Voiture électrique : l’invention d’hier pour la mobilité de demain
À l’heure où les experts du GIEC tirent la sonnette d’alarme pour prévenir le monde des conséquences du réchauffement climatique, le développement de la mobilité propre, et notamment de la voiture électrique, apparait comme une idée neuve et efficace pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre. C’est oublier que, dès le XIXe siècle, émergent les premiers véhicules électriques.
Selon l’adage bien connu, l’histoire serait un éternel recommencement. Le premier prototype de véhicule électrique apparaît aux Pays-Bas en 1835, mais il faut attendre l’invention de la batterie rechargeable au plomb par le Français Gaston Planté en 1865, et son amélioration par Camille Faure en 1859, pour que la voiture électrique se développe réellement. Elle sera présentée au public par l’inventeur et électricien Gustave Trouvé lors de l’Exposition internationale d’électricité à Paris en 1881. Ce développement de la voiture électrique va de pair avec l’électrification des usages que connaissent les sociétés modernes : éclairage public, tramways, trolleybus…
Une voiture électrique est un véhicule propulsé à l’aide d’un moteur électrique alimenté par une batterie (ou une pile à combustible), qu’il faut régulièrement recharger. À l’époque, les bornes de recharge existaient déjà, elles étaient sobrement baptisées « colonne de charge ». Le modèle était pensé pour s’intégrer dans l’espace urbain avec un design proche d’une boite aux lettres. Le système fonctionnait avec des jetons, l’usager devait alors choisir l’intensité de la charge (de 25 à 80 ampères).
Le développement de ce nouveau mode de transport, qui remplace les fiacres et autres voitures de louage à cheval, est fulgurant. En 1890, la première course automobile des États-Unis est remportée à Springfield par une voiture électrique. Quelques années plus tard, le célèbre modèle, la « Jamais Contente » de l’ingénieur belge Camille Jenatzy, bat le record de vitesse d’une voiture en dépassant les 100 km/h ! En 1897, la Electric Carriage & Wagon Company of Philadelphia met en circulation une flotte de taxis électriques. Des initiatives similaires se développent en Europe, notamment à Londres avec la London Electricity Cab Company.
Le XXe siècle, l’ère du moteur thermique
Au tournant du XIXe et du XXe siècle, trois modes de propulsion se partagent le marché de la voiture automobile : le moteur thermique, le moteur électrique et le moteur à vapeur. Les lacunes du moteur à combustion sont progressivement gommées. Le coup de grâce viendra en 1908 avec la Ford Motor Company qui commercialise aux États- Unis son plus célèbre modèle : la Ford T. L’assemblage à la chaîne abaisse les coûts de production et le démarreur électrique de Charles Kettering augmente le confort des véhicules thermiques en supprimant le démarrage à la manivelle. Ces véhicules thermiques, nouveaux modèles, séduisent la bourgeoisie américaine. Avec un coût unitaire compris entre 500 et 1 000 dollars, ils sont deux fois moins chers que leurs concurrents électriques. Dans l’entre-deux-guerres, le véhicule à essence, plus compétitif et doté d’une meilleure autonomie, aura donc raison des voitures électriques et de leurs colonnes de charge.
Si d’autres types de mobilité électrique apparaissent, à l’instar de la trottinette électrique de la suffragette Lady Florence Norman, à Londres, en 1916, l’euphorie électrique va progressivement s’estomper jusqu’à nos jours, où l’enjeu climatique lui offre un retour en grâce.