Hinkley Point C : industriels et institutions s’organisent - Sfen

Hinkley Point C : industriels et institutions s’organisent

Publié le 14 avril 2015 - Mis à jour le 28 septembre 2021
  • Hinkley Point
  • Royaume-Uni
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D’un montant de 16 milliards de livres, Hinkley Point C (« HPC ») est le projet énergétique le plus important d’Europe. Le futur réacteur EPR devrait alimenter en électricité plus de 5 millions de foyers britanniques.

En attendant l’aval définitif des autorités européennes, les industriels français et britanniques, et le régulateur, l’ONR (« Office for Nuclear Regulation ») s’organisent pour être prêts dès que le feu vert sera donné.

Tous ces acteurs étaient réunis à la Convention SFEN 2015, l’occasion pour eux de présenter leur travail et leur stratégie. 

« HPC » ou la renaissance du nucléaire britannique

Si le projet Hinkley Point C semble aujourd’hui bien avancé, le processus fût long. « Après une dizaine d’années de travail, la renaissance du nucléaire est en marche ! » résume Vincent de Rivaz, directeur général d’EDF Energy. Cette dynamique rompt avec une traversée du désert : entre 1995 et 2011, l’atome a été éclipsé par l’exploitation des ressources fossiles en mer du Nord.

Rattrapé par l’urgence climatique, le gouvernement britannique décide en 2011 de poser les premières bases de sa transition énergétique. En avril, un mois après l’accident de Fukushima, le Royaume-Uni est le premier pays à mettre en place un prix du carbone pour encourager les investissements dans les technologies bas carbone. Deux ans plus tard, en 2013, le pays engage une vaste réforme de son marché de l’électricité et introduit une dose de régulation pour encourager le développement des énergies bas carbone.  

« One project, one team »

« One project, one team », c’est avec ces mots que Vincent de Rivaz résume la philosophie du projet Hinkley Point. « Cluster de l’expertise nucléaire », Hinkley Point réunira les entreprises françaises et britanniques du secteur. En témoigne le rapprochement entre les différents acteurs : l’association entre le français Bouygues et le britannique Laing O’Rourke (dans le BTP), et la joint-venture entre Boccard et Cavendish. « Au total, la construction d’Hinkley Point C nécessitera la signature de 200 contrats avec des sous-traitants », a indiqué Marc Lachaise, responsable des achats chez EDF Energy.

« Avec EDF Energy, nous avons développé une approche commune de la supply chain, a souligné Philippe  Samama, d’AREVA. On a déjà posé des options avec des entreprises britanniques pour que tout soit prêt. Donc, dès que la décision d’investissement sera prise, nous serons parfaitement en ordre de marche pour le faire. Les entreprises de la supply chain sont de haut niveau au Royaume-Uni, mais il y a un petit manque de visibilité car certains doivent investir pour s’adapter au secteur nucléaire et ne le font pas encore car il reste cette incertitude sur la décision finale d’investissement. C’est ma principale inquiétude, mais il y a une forte volonté et un désir de participer. » En effet, les entreprises britanniques qui ne sont pas spécialisées, doivent s’adapter aux standards exigeants de l’industrie nucléaire.

Porté initialement par EDF et AREVA, le consortium du projet d’Hinkley Point s’est enrichi de deux nouvelles entreprises, chinoises, CGN et CNNC. Des partenaires qui connaissent les chantiers de nouvelles constructions : « la Chine construit un réacteur chaque mois ! » aime à rappeler Vincent de Rivaz. Et de conclure « J’ai confiance dans ce triangle : Paris, Londres, Pékin ».

Ce projet et ces partenariats ne sont pas un « one shot ». Pour Serge Klaeyle, représentant du PFME (Partenariat France-Monde Electricité), « le programme anglais permet d’amortir ces partenariats dans le long terme ». D’autres projets sont dans les cartons notamment à Sizewell où le gouvernement britannique souhaite construire deux réacteurs EPR.

Pour Vincent de Rivaz, Hinkley Point est une première étape. Dans le futur, la collaboration entre les entreprises britanniques et françaises se renforcera. A terme, elles devraient être capables de conquérir ensemble de nouveaux marchés en Europe et au-delà. 

L’autorité de sûreté

A la différence d’autres industries comme l’aéronautique, il n’existe pas dans le nucléaire une harmonisation des normes, des standards et des méthodes de travail, si bien qu’ils varient entre les pays.

Pour que le réacteur EPR soit certifié, « la coopération et le dialogue entre l’ONR et EDF sont essentiels pour comprendre les normes de chacun » indique Peter Ackroyd, inspecteur principal pour l’ONR.

Proche de l’ASN française sur certains aspects comme l’indépendance, l’ONR a ses singularités. L’une d’elle est sa philosophie. L’ONR souhaite tout mettre en œuvre pour que le projet Hinkley Point aboutisse. Son rôle « est d’accompagner la stratégie du gouvernement ». Par ailleurs, l’ONR met un point d’honneur à faire en sorte que les projets se réalisent dans le calendrier et dans le budget initialement défini. « Il faut que nous fournissions nos évaluations dans les temps, mais si nous constatons un problème de sûreté, nous prendrons le temps nécessaire ».

Copyright photo – HAYES DAVIDSON

Publié par Boris Le Ngoc

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