COP26 : l’innovation dans le nucléaire mise à l'honneur - Sfen

COP26 : l’innovation dans le nucléaire mise à l’honneur

Publié le 16 novembre 2021

La conférence sur le nucléaire, organisée par la Sfen sur le pavillon France de la COP26, a marqué la journée du 4 novembre dédiée à l’énergie. Elle a placé le nucléaire comme un atout indispensable face à l’urgence climatique. Elle s’est tenue en présence du ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères, Jean-Yves Le Drian, du Directeur général de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) Raphael Grossi, et du Directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol et de la ministre de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher.

Le 4 novembre, le pavillon français de la COP26 a accueilli une conférence sur le thème : « L’apport des innovations dans le nucléaire pour renforcer les complémentarités avec les énergies renouvelables et atteindre les objectifs de l’accord de Paris ». En introduction, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian a rappelé que l’énergie nucléaire est, avec les renouvelables, indispensable pour atteindre les objectifs climatiques et limiter le réchauffement à 1,5°C.

« L’énergie nucléaire est bas carbone, fiable, flexible et non intermittente », explique le ministre. C’est pour cela que la France a demandé son inclusion dans la taxonomie européenne sur les activités verte, insiste-t-il. L’énergie nucléaire est une clef de l’indépendance française. Elle est économique et stable, c’est pourquoi un fond d’un milliard d’euros pour le nucléaire a été mis en place dans le cadre du plan « France 2030 », annoncé par le Président de la République. La France soutient par ailleurs les pays qui souhaitent développer un programme nucléaire civil dans le respect du traité de non-prolifération, ajoute-t-il.

De son côté, le Directeur général de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) Raphael Grossi, s’exprimant en Français pour l’occasion, a souligné que les faits scientifiques sont clairs : l’énergie nucléaire fait partie des solutions pour résoudre le problème du CO2. Il assure que son Agence peut contribuer en permettant de répondre aux exigences de sûreté, de protection de l’environnement, de sécurité et de non-prolifération. L’énergie nucléaire fait définitivement partie de la solution pour l’économie bas carbone dans le monde, et il faut soutenir cette solution pour les générations futures, affirme-t-il.

Doubler la production nucléaire

Fatih Birol, Directeur de l’AIE, s’est montré positif en annonçant deux bonnes nouvelles. La première est que plusieurs gouvernements ont, durant ces derniers jours, déclaré s’aligner sur le « Net Zéro » et sur de nouveaux engagements de réductions des émissions de CO2. Si ces déclarations sont mises en pratique, alors la hausse de la température mondiale sera de 1,8°C. Ceci ne dit pas que rien ne reste à faire, ni que tout sera fait comme indiqué, mais ceci montre que Glasgow et Paris se rapprochent.

La deuxième nouvelle est que dans le cadre de la volatilité du marché des énergies, en particulier pour le gaz, le pétrole et le charbon, « les pays se sont souvenus de l’énergie nucléaire comme garante fiable d’un prix bas et de la non-émission de CO2». En mai dernier, l’AIE a publié un rapport sur la route vers le net zéro (« Net zero roadmap »). La communauté du climat a adopté ce document, assure Fatih Birol, dont l’une des conclusions est que la production nucléaire doit doubler pour atteindre les objectifs. Il appelle à accélérer sur trois sujets : l’extension de la durée d’exploitation des réacteurs nucléaires (clefs d’une énergie bon marché), la construction qui doit être multipliée par cinq, et enfin l’innovation nucléaire incluant les réacteurs de faible puissance modulaires (« Small Modular Reactors »).

Enfin, c’est la ministre française de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher qui s’est adressé à l’audience lors d’une intervention en vidéo. S’appuyant sur le dernier rapport de RTE « Futurs Energétiques 2050 », celle-ci a rappelé qu’il n’y aura pas de décarbonation possible sans un recours accru à l’électricité d’origine nucléaire. Elle a également refusé tout débat qui viserait à opposer renouvelables et atome. Elle assure que « l’urgence climatique ne laisse pas de place à idéologie ». Enfin tout comme Jean-Yves le Drian, elle a rappelé l’importance d’inclure le nucléaire dans la taxonomie européenne afin de mieux orienter les capitaux en faveur des objectifs climatiques. ■

Sébastien Richet, Président du Groupe SFEN-Autriche – Crédit : Sfen