La renaissance du nucléaire américain - Sfen

La renaissance du nucléaire américain

Publié le 29 novembre 2022

Le 23 septembre dernier se tenait à Paris la conférence « Nuclear needs to change the world ! », organisée par la section française de l’American Nuclear Society (ANS). Son président, Steven Arndt, y a brossé un portrait détaillé du parc nucléaire américain et de ses prometteuses perspectives.

Pour Steven Arndt, président de l’ANS, il est clair que les objectifs climatiques et de production d’électricité aux  États-Unis ne pourront être atteints sans un recours à l’énergie nucléaire. Or, bien qu’il ait récemment connu aux États-Unis un certain nombre de victoires et de progrès tant sur le plan politique que technologique, aidé  en cela par une communication renforcée et proactive auprès des médias, des politiques mais aussi et surtout  du grand public, le nucléaire doit toujours faire l’objet d’un soin particulier pour faire valoir son importance  stratégique décisive.

Steven Arndt prend acte de cette évolution positive lorsqu’il déclare que « le nucléaire est  devenu quelque chose d’important aux États-Unis. Nous devons avoir une vision et une mission. Nous devons participer à changer le monde en utilisant le potentiel que l’énergie nucléaire nous offre ».

Les avancées et les défis de l’énergie nucléaire aux États-Unis

Le regain d’affection pour le nucléaire, aux États-Unis, n’est pas qu’affaire de communication. Ces dernières années, de nouvelles technologies sont apparues  sur le marché américain : microréacteurs, SMR, et réacteurs avancés contribuent à donner au nucléaire de nouvelles  perspectives. En plus de la fourniture d’électricité, ils doivent faciliter l’intégration des renouvelables, permettre la production de chaleur, d’hydrogène et d’ammoniaque ainsi qu’assurer la désalinisation, faciliter la prise en charge du chauffage urbain et accélérer les applications hors réseaux.

Pour avancer dans leur  programme de développement, de démonstration, de déploiement et de commercialisation, les États-Unis visent à moderniser les cadres de réglementation et d’autorisations des installations nucléaires. D’un point de vue technique, il s’agit de résoudre l’enjeu de l’approvisionnement en uranium moyennement enrichi (HALEU – High-Assay Low-Enriched Uranium). Sur le plan politique, le gouvernement américain a pris un certain nombre de mesures pour soutenir le  nucléaire. Les crédits d’impôt à la production et la loi sur la réduction de l’inflation (IRA) votée en août 2022  prévoient d’une part des incitations fiscales destinées à soutenir la production du parc actuel, et à favoriser les investissements dans les technologies nucléaires du futur. Elles doivent également permettre d’investir 700  millions de dollars pour soutenir le développement d’une chaîne d’approvisionnement nationale HALEU.

Un soutien décomplexé

Cependant, d’après Steven Arndt, de nombreux défis restent à relever malgré ces progrès. Pour le président  de l’ANS, il est important que les élus appuient davantage leur politique sur la science et traitent les différentes  sources d’énergie de manière équitable en leur donnant un égal accès au réseau en veillant par ailleurs à ne pas alourdir la réglementation plus que nécessaire.

Concernant l’industrie, celle-ci doit changer sa relation avec le régulateur, trouver des paradigmes de développement plus réalistes et devenir un défenseur décomplexé de la technologie nucléaire.

« Il est également primordial, a conclu Steven Arndt, que les principaux décideurs s’engagent, eux aussi, dans la construction d’une société bien informée sur le nucléaire ».

Par Maximilien Struys, Sfen

Photo I Légende :Centrale nucléaire de Hutchinson Island, en Floride.

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