10. « Tous les acteurs émergents viennent voir Framatome »
Jean-Marie Hamy est directeur des réacteurs avancés chez Framatome. Il détaille pour la RGN comment le concepteur d’îlots nucléaires et de fabrication des combustibles est sollicité pour accompagner l’émergence de nouveaux acteurs de la filière nucléaire.
Quel travail Framatome mène-t-elle sur le sujet des réacteurs innovants ?
Nous sommes engagés de longue date sur les filières « réacteurs avancés ». Par le biais de notre filiale allemande, nous avons acquis une expérience de conception et de construction de réacteurs à haute température (HTR). Deux HTR récemment démarrés en Chine sont d’ailleurs inspirés de l’expérience allemande, même si les Chinois ont développé ce concept par eux-mêmes. Dans les années 2000, nous avons également travaillé sur le modèle français de HTR Antares. Aux États-Unis, nous développons un jumeau numérique des systèmes de sauvegarde du concept SC-HTR de Framatome avec les solutions d’intelligence artificielle apportées par Metroscope, le Spin-off R&D d’EDF. En ce qui concerne les réacteurs à neutrons rapides au sodium (RNR Na), c’est toute l’histoire de la filière française à laquelle Framatome a participé. Le projet Astrid a généré beaucoup d’acquis techniques au cours de l’avant-projet sommaire de ce démonstrateur de 600 MWe, qui a donné lieu en fin de projet à l’exploration d’un concept d’une puissance réduite à 150 MWe (dans la gamme des petits réacteurs ou AMR). Il n’y a pas eu de lancement de la phase d’avant-projet détaillé à ce jour. La technologie RNR Na continue de s’appuyer sur plusieurs programmes de recherche pilotés par le CEA ou en coopération avec le Japon. Depuis 2014, nous étudions par ailleurs la technologie des réacteurs à sels fondus avec le CNRS. Nous avons financé des thèses et des développements de modélisation multiphysique.
Comment Framatome participe-t-elle à l’engouement mondial pour les SMR ?
Les SMR à eau sous pression, s’appuient à la base sur une technologie et un procédé, coeur de métier de Framatome, depuis la conception, jusqu’aux usines de fabrication et la mise en service. Peu d’entreprises dans le monde ont une telle expérience en matière de réacteur à eau pressurisée (REP). Pour la France, nous sommes partie prenante du projet Nuward. Nous sommes sollicités sur l’avant-projet sommaire (APS) et nous préparons avec le projet Nuward notre contribution à l’avant-projet détaillé (APD). Nous avons été consultés pour des études de faisabilité sur le combustible et les composants, dont le bloc chaudière. En Amérique du Nord, les porteurs de projets se sont adressés à Framatome pour bénéficier des briques technologiques existantes sur le combustible et le contrôle-commande, par exemple. Nous sommes ainsi impliqués dans les projets portés par Nuscale et Holtec.
Quelle est votre relation avec les acteurs émergents que l’on voit apparaître en France et en Europe ?
Ce mouvement rappelle la vague qu’ont connue les États-Unis il y a une dizaine d’années. C’est positif, car nous voyons apparaître de nouveaux acteurs qui parlent avec enthousiasme et pertinence du nucléaire. Tous ces acteurs viennent nous voir – sans exception –, car nous avons de l’expérience et un outil industriel à faire valoir.
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