Vermont Yankee : le démantèlement du cœur du réacteur achevé
Le 13 décembre 2022, Orano a annoncé avoir finalisé en moins de quatre ans la découpe et le conditionnement de la cuve et des composants internes du réacteur à eau bouillante de la centrale américaine de Vermont Yankee.
La centrale de Vermont Yankee n’accueillait qu’un unique réacteur à eau bouillante d’une puissance de 500 MW, opéré de 1972 à 2014. Deux ans après sa fermeture, en 2016, l’installation a été transférée[1] à NorthStar, le leader de la déconstruction d’installations industrielles dans le monde. Dans le cas présent, NorthStar assure en tant que propriétaire du site, le pilotage du projet et le démantèlement du génie civil, non ou très faiblement radioactif, mais aussi la remise en état du site pour un retour à l’herbe avec uniquement le combustible usé en attente d’évacuation. Dans le cadre de leur partenariat, le groupe Orano s’affaire au démantèlement du cœur du réacteur – générateurs de vapeur, pompes, la cuve et ses internes – mais aussi au conditionnement et au transport des déchets.
NorthStar prévoit la fin du chantier de démantèlement pour 2027, génie civil compris, pour un déclassement de l’installation, après évacuation du combustible, en 2052.
Orano DS, au cœur du démantèlement
Orano DS, la branche du groupe dédiée au démantèlement, a débuté le chantier en 2019 avec des opérations de découpe à distance, sous eau pour les internes de cuve et à l’air libre pour la cuve elle-même. La cuve, avec une hauteur de plus de 20 mètres pour plusieurs centaines de tonnes, est le plus gros composant. À la différence des réacteurs à eau pressurisée (REP), la cuve des réacteurs à eau bouillante (REB) contient beaucoup plus de structures internes exposées au flux neutronique puisque tous les équipements sont dans la cuve. C’est en particulier le cas du générateur de vapeur formé de deux composants situés en haut de la cuve (Steam Separator, et Steam Dryer) et des 10 pompes primaires (Jet Pumps). Ces différences nécessitent d’adapter la mise en œuvre des outils, mais les technologies utilisées sont les mêmes que pour le démantèlement des REP. « Les équipes d’Orano ont utilisé des outils télécommandés conçus spécialement pour le démantèlement et qui ont fait preuve de leur efficacité dans plusieurs projets, en particulier en Allemagne », a par ailleurs fait savoir Orano dans son communiqué.
L’optimisation des colis de déchets
Orano a également procédé au conditionnement et au transport des déchets issus des opérations de démantèlement vers un site de stockage dédié, localisé dans l’État du Texas. Les colis de déchets sont réalisés par intensité radiologique et couvrent toutes les catégories (A, B, C, GTCC[2]). Toute la difficulté dans la définition des différents colis, est d’optimiser la distribution des déchets par catégorie pour minimiser le volume des catégories les plus élevées, compte tenu de la différence importante de cout de conditionnement, transport, et de mise en déchet, détaille, pour la Sfen, Orano DS. Cette optimisation nécessite un effort de planification qui comprend de la modélisation du niveau d’activation des structures, pour anticiper au mieux les catégories de déchets présents, et un travail itératif de planification de la découpe en segments, et d’arrangement des segments par catégorie et conteneurs, pour optimiser la densité des conteneurs, tout en limitant le nombre d’opérations de découpe et de couts d’opération de démantèlement associés ».
Au cours des 30 dernières années, les 2 000 salariés d’Orano spécialisés dans les chantiers de déconstruction ont participé à plus de 160 projets de démantèlement dans le monde, fait savoir l’industriel tout en précisant avoir réalisé un quart des démantèlements de réacteurs à eau légère REP et REB. Aux États-Unis, Orano DS, au sein de la coentreprise avec NorthStar Accelerated Decommissioning Partners (ADP), s’applique également au démantèlement et à la gestion du combustible usé de Crystal River 3. En Allemagne, le groupe réalise la déconstruction du cœur de six unités.■