Stockage géologique : la Suisse sélectionne le site de Nördlich Lägern
Un consensus est aujourd’hui établi sur le fait que le stockage géologique des déchets nucléaires est la meilleure solution à long terme. Alors que la Suède, la Finlande ou la France préparent leur installation, la Suisse vient de sélectionner son futur site d’enfouissement à Nördlich Lägern.
Au terme d’un processus de sélection de 14 ans, la Nagra, la société coopérative nationale pour l’élimination des déchets radioactifs, a proposé le site de Nördlich Lägern, dans le nord de la Suisse, pour un stockage en couches géologiques profondes. Six sites ont été proposés en novembre 2011 lors de la première étape du processus – qui a débuté en 2008 – pour deux dépôts : l’un pour les déchets de faible et moyenne activité, l’autre pour les déchets de haute activité. Le dépôt pour les déchets de faible et moyenne activité devrait être en service d’ici 2050, celui pour les déchets de haute activité en 2060.
En janvier 2015, la Nagra avait proposé de poursuivre les investigations dans les régions d’implantation proposées de Zurich Nordost et Jura Ost. Elle avait précisé que les quatre autres régions envisagées lors de la deuxième étape – Südranden, Nördlich Lägern, Jura-Südfuss et Wellenberg – seraient mises en réserve. Toutefois, en décembre 2016, l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) a proposé que la région de Nördlich Lägern soit également incluse dans l’étape finale.
Un site stable et flexible
La Nagra a maintenant proposé que Nördlich Lägern accueille un dépôt combiné adapté à tous les types de déchets radioactifs. L’entrée du dépôt, appelée installation de surface, serait construite dans la région de Haberstal, sur la commune de Stadel, dans le canton de Zurich. La Nagra a déclaré que ses investigations ont montré qu’il était possible de construire un dépôt en couches géologiques profondes sûr dans les trois régions d’implantation – Jura Ost, Nördlich Lägern et Zürich Nordost. Toutefois, les Argiles à Opalinus de Nördlich Lägern offrent le plus grand effet de barrière géologique, la meilleure stabilité des couches rocheuses et une grande flexibilité pour l’aménagement du dépôt souterrain.
So sieht das Tiefenlager aus, wo der radioaktive Abfall der Schweiz gelagert werden soll. #jahrhundertprojekt #nördlichlägern #hohentengen pic.twitter.com/hEmCCvcUpa
— Nagra (@Nagra_Schweiz) September 29, 2022
La Nagra a également décidé de ne pas construire l’installation de conditionnement des éléments combustibles dans le domaine d’implantation lui-même, mais sur le site du dépôt intermédiaire existant de Zwilag à Würenlingen dans le canton d’Argovie, à côté de l’Institut Paul Scherrer.
La plupart des déchets de haute activité de la Suisse sont actuellement stockés dans des châteaux de transport et de stockage à l’installation de Zwilag, et dans une moindre mesure dans le dépôt intermédiaire de la centrale nucléaire de Beznau (Zwibez). Avant leur mise en place dans le dépôt en couches géologiques profondes prévu, les déchets seront transférés dans des conteneurs de stockage plus petits dans l’installation d’encapsulation.
Approbation en 2050
La Nagra va maintenant préparer les demandes d’autorisation générale pour le dépôt et l’installation d’encapsulation, qu’elle prévoit de soumettre au Conseil fédéral en 2024. Les autorités et la Confédération examineront ces demandes avant que le Conseil fédéral et le Parlement ne prennent leur décision. Cette approbation, attendue vers 2030, sera soumise au référendum facultatif, les électeurs suisses ayant le dernier mot. Selon la Nagra, il faudra probablement attendre encore une trentaine d’années avant de pouvoir commencer les opérations de mise en place des déchets.
« La proposition d’implantation de la Nagra est une étape importante dans le projet du siècle du stockage géologique profond », a déclaré Matthias Braun, CEO de la Nagra. « Nous savons aujourd’hui quel est le site le plus sûr pour un stockage en couches géologiques profondes. Ce n’est pas seulement important pour nous, pour conclure toutes ces années de recherche, mais ca l’est également pour toute la population suisse ».
Le 8 juillet dernier, c’est le projet de stockage géologique français qui a franchi une étape importante. Cigéo a reçu sa « déclaration d’utilité publique » (DUP). Elle permet à l’Andra d’acquérir la maîtrise foncière manquante, en procédant aux expropriations de terrains nécessaires à la réalisation du centre de stockage, aux potentiels dédommagements des agriculteurs et aux aménagements préalables. La DUP n’autorise pas pour autant la construction du centre. Cette prochaine étape pourrait intervenir à l’issue de l’instruction de la demande d’autorisation de création (DAC) qui sera déposée auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) fin 2022. De nombreuses autres nations avancent sur leur propre installation. ■