L’Italie se dote d’un cadre législatif pour relancer son nucléaire
[Mis à jour le 6 mars 2025] Après près de 40 ans d’interdiction, Rome amorce son retour vers l’atome. Le gouvernement italien souhaite adopter une loi établissant un cadre pour la relance du nucléaire civil. L’objectif : renforcer la sécurité énergétique du pays, diversifier son mix électrique et accélérer la décarbonation. Une stratégie qui s’inscrit dans une dynamique mondiale de relance du nucléaire.
Le 28 février dernier, le gouvernement italien a annoncé vouloir adopter une loi ouvrant la voie au retour de l’énergie nucléaire, près de 40 ans après son interdiction par référendum. Cette initiative vise à renforcer la sécurité énergétique du pays et à atteindre les objectifs de décarbonation. La loi adoptée par le gouvernement donne un mandat au pouvoir exécutif pour adopter des décrets détaillant les modalités du retour du nucléaire, notamment en définissant les technologies à privilégier, les mécanismes de régulation et les acteurs impliqués.
La présidente du Conseil, Giorgia Meloni, a déclaré : « Le gouvernement a approuvé une mesure importante pour garantir une énergie propre, sûre et à faible coût, capable d’assurer notre sécurité énergétique et notre indépendance stratégique. » Le ministre de l’Énergie, Gilberto Pichetto Fratin, a ajouté : « Avec le nucléaire de dernière génération, nous pourrons atteindre nos objectifs de décarbonation tout en garantissant la pleine sécurité énergétique du pays. »
Con il #nucleare di nuova generazione, insieme alle rinnovabili, saremo in grado di raggiungere gli obiettivi della decarbonizzazione, garantendo la piena sicurezza energetica del Paese. Così l’Italia è pronta ad affrontare le sfide del futuro. pic.twitter.com/QonbMXomJr
— Gilberto Pichetto (@GPichetto) February 28, 2025
Jusqu’à 22 % du mix
Selon les estimations du gouvernement, l’intégration de l’énergie nucléaire pourrait permettre à l’Italie d’économiser 17 milliards d’euros sur les coûts de décarbonation d’ici 2050, si le nucléaire représente au moins 11 % du mix énergétique. Le Plan national énergie-climat suggère que cette part pourrait même atteindre 22 %. La loi prévoit également la mise en place d’une autorité indépendante pour superviser le secteur nucléaire et la collaboration avec des entreprises telles que Westinghouse et EDF pour le développement de réacteurs avancés en Italie.
Avant l’arrêt de son programme nucléaire, l’Italie disposait de quatre réacteurs en exploitation, représentant une part modeste de 8 % dans son mix électrique. Le pays avait déjà envisagé une relance du nucléaire sous l’administration Berlusconi à la fin des années 2000, en partenariat avec EDF, mais cette ambition avait été stoppée après l’accident de Fukushima en 2011.
Une relance mondiale du nucléaire
Aujourd’hui, la tendance est à une relance mondiale. Selon le rapport de veille sur la relance du nucléaire de la Société française d’énergie nucléaire (Sfen), la capacité nucléaire mondiale est en hausse grâce à un rythme de mises en service stable et à la fin des fermetures prématurées de réacteurs. Actuellement, 62 réacteurs sont en cours de construction pour une puissance de 75 GW, représentant une augmentation de près de 20 % de la capacité nucléaire mondiale une fois mis en service. ■