Japon : le Premier ministre évoque la construction de nouveaux réacteurs - Sfen

Japon : le Premier ministre évoque la construction de nouveaux réacteurs

Publié le 13 septembre 2022 - Mis à jour le 14 septembre 2022
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La position sur le nucléaire du gouvernement japonais évolue au fur et à mesure que la crise énergétique s’intensifie. Le Premier ministre, favorable au nucléaire mais prudent sur la question, a plusieurs fois exprimé la volonté d’accélérer le redémarrage du parc nucléaire japonais mais le 24 août 2022 il a mentionné pour la première fois la construction de « réacteurs de nouvelle génération ».

Le Japon compte 33 réacteurs opérables et 24 réacteurs en démantèlement. Sur ces 33 réacteurs opérables, seulement dix ont redémarré depuis l’accident de Fukushima. Le 13 mai dernier, Fumio Kishida appelait à maximiser, en plus des énergies renouvelables, l’utilisation du nucléaire tout en précisant que de nouvelles constructions n’étaient pas à l’ordre du jour. L’accent était alors sur le redémarrage du parc nucléaire.

Quelques mois plus tard, sa position a évolué. Le 24 août 2022, le Premier ministre japonais mentionnait désormais la construction de « réacteurs de nouvelles générations ». À cette occasion, il a également rappelé l’importance de prolonger la durée d’exploitation des réacteurs. Certains ont d’ores et déjà obtenu l’autorisation de prolonger leur durée d’exploitation de 40 à 60 ans.

Sans nouvelles constructions, la production nucléaire se réduira d’année en année sur l’archipel accentuant les difficultés du réseau électrique. L’objectif affiché dans le plan pluriannuel à l’énergie (2021-2024) est d’atteindre 20 à 22 % de nucléaire dans le mix électrique en 2030 contre 7 % aujourd’hui. Depuis le début de l’année, le ministre de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie a appelé plusieurs fois la population à économiser l’énergie notamment en mai et en juin alors que le thermomètre flirtait avec les 40°C dans plusieurs régions et que certains moyens de production thermiques étaient indisponibles.

Un tournant dans la politique japonaise ?

Le terme japonais utilisé, traduit ici par « réacteurs de nouvelles générations », est large. Il englobe aussi bien des technologies à eau légère à la sûreté renforcée (GenIII+[1]) que des petits réacteurs modulaires (SMR) à eau légère ou de génération IV (GenIV). La construction de nouveaux réacteurs de GenIII+, à eau bouillante ou à eau pressurisée, permettrait au Japon de renouveler une partie du parc nucléaire alors que celui-ci, même avec une durée d’exploitation de 60 ans, est appelé à s’éteindre.

Au sujet des SMR et des réacteurs de GenIV, le Japon poursuit ses efforts avec le développement de plusieurs modèles (voir interview de Fabienne Delage, conseillère nucléaire de l’ambassade de France à Tokyo). À titre d’illustration, le redémarrage de son réacteur à haute température, le HTTR, peut-être mentionné. La Japan Atomic Energy Agency (JAEA) a d’ailleurs récemment renouvelé son partenariat avec le National Nuclear Laboratory (NNL) afin d’avancer sur cette technologie. Le Japon participe également à plusieurs projets internationaux de réacteurs à neutrons rapides mais aussi de SMR. ■

Par Gaïc Le Gros (Sfen)

Photo : Le Premier ministre Fumio Kishida – © Takuya Matsumoto / Yomiuri / The Yomiuri Shimbun via AFP

[1] Comme l’EPR, l’AP1000, le VVER 1200/TOI, le Hualong One, l’APR-1400.

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