des points clef de la réussite de la filière nucléaire. Nous avons vu des progrès significatifs de la part de la BEI cette année [avec des prêts pour les sites du Tricastin et d’Olkiluoto, ndlr], mais il y a encore du chemin à faire concernant les fléchages dans les budgets. Actuellement, le nucléaire n’est toujours pas clairement éligible aux soutiens financiers européens.

Le cadre politique est aussi un enjeu majeur. Les discussions à Bruxelles concernant l’ambition de réduction des émissions de carbone à l’horizon 2040 doivent impérativement déboucher sur une transformation d’un objectif d’installation d’ENR à un objectif de décarbonation du mix énergétique. »

10h50

Roland Lescure : « Amis du nucléaire et amis du climat »
« Ici, nous sommes tous amis du nucléaire — et donc amis de la planète.

Nous avons entre nos mains la solution pour stopper le changement climatique. Nous avons convaincu le monde que le nucléaire fait partie de la solution, pas du problème. La guerre de religion est terminée. Opposer nucléaire et énergies renouvelables n’a plus de sens : nous devons avancer ensemble. La guerre est finie — maintenant, le travail commence.

Ce travail reposera sur l’innovation : l’IA, les SMR, la fusion. Mais aussi sur l’innovation dans le financement — faire participer les fonds de pension, les fonds souverains, les plans d’épargne aux grands projets industriels.

L’innovation doit aussi toucher la gouvernance : rassurer les citoyens, garantir la sûreté, et faire en sorte que les États soient au rendez-vous — dans les délais, dans les autorisations, dans les livraisons.

Le nucléaire n’est pas seulement une électricité décarbonée et abordable : il est un levier pour décarboner l’industrie. Et pour réussir, nous devons innover dans la chaîne de valeur — que les grands groupes soutiennent les PME et les ETI, pour construire ensemble une filière solide ».

10h40

Fatih Birol, Président de l’AIE : « Le nucléaire est de retour de la manière la plus forte »
« Il y a deux ans, ici même, j’avais osé dire : “Nuclear may come back.”
Aujourd’hui, le nucléaire est bel et bien de retour, et de manière très forte.

Trois chiffres le prouvent :

  • 2025 verra la plus forte production nucléaire de l’histoire,
  • 70 GW sont actuellement en construction, un record depuis trente ans,
  • et 40 pays qui n’en avaient pas envisagent désormais de développer une filière nucléaire.

Ce que j’annonçais il y a deux ans est devenu réalité.

Trois grands moteurs expliquent ce retour :

  1. La sécurité électrique, dans un monde incertain où chaque pays veut assurer son indépendance énergétique.
  2. Le climat, car de plus en plus de gouvernements voient dans le nucléaire un outil essentiel de décarbonation.
  3. L’électrification, qui s’accélère partout. L’intelligence artificielle et les data centers — dont un seul consomme autant qu’une ville de 100 000 habitants —, la climatisation, les véhicules électriques : tout cela crée une demande d’électricité sans précédent.

Le nucléaire représente aujourd’hui une opportunité unique, comparable à l’âge d’or des années 1970 et 1980.

Mais ce retour ne sera durable que si le secteur répond à trois défis :

  1. Livrer à temps et dans les coûts, pour regagner en crédibilité.
  2. Diversifier les chaînes d’approvisionnement, notamment en uranium.
  3. Innover, en particulier avec les SMR et les nouvelles technologies ».

10h35

Rafael Grossi, Directeur général de l’AIEA : « retour au réalisme » 
« Nous revenons à une forme de réalisme : sans l’énergie atomique, il sera impossible d’assurer la croissance, la décarbonation et l’innovation technologique. Il y a deux ans, à Dubaï, lors de la COP, pour la première fois, le monde a reconnu que le nucléaire devait être accéléré, pas seulement toléré. Nous avons accepté sa nature indispensable dans le mix énergétique. Depuis, les choses bougent. En Europe, on met fin au “phasing out” du nucléaire ; les pays comprennent que sans cette énergie, leurs économies ne pourront pas croître.La sécurité énergétique est désormais au cœur de toutes les réflexions. Dans un contexte de tensions et d’incertitude, chacun cherche les outils capables de la garantir ».

 

10h30

« Nuclear is back »

La cérémonie d’ouverture a été résolument positive. Sylvie Bermann, ambassadrice de France et présidente du WNE, Rafael Grossi, directeur général de l’AIEA, Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, et Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Énergie, ont porté un message commun : celui d’un retour en force du nucléaire.

Tous ont souligné les progrès considérables accomplis en deux ans et la place désormais indispensable de cette énergie pour sécuriser et décarboner le mix électrique mondial.

8h25

La Farn à l’accueil
Ne manquez pas dès l’entrée, les impressionnantes installations de la Force d’action rapide nucléaire (FARN) d’EDF. Générateurs, poste de commandement et matériels lourds pour se mettre dans le bain d’entrée !

 

8h20
Bienvenue au WNE, rendez-vous sur le stand de la Sfen

N’hésitez pas à passer nous voir sur le stand de la Sfen, à l’espace K139 (près de la Main Stage). Nous pourrons parler ensemble des derniers numéros de la RGN (dont le dernier sur le sujet lumineux de la fusion) mais aussi la troisième édition de rapport monde sur la relance mondiale du nucléaire et nos nouvelles fiches « Parler du Nucléaire ». Entre deux workshop, venez donc aussi tester jeu Megawatt (comptez 20 minutes) où le but est de créer le réseau électrique le plus puissant en minimisant les impacts écologiques.
WNE 2025, c’est parti !