Déchets radioactifs : Le stockage géologique profond franchit des étapes importantes à l'international - Sfen

Déchets radioactifs : Le stockage géologique profond franchit des étapes importantes à l’international

Publié le 4 décembre 2024

Deux pays, dotés d’infrastructures nucléaires, ont récemment franchi des étapes importantes pour le stockage de leurs combustibles usés. La Suède a en effet reçu, à la fin du mois d’octobre 2024, l’autorisation de débuter les travaux préparatoires sur le futur site de stockage géologique profond. Peu après, le Canada a officiellement annoncé avoir choisi son site pour le stockage géologique en profondeur.

En 2011, l’entreprise suédoise Svensk Kärnbränslehantering AB (SKB) avait déposé une demande d’autorisation, pour le projet de stockage géologique profond des combustibles nucléaires usés et des déchets hautement radioactifs, auprès du tribunal foncier et environnemental du district de Nacka. Onze ans après, le gouvernement suédois avait déclaré le projet conforme au code environnemental du pays. Le 24 octobre 2024, le tribunal a désormais accordé l’autorisation à SKB de débuter les travaux préparatoires sur le site.

Lancement des travaux préparatoires en Suède

Les travaux préparatoires pourront débuter dès que le conseil administratif du comté d’Uppsala aura approuvé le programme de contrôle. Ceux-ci concernent : « l’abattage de forêt, les travaux d’excavation pour la zone d’exploitation, la construction d’une zone de stockage de roches, la construction d’un pont au-dessus du canal d’eau de refroidissement, le remplissage de la zone d’exploitation et l’installation de dispositifs de traitement de l’azote » détaille le communiqué. En outre, le tribunal a établi des conditions visant à limiter l’impact de l’activité sur l’environnement par des mesures de protection contre le bruit, l’abaissement des nappes phréatiques, les rejets dans les eaux et a aussi fixé des mesures pour la protection des espèces protégées et des zones naturelles. Par la suite, un rapport de sécurité devra être approuvé par l’Autorité de sûreté radiologique suédoise (SSM) pour que SKB puisse commencer les travaux de creusement des tunnels. L’installation devrait être finalement mise en service d’ici 2035.

Pour rappel, le projet de stockage des déchets radioactifs de SKB sera implanté à Östhammars, à quelques kilomètres de Stockholm. Il est dimensionné pour accueillir les déchets les plus radioactifs issus des 12 réacteurs nucléaires de Suède (dont six sont aujourd’hui en exploitation), soit 6 000 conteneurs contenant environ 12 000 tonnes de déchets nucléaires. Le dispositif retenu correspond à une installation située à environ 500 mètres de profondeur dans une roche granitique, dans laquelle seront stockés les déchets radioactifs dans des conteneurs en cuivre. Le permis ne s’applique néanmoins pas aux déchets d’un éventuel nouveau programme nucléaire.

Le Canada sélectionne son site

Un mois après la nouvelle suédoise, le Canada a lui aussi franchi une étape importante pour la gestion de ses combustibles usés. En effet, le 28 novembre 2024, le pays a annoncé avoir sélectionné son site de stockage géologique profond. La Société de gestion des déchets nucléaires (SGDN) a donc retenu un site localisé dans le nord-ouest de l’Ontario, suite au consentement accordé par le Canton d’Ignace et la Nation Ojibwé de Wabigoon Lake. Le stockage des déchets radioactifs s’effectuera à 500 mètres de profondeur dans une roche cristalline, comme en Suède.

Plan conceptuel du site de stockage géologique canadien

À présent, le projet entre dans un processus réglementaire sur plusieurs années. Il mobilisera la Commission canadienne de sûreté nucléaire et l’Agence d’évaluation d’impact du Canada pour s’assurer que le projet respecte les critères réglementaires de sûreté et de sécurité. La construction du stockage devrait débuter d’ici 2033, pour une mise en service au début des années 2040.

Avancée de Cigéo en France

Du côté de la France, le projet de stockage géologique profond Cigéo avance lui aussi. L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) avait déposé la demande d’autorisation de création (DAC) en 2023. La première étape de son instruction par l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) avait été franchie en juin 2024. Les deux autres phases sont actuellement en cours d’instruction. Par la suite, les travaux préparatoires devraient débuter d’ici 2027 après la délivrance d’un décret d’autorisation de création. ■

Par François Terminet (Sfen)

Image : rendu conceptuel 3D du futur site de stockage géologique en Suède, Source : SKB