Ouragans : la garantie nucléaire
Fin août, aux Etats-Unis, les deux réacteurs de la centrale de South Texas Project, située à 145 km de Houston, ont fonctionné à pleine capacité pendant toute la tempête Harvey, atténuant les conséquences humaines des intempéries. Deux semaines plus tard, la Floride est touchée par un autre ouragan, Irma. Là encore, les centrales ont pleinement contribué à restaurer l’alimentation d’un réseau électrique mis à rude épreuve.
L’ouragan Harvey va laisser des traces dans la région de Houston, agglomération de premier plan dans un Etat du Texas plus grand que la France. Les dommages financiers pourraient approcher les 180 milliards de dollars [1]. Le Sud des Etats-Unis n’avait pas connu pareilles intempéries depuis 2005, année où l’ouragan Katrina avait sinistré la Nouvelle Orléans.
Pendant l’ouragan, en raison des vents violents, plusieurs fermes éoliennes, nombreuses dans cet Etat, ont dû être arrêtées, et l’épaisse couche nuageuse a quasiment stoppé la production des panneaux photovoltaïques. Les sources de production programmable disponibles, au premier rang desquelles la centrale nucléaire de South Texas Project, située à 145 km de Houston, ont donc joué un rôle capital dans l’approvisionnement en électricité des zones affectées.
Une préparation bien rodée
A l’approche de l’ouragan, les opérateurs de la centrale étaient préparés à affronter les intempéries et la NRC, l’autorité de sûreté américaine, avait spécialement dépêché sur place deux inspecteurs supplémentaires -en plus des inspecteurs résidents-, pour s’assurer du respect des normes de sûreté. Ils sont restés sur place tout le week-end, au côté des 250 personnels de la centrale, dont une partie avait été appelée en renfort face à la menace que les routes soient inondées, ce qui aurait empêché les allers et venues vers la centrale. Pour prévenir ce type de scénario, des lits et des réserves de vivres sont stockés sur place afin de permettre aux équipes de se reposer et de rester sur place pendant leurs heures de repos.
Les risques météorologiques sévères (ouragans, tornades, inondations) ont été pris en compte dans la conception de South Texas Project. Les bâtiments abritant les deux réacteurs de 1280 MWe et les équipements vitaux sont protégés par des murs en béton armé de 1,2 à 2,1 mètres d’épaisseur – suffisants pour résister à un avion de ligne. Par ailleurs, la centrale est dotée de bâtiments et de portes étanches et ses bâtiments abritant des équipements relatifs à la sûreté peuvent supporter une élévation de l’eau de 12,5 mètres par rapport au niveau de la mer – la centrale étant construite à 8,8 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Une garantie pour des populations sinistrées
Grâce à sa conception et son plan d’urgence en cas d’intempéries, la centrale a contribué à assurer une fourniture d’électricité stable à l’échelle régionale pour les deux millions de consommateurs qu’elle approvisionne et dont les lignes n’avaient pas été coupées. Sans elle, les dommages de l’ouragan auraient été bien supérieurs, privant notamment d’électricité des infrastructures vitales comme les hôpitaux, le trafic routier, les abris…
Deux semaines après Harvey, le Sud des Etats-Unis a dû faire face à un autre Ouragan, Irma. Initialement de catégorie 5 sur l’échelle de Saffir-Simpson (vents supérieurs à 250 km/h), après avoir semé la destruction sur une partie des Antilles, l’ouragan passé en catégorie 3 a remonté par l’Ouest les côtes de la Floride. Florida Power & Light, l’opérateur des deux centrales de l’Etat avait anticipé son arrivée, suivant son protocole de sûreté très strict : lorsqu’un ouragan de catégorie 1 (vents entre 120 et 150 km/h) approche ses centrales, les réacteurs sont arrêtés préventivement 24h en avance. Ainsi, la centrale de Turkey Point, localisée au sud de l’Etat, zone affectée le plus fortement par l’ouragan, avait dans ce cadre préventivement arrêté son réacteur en fonctionnement. En 1992, déjà, la centrale de Turkey Point avait été au cœur de l’ouragan de catégorie 5 Andrew, là aussi sans subir de dommage.
Si les réacteurs arrêtés ont pu redémarrer en quelques jours, l’essentiel n’est pas là puisque plus de deux millions de personnes étaient encore privées d’électricité par la destruction des lignes électriques quelques jours après la tempête, occasionnant plusieurs décès. Pour les autorités, comme pour l’opérateur, la restauration des lignes est prioritaire. Dès lors que ces lignes sont remises en état, en quelques jours, les réacteurs nucléaires contribuent pleinement à alimenter à nouveau la population. A Saint-Martin et Saint-Barthélemy, également affectées par Irma et où l’électricité provient d’installations de production moins solides, les autorités françaises ont dû affréter en urgence des générateurs diesel de secours pour alimenter en électricité une population démunie.
En 2014, un vortex polaire avait entrainé la fermeture de centrales à gaz et au charbon et stoppé la production électrique des éoliennes et du solaire au Nord-Est des Etats-Unis. Là encore, les centrales nucléaires étaient au rendez-vous, fournissant à un moment critique plus d’électricité dans cette région des Etats-Unis que toutes les autres sources de production électrique [2].
Crédit photo : Department of Defense
Légende : la ville de Houston a subi de plein fouet les innondations mais n’a pas été coupée du réseau électrique pendant la catastrophe, notamment grâce à la disponibilité du nucléaire.
http://fortune.com/2017/09/03/hurricane-harvey-damages-cost/
https://www.forbes.com/sites/jamesconca/2017/09/01/hurricane-harvey-makes-the-case-for-nuclear-power