Portrait – Christophe Poinssot, chef d’orchestre des équipes d’Atalante - Sfen

Portrait – Christophe Poinssot, chef d’orchestre des équipes d’Atalante

Publié le 31 décembre 2015 - Mis à jour le 28 septembre 2021
  • Occitanie
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Depuis 4 ans, Christophe Poinssot pilote les équipes d’Atalante en tant que chef du Département Radiochimie et Procédés. Responsable des équipes d’exploitation et de la majorité des équipes de recherche intervenant dans l’installation, ce quarantenaire plein d’énergie ne délaisse pas pour autant sa passion, la science. Christophe reste aussi un chercheur-scientifique qui ouvre de nouveaux champs d’étude et transmet sa connaissance aux nouvelles générations. 

Chef d’orchestre

Après une thèse réalisée à l’École Normale Supérieure de Paris et au CEA de Fontenay-aux-Roses, puis un séjour post-doctoral en Suisse, Christophe Poinssot rejoint en 1998 le CEA pour mettre en place et coordonner les études menées dans les différentes directions du CEA sur l’évolution à long terme en entreposage et en stockage des combustibles nucléaires irradiés. Il prend rapidement la responsabilité des équipes travaillant sur la chimie des éléments radioactifs, en particulier la migration en stockage géologique profond. Alors que Cigéo est à nouveau sous les feux des projecteurs, il rappelle que ses équipes ont été, à l’époque, chargées de mener à bien les expériences de migration des éléments radioactifs en laboratoire souterrain de Meuse/Haute-Marne pour l’Andra. Après 10 ans sur le plateau de Saclay « à travailler sur les déchets ultimes et leur devenir », il rejoint le Gard Rhodanien pour s’occuper cette fois du recyclage des matières nucléaires, « pour limiter les déchets ultimes ». Nous sommes en 2008 et Christophe devient adjoint, puis, quatre ans plus tard, responsable du département radiochimie et procédés du CEA Marcoule qui regroupe plus de 200 personnes.

Ce rôle de « chef d’orchestre », comme il le qualifie, s’articule autour de deux missions : veiller à la bonne exploitation d’Atalante et animer ses équipes de recherche. Il apporte son soutien au chef d’installation pour s’assurer que les installations sont maintenues à leur meilleur niveau de sûreté : travaux de jouvence, réexamens de sûreté, etc. Cette activité peut parfois être « antithétique » avec la deuxième mission de Christophe : faire avancer les programmes de R&D sur la séparation des matières nucléaires en vue de leur recyclage, notamment l’uranium et le plutonium. Il rappelle qu’« entre l’exploitation et l’expérimentation, il faut gérer en bonne intelligence en faisant avancer les programmes tout en maintenant la sûreté au meilleur niveau. »

D’autres vies

Pour coordonner l’ensemble de l’activité avec les chefs de service et de projet qui travaillent avec lui, Christophe enchaîne les réunions. « Au quotidien, c’est aussi plus administratif : articuler les différents programmes, assurer le suivi budgétaire, le suivi du personnel, veiller à la sûreté, veiller à ce que le système qualité fonctionne, etc. »

Et après ? À côté de ses responsabilités de manager, Christophe est resté très attaché à la science et ne souhaite pas abandonner son parcours de chercheur-scientifique : « c’est une question d’équilibre. Je cherche à maintenir une activité scientifique et à initier des projets de recherche. Bien qu’étant en situation de responsabilité, je continue à être directeur de thèses, à suivre de très près les programmes et à initier un certain nombre de sujets de recherche qui me tiennent à cœur ». Il s’intéresse ainsi particulièrement aux minéraux d’uranium avec ses collègues de l’Institut de chimie séparative de Marcoule et à l’empreinte environnementale du nucléaire. Une de ses récentes études démontre d’ailleurs que le recyclage de l’uranium et du plutonium contribue à réduire l’empreinte environnementale et constitue la pierre angulaire d’un système nucléaire durable et respectueux de l’environnement. « Évidemment, je ne peux pas tout faire moi-même, mais je peux y arriver grâce à un certain nombre de thésards, de collaborateurs ou de partenaires académiques avec qui je travaille. » C’est d’ailleurs grâce à eux qu’a pu être développé un code performant pour calculer l’empreinte environnementale du nucléaire.

Expert international CEA sur la chimie des actinides, Christophe souhaite également partager ses connaissances et donner envie aux jeunes de poursuivre un cursus scientifique. Professeur en chimie nucléaire à l’INSTN, il intervient régulièrement à l’École nationale supérieure de chimie de Montpellier et de Paris, et dans un certain nombre de masters. Il précise : « On apprend beaucoup en enseignant, grâce aux questions parfois déroutantes des étudiants, et aussi au travers de l’effort de simplification et d’éclaircissement que l’on doit faire quand on prépare des cours ». Ces enseignements ont permis à Christophe Poinssot de se construire une vue d’ensemble de l’énergie nucléaire, qui « n’aurait pas été possible si j’étais resté dans mes seules responsabilités managériales ». Cette expérience vient même enrichir son travail de manager et de chercheur car c’est l’enseignement qui l’a amené à s’intéresser à l’empreinte environnementale du nucléaire. « Les étudiants me questionnaient sur l’intérêt environnemental réel du recyclage des matières nucléaires. Je suis allé chercher des données et je me suis rendu compte qu’il n’y avait rien de solide ! J’ai alors pris le problème à bras-le-corps avec des étudiants et des collègues en développant des modèles et rassemblant beaucoup de données sur les installations du cycle. Aujourd’hui, on peut apporter des réponses quantifiées, ce qui apporte un éclairage pertinent sur les programmes menés par les équipes du département. » Cela démontre la richesse que peuvent s’apporter mutuellement ses trois missions complémentaires.

D’Atalante aux salles de cours, Christophe Poinssot réussit l’art de conjuguer management, enseignement et recherche… au bénéfice de chacune de ses missions ! 

Par la Rédaction

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