Une activité industrielle unique au cœur de l’Aube
L’Andra est présente depuis les années 1990 dans les épaisses forêts de l’Aube. À une demi-heure de Troyes, l’agence a installé ses deux seuls centres de stockage en activité, à quelques minutes l’un de l’autre : le CSA pour les déchets de faible et moyenne activité à vie courte (FMA-VC) et le Cires pour la gestion des déchets de très faible activité (TFA) et l’entreposage de déchets non électronucléaires. Des centres modernes, robotisés, à la pointe de l’exigence, où chaque jour plus de 200 professionnels gèrent l’essentiel des déchets radioactifs produits en France. Reportage.
8 h – Arrivée des premiers camions
Avant de visiter les centres de l’Andra, on peut imaginer que des camions remplis de déchets vont et viennent pour y décharger leur stock. En réalité, les camions que l’on croise sont peu nombreux et, pour l’essentiel, ceux utilisés pour la construction de nouvelles installations sur les centres.
En amont, l’Agence et les producteurs de déchets mettent tout en œuvre pour que l’activité soit la plus régulière possible, gage d’une prestation de qualité et de sûreté pour les professionnels. En moyenne, six camions par jour ouvré apportent les colis de déchets au CSA [1], dix au Cires [2].
10 h 40 – Conditionnement des déchets
L’Andra a établi une quinzaine de typologies de colis, du fût de 200 litres au grand caisson de 5 à 10 m3 en métal ou en béton. Chaque catégorie est destinée à une zone de stockage bien précise et fait l’objet d’un suivi informatique en temps réel (un code barre trace le colis tout au long de sa vie, de son arrivée à son emplacement dans les ouvrages.
À leur arrivée au CSA, les colis de déchets sont contrôlés administrativement et radiologiquement avant d’être stockés ou envoyés préalablement à l’atelier de conditionnement pour y être compactés et/ou injectés de béton/mortier.
11 h – Compactage des colis au CSA
Certains fûts métalliques (contenant des vinyles, gants…) sont compactés. Placés en file indienne, ils sont un à un aplatis par une immense presse avant d’être injectés de mortier.
Pour les déchets les plus volumineux, du mortier est injecté dans des caissons métalliques de grande taille pour garantir leur résistance mécanique. Toutes ces opérations sont pilotées à partir de la salle de conduite.
11 h 20 – Répartition des colis dans les ouvrages du CSA
Les colis sont répartis dans des ouvrages en béton armé de 25 mètres de long sur 8 mètres de haut. Une immense pince cherche le colis dans le camion. Son code barre est scanné et le colis déposé automatiquement dans l’ouvrage à son emplacement exact. Du béton est coulé entre chaque colis à enveloppe métallique. Et pour en garantir la résistance, du gravier est injecté dans l’espace de stockage de colis à enveloppe béton.
15 h 40 – Fermeture d’un ouvrage
Une fois remplis, ces ouvrages sont fermés par une dalle en béton dont l’étanchéité est assurée par un revêtement imperméable. En 2014, quatre ouvrages ont été fermés. À la fin de l’exploitation, une couverture définitive composée notamment d’argile, sera placée sur les ouvrages pour limiter les transferts à long terme pendant la période de surveillance de 300 ans.
15 h 20 – Construction de la 9e tranche
Sur le site du CSA, l’Andra a construit 150 ouvrages répartis en huit tranches. L’Agence mène actuellement des travaux pour construire la 9e tranche (25 ouvrages), chantier particulièrement important pour le site.
Pendant ce temps, au Cires
Les camions déchargent leurs déchets dans d’immenses alvéoles (176 m de long et 25 m de large) creusées à 8,5 mètres de profondeur dans une couche d’argile. Les déchets très faiblement radioactifs sont placés dans des sacs (« big bag »). On y trouve aussi parfois des objets volumineux comme des générateurs de vapeur.
Le Cires abrite une vingtaine d’alvéoles. Plusieurs ont déjà été recouvertes et se fondent dans le paysage. La couverture se compose d’une couche de sable de quelques dizaines de centimètres, d’une géomembrane garantissant l’imperméabilité du stockage et d’un géotextile de protection résistant aux rayonnements UV. Enfin, une couverture argileuse posée sur les alvéoles assure le confinement à long terme.
16 h 40 – Travaux d’optimisation au Cires
L’Andra cherche à optimiser la ressource rare : l’espace de stockage. En complément des recherches et des efforts de l’ensemble de la filière nucléaire pour réduire les volumes de déchets à stocker, les ingénieurs de l’Andra étudient aussi l’optimisation et le dimensionnement des alvéoles pour améliorer le ratio m3 de colis de déchet par m2 de surface du site. En effet, dans son inventaire 2015, l’Andra prévoit que d’ici 2030, le démantèlement des installations nucléaires entraînera un triplement du volume des déchets, pour l’essentiel de très faible activité.
17 h 10 – Contrôle de l’empreinte environnementale
Pour s’assurer que l’impact de ses activités reste le plus faible possible dans et autour de ses centres, l’Andra procède à plus de 15 000 mesures par an. Chaque jour, des contrôles permettant d’évaluer la qualité de l’air, des eaux, des sédiments des ruisseaux environnants, des végétaux et de la faune sont effectués par les équipes chargées de la surveillance de l’environnement. Par ailleurs, lorsque la CLI en fait la demande, elle peut elle-même effectuer ses propres prélèvements sur le site.
CSA : Centre de stockage de l’Aube
Cires : Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage