Fusion nucléaire : CFS, la start-up qui a charmé Nvidia et Google - Sfen

Fusion nucléaire : CFS, la start-up qui a charmé Nvidia et Google

Publié le 9 septembre 2025

La start-up américaine Commonwealth Fusion Systems (CFS), issue du MIT, vient de lever 863 millions de dollars supplémentaires auprès d’investisseurs prestigieux, dont Nvidia et Morgan Stanley. Soutenue depuis ses débuts par Bill Gates et comptant déjà Google comme client, elle ambitionne de démontrer la viabilité de la fusion nucléaire d’ici 2027 et de mettre en service sa première centrale en Virginie dans la prochaine décennie.

Quand on est une start-up, que l’on compte dans son capital Nvidia, première capitalisation boursière mondiale, et la fondation Bill Gates, sans compter que son premier client est Google, on peut dire que l’on « pèse dans le game ». C’est le cas de Commonwealth Fusion Systems (CFS), jeune pousse américaine issue du MIT, qui développe un réacteur à fusion nucléaire.

Une levée de fonds record avec Nvidia et Morgan Stanley

Fin août, CFS a annoncé avoir levé 863 millions de dollars supplémentaires auprès d’investisseurs prestigieux, dont NVentures (le bras de capital-risque de Nvidia) et Morgan Stanley, ainsi qu’un consortium de 12 entreprises japonaises menées par Mitsui & Co. Avec ce nouveau tour de table, la société totalise désormais environ 3 milliards de dollars collectés depuis sa création en 2018.

Un montant qui la place au sommet des acteurs les mieux financés du secteur de la fusion. Cette technologie encore expérimentale attire de plus en plus de capitaux. Fin juillet, l’Association industrielle de la fusion nucléaire (FIA) plaçait déjà CFS en pôle position avec plus de 2 mds$ levés, devant TAE Technologies (1,3 md$) et Helion Energy (1 md$). « Les investisseurs reconnaissent que CFS transforme la fusion en une réalité. Ils voient que nous mettons nos objectifs en œuvre et que nous les atteignons », se réjouit Bob Mumgaard, cofondateur et PDG de l’entreprise, cité par le Financial Time.

Sparc et ARC : la feuille de route de CFS

Le financement doit permettre de finaliser Sparc, machine expérimentale de type tokamak. CFS parie sur une technologie innovante : des aimants supraconducteurs à haute température, capables de générer un champ magnétique bien plus intense que ceux utilisés jusqu’à présent, et donc de contenir le plasma de fusion dans un volume réduit.

L’entreprise affirme que Sparc pourra produire dix fois plus d’énergie qu’il n’en consomme, une étape cruciale pour démontrer la viabilité scientifique et technique de la fusion. CFS estime avoir déjà franchi 65 % du chemin vers cet objectif et vise une démonstration dès 2027.

En parallèle, la start-up prépare le développement d’une première centrale de fusion à grande échelle, baptisée ARC. Elle serait construite dans le comté de Chesterfield (Virginie). Elle viserait une capacité de 400 MW et une mise en service dans la décennie 2030. La Virginie concentre la plus forte densité mondiale de data centers, dont la consommation d’électricité augmente rapidement sous l’effet de l’essor de l’intelligence artificielle. Selon des travaux menés par Goldman Sachs Research, la puissance mondiale nécessaire à cette technologie pourrait passer de 55 GW aujourd’hui à 84 GW en 2027.

Google, premier client de la fusion

Au-delà de la recherche et du développement, CFS a déjà conclu un contrat commercial inédit avec Google. Annoncé en juin, cet accord constitue l’un des tout premiers contrats de fourniture d’énergie par fusion. Ce contrat garantirait à la société californienne l’accès à la moitié de la capacité envisagée par le réacteur, soit 200 MWe. ■

Par Ludovic Dupin (Sfen)

Image : © Commonwealth fusion systems