Accord historique entre l’AIEA et la Banque mondiale sur le développement du nucléaire - Sfen

Accord historique entre l’AIEA et la Banque mondiale sur le développement du nucléaire

Publié le 27 juin 2025 - Mis à jour le 17 juillet 2025

Enfin, la Banque mondiale réintègre le nucléaire dans sa stratégie de financement du développement. Elle s’allie à l’AIEA pour accompagner les pays qui misent sur l’atome comme levier d’accès à une électricité fiable, abordable et bas carbone. Qu’il s’agisse de construction de nouveaux réacteurs ou de prolongation d’unités existantes.

La Banque mondiale a franchi sa première étape depuis la fin de son interdiction de financer les projets nucléaires en concluant un partenariat avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour soutenir les pays qui choisissent d’inclure l’énergie nucléaire dans leurs stratégies de développement.

Dans le cadre de cet accord de partenariat, les deux institutions vont renforcer les capacités, consolider les garanties et partager une expertise technique, tout en aidant la Banque mondiale à « approfondir ses connaissances internes dans des domaines tels que la planification énergétique, les cadres réglementaires, le renouvellement des réacteurs existants et le déploiement de nouvelles technologies comme les petits réacteurs modulaires ».

Un tournant historique pour la Banque mondiale

L’énergie nucléaire a été approuvé par le Conseil d’administration de la Banque mondiale il y a deux semaines « dans le cadre d’une approche plus large de l’électrification – une approche qui donne la priorité à l’accessibilité, à l’abordabilité et à la fiabilité, fournie d’une manière qui gère les émissions de façon responsable. L’objectif est d’aider les pays à fournir l’énergie dont leurs populations ont besoin, tout en leur donnant la flexibilité de choisir la voie qui correspond le mieux à leurs ambitions de développement, à leur contexte national et à leurs contributions déterminées au niveau national. »

Le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, et le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Rafael Mariano Grossi, ont signé cet accord lors d’un événement à Paris. Ajay Banga a souligné que la consommation moyenne d’électricité par personne dans les pays à revenu élevé était d’environ 50 MWh par an, tandis qu’en Afrique elle était de 4 MWh. Il a déclaré que cet écart s’était creusé ces dernières années, rendant « beaucoup plus difficile la croissance et le développement équitables de notre monde », la demande en électricité dans les pays en développement devant plus que doubler d’ici 2035.

Répondre à la demande croissante des pays en développement

« Répondre à cette demande nécessitera un investissement annuel dans la production, les réseaux et le stockage passant de 280 milliards aujourd’hui à environ 630 milliards de dollars. Cette échelle est ce qui motive notre effort pour connecter 300 millions de personnes en Afrique à l’électricité d’ici 2030 avec la Banque africaine de développement. C’est pourquoi nous avons développé une voie très claire pour faire de l’électricité un moteur de développement », explique-t-il.

La patron de la Banque mondiale estime que le développement exige une base de production stable et fiable à long terme, et « ce qui est nouveau, c’est que pour la première fois depuis des décennies, le Groupe de la Banque mondiale va commencer à réintégrer l’espace de l’énergie nucléaire… c’est une étape importante que nous franchissons avec prudence, mais surtout avec un partenariat et une intention ».

Les trois domaines prioritaires sont, premièrement, de renforcer les capacités et de consolider la capacité de la Banque mondiale à conseiller sur les garanties de non-prolifération, la sûreté, la sécurité et les cadres réglementaires. Le deuxième domaine consiste à envisager une prolongation de la durée de vie des réacteurs existants, « l’un des moyens les plus rentables » de produire de l’électricité. Troisièmement voir si « nous pouvons faire quelque chose ensemble pour accélérer le potentiel des petits réacteurs modulaires afin qu’avec le temps, ils deviennent une option plus viable pour davantage de pays ».

Ajay Banga assure : « Le Groupe de la Banque mondiale ne peut pas faire cela seul, et c’est pourquoi le partenariat avec l’AIEA est essentiel pour nous. Il marque une première étape très concrète dans notre retour à l’énergie nucléaire. L’AIEA nous aidera à renforcer nos capacités internes dans un large éventail de sujets, la planification énergétique, le cycle de vie des projets, la gestion du combustible, l’élimination des déchets et l’infrastructure technique nécessaire à la réussite. Cette approche coordonnée approfondira notre compréhension de la place que peut occuper l’énergie nucléaire de manière responsable et donnera à nos clients l’accès aux conseils et au soutien dont ils ont besoin pour suivre cette voie s’ils choisissent de le faire. »

Un signal fort pour les institutions financières internationales

Le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, a fait référence aux événements mondiaux actuels et a déclaré que cet accord montrait que « lorsque nous travaillons ensemble, lorsque nous avons une bonne idée, lorsque nous avons la volonté de faire quelque chose et de changer les choses, c’est possible ».

Il a salué le travail du président de la Banque mondiale, en déclarant que « pendant de très nombreuses années, un discours disait que cela n’était pas possible et pendant de très nombreuses années… l’industrie nucléaire, ceux qui font réellement ce travail, se heurtaient à un mur qui disait que l’investissement dans le nucléaire n’était pas quelque chose pour les institutions financières internationales ».

« Dans mes innombrables séries de conversations dans de nombreuses régions du monde, lorsque j’approchais des banques, des banques régionales et des financiers , ils se référaient à la position de la Banque mondiale », rapporte Rafael Grossi. Il a conclu en déclarant que « le grand problème que nous avions était le manque de financement – le fait que de nombreux pays en développement, voire certains dans les économies industrialisées, avaient besoin d’un soutien financier. Et maintenant, ils savent qu’ils peuvent venir à la Banque mondiale, qu’ils peuvent parler à la Banque mondiale. Ils peuvent expliquer ce qu’ils veulent faire dans différents domaines, commencer par les prolongations de durée de vie des réacteurs existants, mais aussi réaliser des études de faisabilité, examiner des projets concrets, en évaluer la faisabilité et travailler ensemble ». ■

Par la Sfen avec WNN
Image : @AIEA