Les États-Unis veulent leur réacteur nucléaire sur la Lune dès le début des années 2030 - Sfen

Les États-Unis veulent leur réacteur nucléaire sur la Lune dès le début des années 2030

Publié le 22 août 2025 - Mis à jour le 26 août 2025

Sean Duffy, le secrétaire aux transports sous la présidence de Donald Trump et administrateur par intérim de la Nasa, a annoncé vouloir accélérer les projets de construction d’un réacteur nucléaire sur la Lune pour les futures bases permanentes. Selon lui, l’enjeu est vital pour remporter la compétition contre la Chine et la Russie. Une directive vise ainsi l’installation du premier réacteur sur notre satellite naturel au début de la prochaine décennie.

En parallèle du regain d’intérêt pour la conquête spatiale, Américains, Chinois et Russes ambitionnent la construction de la première base habitée sur la Lune. Le directeur par intérim de la Nasa nommé par le Président Donald Trump en juillet 2025, Sean Duffy, a exprimé le 4 août 2025 son souhait d’accélérer les projets de la Nasa pour gagner la course internationale. La fenêtre de tir pour la construction d’un réacteur nucléaire américain sur la Lune est dorénavant fixée au début des années 2030. « Pour faire progresser correctement cette technologie essentielle afin de pouvoir soutenir une future économie lunaire, une production d’énergie de haute puissance sur Mars et pour renforcer notre sécurité nationale dans l’espace, il est impératif que l’agence agisse rapidement », a-t-il annoncé. Paradoxalement, ce volontarisme survient alors que le président des États-Unis avait engagé quelques mois plus tôt des coupes budgétaires conséquentes pour plusieurs projets et missions scientifiques de l’agence spatiale.

Lancement d’un appel à projets

« Il s’agit de gagner la deuxième course à l’espace », a déclaré Sean Duffy, également Secrétaire aux transports depuis janvier 2025. « Depuis mars 2024, la Chine et la Russie ont annoncé à au moins trois reprises leur intention commune d’installer un réacteur sur la Lune d’ici le milieu des années 2030. Le premier pays à le faire pourrait potentiellement déclarer une zone d’exclusion, ce qui empêcherait considérablement les États-Unis d’établir la présence prévue dans le cadre du programme Artémis », poursuit-il. L’enjeu du projet est explicitement géopolitique.

Pour concrétiser cette ambition, l’administrateur de la Nasa a donc lancé un appel à propositions auprès d’entreprises pour concevoir un réacteur nucléaire capable de produire au moins 100 kWe. Dans sa directive, Sean Duffy a également donné 60 jours à l’agence pour étudier les propositions industrielles qui seront recueillies et désigner un responsable pour le programme.

Pour rappel, la Nasa avait déjà entamé il y a plus d’une décennie des recherches sur des petits réacteurs nucléaires pour les futures bases habitées, comme le projet Krusty (Kilopower Reactor Using Stirling Technology) intégrant un réacteur d’une puissance de 10 kWe. De plus, l’agence spatiale américaine avait attribué en 2022 trois contrats à des entreprises pour un montant de 5 millions de dollars pour concevoir un réacteur d’une puissance d’environ 40 kWe.

Survivre à la nuit lunaire

Pourquoi faut-il du nucléaire ? Le recours à l’énergie solaire n’est pas suffisant pour alimenter des bases lunaires. En effet, les nuits sont extrêmement longues, soit 14 jours terrestres, et très froides. Par ailleurs, les américains souhaitent s’installer près du pôle sud, en raison de la présence de glace d’eau. C’est une zone constamment dans l’ombre. L’énergie nucléaire permettrait ici encore de fournir une énergie continue.

Cependant, des défis doivent encore être surmontés. Le réacteur devra fournir assez de puissance pour répondre aux besoins énergétiques de la base spatiale, tout en étant suffisamment petit et léger pour pouvoir le faire décoller de la Terre.

Pour en savoir plus sur ce sujet, retrouvez l’article d’Académie 235 : Pourrait-on construire des centrales nucléaires sur les futures bases spatiales ?

Par François Terminet (Sfen)

Image : Pleine lune à côté de la fusée Artémis I, Source : ©Nasa