L’IA de Google DeepMind au service de la fusion nucléaire de CFS - Sfen

L’IA de Google DeepMind au service de la fusion nucléaire de CFS

Publié le 31 octobre 2025

Google DeepMind a annoncé un partenariat majeur avec Commonwealth Fusion Systems (CFS), une entreprise pionnière dans le domaine de la fusion nucléaire. Ensemble, elles ambitionnent de rapprocher un peu plus l’humanité du rêve d’une énergie illimitée, sûre et sans émissions de carbone.

Nombreuses sont les initiatives privées en matière de fusion nucléaire outre-Atlantique. La start-up américaine CFS développe SPARC, un tokamak compact utilisant des aimants supraconducteurs à haute température. L’objectif : être le premier dispositif de fusion magnétique à franchir le seuil du « breakeven », c’est-à-dire produire plus d’énergie qu’il n’en consomme — une étape historique vers la fusion commerciale.

Pour accélérer cette avancée, Google DeepMind met son expertise en apprentissage par renforcement et en simulation avancée au service du projet. Leur collaboration s’articule autour de trois axes majeurs : simuler le comportement du plasma à l’aide de modèles précis et rapides ; optimiser la production d’énergie en explorant des milliards de configurations possibles ; développer un “pilote IA” capable de contrôler le plasma en temps réel.

Torax aux commandes

Au cœur du dispositif se trouve Torax, un simulateur open source développé par DeepMind. Conçu pour modéliser le comportement du plasma dans un tokamak, il permet de mener des millions d’expériences virtuelles avant même que Sparc ne soit mis en service. « Torax nous a fait gagner d’innombrables heures dans la préparation de nos environnements de simulation », explique déjà Devon Battaglia, responsable des opérations physiques chez CFS.

Une fois Sparc opérationnel, l’IA interviendra pour gérer la forme et la stabilité du plasma en temps réel. L’un des défis majeurs sera de répartir uniformément la chaleur extrême dégagée afin de protéger les parois du réacteur. En s’appuyant sur l’apprentissage par renforcement, les algorithmes de DeepMind apprendront à ajuster dynamiquement les champs magnétiques, anticipant les instabilités et optimisant la performance énergétique.

Google déjà acheteur de l’électricité de fusion

Un autre jalon avait déjà été franchi quelques semaines auparavant par les deux entreprises. Google était devenue la première entreprise à signer un contrat d’achat d’électricité (PPA : power purchase agreement) avec Commonwealth Fusion Systems (CFS). Le contrat porte sur une puissance de 200 MW issus de la centrale commerciale prévue de CFS, nommée ARC, située en Virginie et attendue dans les années 2030.

En choisissant d’acheter une part de cette capacité à venir, Google envoie un message fort : non seulement la fusion est une technologie prometteuse, mais elle entre désormais dans le champ des contrats d’énergies de longue durée

CFS, une startup qui attire les investisseurs

CFS ne séduit pas seulement par sa technologie : elle attire aussi des investissements massifs. À ce jour, l’entreprise a levé près de 3 milliards de dollars depuis sa création en 2018. En août 2025, elle a notamment clôturé une levée de 863 millions de dollars auprès de grands noms de la technologie et de la finance, comme Google, Nvidia, ainsi que des fonds d’investissement « traditionnels ». ■

Par Ludovic Dupin (Sfen)

Image : Installation de CFS (@CFS)