6. “La politique française en matière de gestion des déchets radioactifs est solide” - Sfen

6. “La politique française en matière de gestion des déchets radioactifs est solide”

Publié le 24 avril 2023 - Mis à jour le 25 juillet 2023

Article publié dans la Revue Générale Nucléaire PRINTEMPS 2023 #1

L’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra) a déposé, le 16 janvier dernier, la demande d’autorisation de création (DAC) du site de stockage  géologique Cigéo. Son directeur général, Pierre-Marie Abadie, revient sur ce chantier majeur et détaille les travaux de l’agence dans le cadre de sa feuille de route 2026. 

Dans les débats publics en cours et même bien avant eux, on entend dire que « la gestion des déchets nucléaires pose problème ». Que peut-on répondre à cela ?

Pierre-Marie Abadie : Tout d’abord, et c’est souvent méconnu, 90 % du volume total des déchets radioactifs sont de très faible activité et de faible et moyenne activité principalement à vie courte. Pour ces déchets nous disposons d’installations industrielles qui permettent d’assurer leur gestion de manière sûre : le centre de stockage de la Manche, aujourd’hui en phase de fermeture, et les deux centres industriels de l’Aube.

Les 10 % restants sont des déchets à vie longue, les déchets de faible activité à vie longue (FA-VL) d’une part, et les déchets de haute activité (HA) et de moyenne activité à vie longue (MA-VL) d’autre part. Pour ces derniers, qui représentent de faibles volumes (de l’ordre de 3 %) mais concentrent l’essentiel de l’activité radiologique des déchets, l’Andra développe Cigéo, le projet français de stockage en couche géologique profonde. Ce concept de stockage géologique, retenu par la grande majorité des pays concernés, a fait l’objet en France de plus de 30 ans de recherches et d’études de concep- tion, régulièrement évaluées, d’échanges et de concertations publics. La loi relative à la ges- tion durable des matières et déchets radioactifs de 2006 en a confirmé l’option.

Enfin, je voudrais souligner que la politique française en matière de gestion des déchets radioactifs est solide. Elle est d’ailleurs très bien évaluée à l’international. Elle s’appuie sur une planification forte, avec le Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR), sur des institutions solides (l’Andra, la Commission nationale des recherches et études relatives à la gestion des matières et des déchets radioactifs ou CNE2, l’ASN) et sur un financement assuré par les producteurs de déchets radioactifs, selon le principe pollueur-payeur.

Votre feuille de route, le Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs 2022-2026 a été publié début 2023. Que va-t-il changer ?

P.-M. A. : Le PNGMDR 2022-2026 a fait l’objet d’un long et inédit processus de concertations puisqu’il fait suite à un débat public organisé par la CNDP, puis à une concertation post-débat public. Par ailleurs, la maîtrise d’ouvrage du plan relève désormais de la seule responsabilité du gouvernement. Le nouveau plan constitue une feuille de route pour les cinq prochaines années et appelle des décisions, notamment en ce qui concerne la gestion des déchets TFA, des déchets FA-VL et de la poursuite du projet Cigéo.

Concernant les déchets TFA, dans la continuité des éditions précédentes, il prescrit à l’Andra de déposer la demande d’autorisation pour le projet Acaci, pour lequel l’agence a organisé une concertation préalable volontaire en 2021. Il s’agit d’augmenter la capa- cité de stockage autorisée du Cires (Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage) de 650 000 m3 à 950 000 m3, sans augmenter la surface de la zone d’emprise actuelle du stockage. À plus long terme, le PNGMDR recommande la poursuite des études visant à réduire les volumes de ces déchets principalement produits lors des opérations de démantèlement d’installations nucléaires (valorisation de certaines pièces métalliques, de gravats, stockage à proximité des sites en démantèlement) afin d’alimenter la mise à jour, d’ici à 2024, du schéma in- dustriel global de gestion des déchets TFA. Schéma qui devra au préalable faire l’objet d’une analyse sur des critères environne- mentaux, techniques, économiques. Ce travail permettra notamment d’identifier les besoins en nouvelles capacités de stockage pour prendre le relais du Cires lorsque celui-ci aura atteint sa capacité maximale.

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Propos recueillis par Ludovic Dupin, Sfen

Photo I Pierre-Marie Abadie, directeur général de l’Andra.

© Andra