7. L’EPR Flamanville : de la construction à l’exploitation
Alain Morvan, directeur du projet EPR de Flamanville chez EDF, a décrit l’avancement du réacteur lors de la Convention annuelle 2022 de la Sfen.
L’EPR Flamanville se trouve dans la dernière ligne droite avant son chargement en combustible prévu au deuxième trimestre 2023. Alors que 90 % des bâtiments ont déjà été transférés à l’exploitant, quelles sont les dernières avancées du site et les ultimes étapes avant la mise en service de ce réacteur de 1 650 MWe ?
Lancé en 2007, soit deux ans après le chantier de l’EPR finlandais, les difficultés rencontrées lors de sa construction ont retardé la connexion de Flamanville 3 au réseau. Ces difficultés ont d’ailleurs fait l’objet d’un rapport1 sur lequel s’est appuyée la filière afin de lancer un vaste programme dédié à la reconquête de l’excellence. Aujourd’hui, l’EPR Flamanville amorce son sprint final avec pour objectif le chargement du combustible au deuxième trimestre 2023 puis le démarrage du réacteur dans la foulée. Au-delà des finitions et de la préparation à l’exploitation, deux sujets font l’objet d’une attention particulière.
Premièrement, les équipes du site s’attèlent à la reprise des soudures afin de remettre en conformité les circuits secondaires principaux qui vont des générateurs de vapeur à la turbine située dans la salle des machines. Une action qui doit s’achever d’ici à la fin de l’année 2022. Deuxièmement, EDF a pris en compte le retour d’expérience de Taishan 1, l’un des deux EPR exploité en Chine, concernant l’inétanchéité de certains assemblages de combustible observée lors de son deuxième cycle. Les solutions ont par ailleurs été présentées à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Lors de la Convention de la Sfen en juin 2022, EDF est revenu en détail sur les avancées du chantier et sur les solutions apportées aux derniers sujets techniques, alors que de plus en plus d’équipements passent des mains de l’équipe de construction à celles de l’exploitant.
Une installation en pré-exploitation
« Ce qu’il faut retenir, c’est que le site est quasiment dans sa configuration définitive, appuie Alain Morvan, directeur de projet Flamanville 3. Il est en pré-exploitation depuis maintenant quelques mois ». En effet, 90 % des bâtiments et 70 % des systèmes ont été transférés à l’exploitant et le dernier assemblage de combustible a été mis en piscine le 24 juin 2021. Plus précisément, l’exploitation passe de la direction de projet de Flamanville 3 de la DIPNN2 à la Division production nucléaire (DPN), qui exploite toutes les centrales nucléaires. EDF et ses partenaires, notamment Framatome et Westinghouse, réalisent les finitions de l’installation ainsi que les opérations de remise en conformité demandées par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). « Plus de 95 % des locaux sont peints, plus de 95 % des activités de métallerie sont terminées, près de 81 % des enrubannages [protection des câblages, ndr] sont réalisés et 95 % des calfeutrements sont achevés », a annoncé fin juin, dans un communiqué, EDF.
La reprise des soudures des circuits secondaires principaux
Le premier semestre 2022 a été marqué par une phase industrielle. En juillet 2018, à la suite des contrôles menés sur des soudures des circuits secondaires principaux, EDF avait annoncé que 33 présentaient des écarts de qualité et allaient faire l’objet de réparation. Vingt autres ne présentaient pas de défaut, mais ne respectaient pas les exigences du référentiel d’exclusion de rupture. Pour 8 soudures dites de « traversée d’enceinte », qui sortent du bâtiment réacteur pour venir in fine alimenter en vapeur la turbine, EDF avait d’abord proposé une démarche de justification en l’état. Après une période d’instruction de diverses solutions auprès de l’ASN, cette dernière a exigé dans son courrier du 19 juin 2019 la reprise des soudures avant le démarrage du réacteur.
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