Bernard Fontana confirmé à la tête d’EDF : ses six priorités
Confirmé par le Parlement, Bernard Fontana prend la tête d’EDF avec une feuille de route industrielle exigeante. Cet ancien patron de Framatome arrive avec un objectif clair : renforcer la performance du parc nucléaire, maîtriser les chantiers du nouveau nucléaire et garantir la soutenabilité financière du groupe. Retour sur les six priorités de celui qui promet de « projeter le nucléaire vers l’avenir ».
Le Parlement a validé mercredi 30 avril la nomination de Bernard Fontana au poste de président-directeur général d’EDF, succédant ainsi à Luc Rémont, en poste depuis 2022. Les commissions des Affaires économiques du Sénat et de l’Assemblée nationale ont approuvé cette décision à une majorité combinée de 55 voix contre 40, à l’issue d’auditions successives menées dans la matinée.
Ingénieur de formation et actuel directeur général de Framatome, Bernard Fontana est un habitué des environnements industriels complexes. Sa nomination, annoncée le 21 mars par l’Élysée dans la foulée du Conseil de politique nucléaire, vise à consolider la relance du nucléaire français, en particulier à travers la hausse de la production nucléaire et la réussite du programme EPR2.
Lors de son audition au Parlement, Bernard Fontana a exposé une feuille de route resserrée, structurée autour de six priorités. Sa ligne directrice : « .
🔴 Présidence d’@EDFofficiel : audition de Bernard Fontana
Suivez l’audition de @BernardFontana, candidat proposé aux fonctions de président-directeur général d’Électricité de France (EDF), par la #ComAfEcoSénat (@Dominiq_Estrosi). https://t.co/1u5AF7g43N
— Sénat (@Senat) April 30, 2025
- Relancer durablement la production nucléaire
Le premier objectif est d’augmenter la disponibilité du parc nucléaire français pour atteindre 400 TWh d’ici 2030, contre 361,7 TWh produits en 2024, déjà proche du maximum historique. Pour y parvenir, Fontana compte réduire la durée des arrêts de maintenance, optimiser la planification des interventions et augmenter la puissance des réacteurs « là où c’est possible ».
- Proposer une électricité compétitive aux industriels
Les contrats CAPN (contrats d’allocation de production nucléaire), attendus depuis plusieurs mois, doivent permettre de stabiliser les prix de l’électricité pour les grands consommateurs (les électro-intensifs). Fort de son expérience chez Framatome, Fontana mise sur sa connaissance fine du tissu industriel pour finaliser ces accords-clés.
- Maîtriser les coûts et délais du programme EPR2
EDF devra fournir d’ici fin 2025 un devis et un calendrier précis pour la construction des six nouveaux EPR2. Une décision finale d’investissement est attendue au plus tard au second semestre 2026, pour une mise en service avant fin 2038. Fontana insiste sur la capitalisation des retours d’expérience : « À Hinkley Point, la construction du deuxième réacteur va 30 % plus vite que celle du premier ».
- Relancer les investissements dans l’hydroélectricité
Ce secteur, en attente depuis près de 15 ans, ne pourra se débloquer qu’à condition de trouver un accord avec la Commission européenne. La position de Fontana est sans ambiguïté : « La ligne rouge, c’est la mise en concurrence ». En d’autres termes, EDF n’investira que si la gestion de ses concessions historiques reste protégée.
- Mener à bien les projets d’éolien en mer engagés
EDF est déjà positionné sur plusieurs parcs offshore attribués par appels d’offres. Le nouveau PDG entend respecter les engagements pris, tout en rappelant que « la temporalité du développement des énergies renouvelables est à la main du gouvernement ». Ces projets sont donc considérés comme complémentaires, mais non structurants.
- Assurer la soutenabilité financière du groupe
Avec un résultat net de 11,4 milliards d’euros en 2024 et un retour au versement de dividendes à l’État, EDF retrouve des marges de manœuvre. Bernard Fontana a fixé un cap : maintenir le ratio d’endettement à moins de 2,5 fois l’EBITDA. Une exigence qui conditionne l’ensemble des investissements à venir, en particulier dans le nouveau nucléaire.
« J’aime l’industrie »
Bernard Fontana a résumé sa ligne directrice en une formule simple mais révélatrice : « J’aime l’industrie, j’y ai consacré toute ma carrière ! ». Ce furent quasiment ses premiers mots devant l’audition au Sénat. Son parcours, jalonné de responsabilités chez SNPE (anciennement Société nationale des poudres et explosifs) Holcim, Areva NP, puis Framatome, témoigne d’une orientation profondément industrielle. Quelques semaines auparavant, le Premier ministre François Bayrou, Premier ministre, a salué un choix tourné vers l’avenir : « Bernard Fontana est un industriel qui a l’habitude de diriger des équipes, de gérer des chantiers. Le choix qui a été fait est de projeter le nucléaire vers l’avenir ». ■