Redémarrage de Sendai : comment ça marche ?
L’accident de Fukushima a poussé les autorités japonaises à revoir à la hausse leurs exigences et leurs critères de sûreté. Sendai et l’ensemble des réacteurs du pays sont passés au peigne fin par la NRA, le gendarme du nucléaire, désormais indépendant. Récapitulatif des différentes étapes de ce parcours et focus sur les points techniques du redémarrage.
Un long parcours préalable
Après un premier examen par la NRA en juillet 2013, le dossier de redémarrage de Sendai a été complété par l’exploitant, Kyushu Electric Power Company Inc. L’autorité de sûreté a alors publié un rapport public et a invité les citoyens à le commenter.
En septembre 2014, l’exploitant des deux réacteurs a reçu l’autorisation d’engager les travaux d’adaptation aux nouvelles prescriptions de sûreté.
Les élus locaux ont ensuite été consultés par le Ministère de l’Economie, le METI. Plusieurs réunions ont été organisées pour informer et consulter les populations. Le gouverneur de la préfecture de Kagoshima, où est implantée la centrale de Sendai, a annoncé son intention d’accepter le redémarrage de Sendai 1. Pendant ce temps, la NRA a approuvé les plans proposés par l’exploitant.
Avant de redémarrer, la centrale a subi de multiples travaux de mise à niveau, inspections et vérifications. Les inspections préalables à la mise en service ont débuté en mars 2015. Du 27 au 30 juillet, des exercices de prévention d’accidents ont été réalisés sur le site.
Entre le 6 et le 10 juillet, 157 assemblages de combustible ont été chargés dans le réacteur.
Les aspects techniques du redémarrage
Une fois la clef de contact tournée, c’était dans la nuit du 10 au 11 août, le moteur tourne au ralenti et chauffe doucement. Il faut une douzaine d’heures avant de pouvoir démarrer la réaction en chaine. Cette réaction en chaîne a été enclenchée mardi 11 août vers 16 heures, heure de Paris.
A ce moment, avant de monter en puissance, les équipes de Sendai vont inspecter les lieux, contrôler les paramètres, vérifier que tout se passe comme prévu. Et bien sûr, la NRA est sur place et vérifie que toutes les prescriptions sont appliquées dans les règles de l’art.
Ensuite, le réacteur monte en puissance doucement, suivant les paliers définis à la conception. Enfin, d’ici la fin de la semaine, il va pouvoir commencer à produire de l’électricité. Cette étape est prévue vendredi 14 août.
Sendai 1 commencera un cycle d’exploitation « normal » à partir de septembre, date à laquelle le Japon pourra de nouveau compter sur le nucléaire comme source d’énergie.
Ce réacteur permettra de fournir plus de 6 000 GWh d’électricité. Ce qui correspond à la consommation d’environ 785 000 Japonais.
La sûreté : priorité absolue
Selon le Président de Kyushu Electric Power Company Inc., le redémarrage de Sendai 1 est « une étape importante vers le redémarrage du nucléaire ».
Conscient du symbole que cette étape représente, l’électricien fait de la sûreté sa « priorité absolue », résolu « à ne jamais laisser un accident comme celui de Fukushima se reproduire ».
Selon la BBC, plus de 100 millions de dollars auront été nécessaires pour renforcer la sûreté du réacteur et la mettre aux nouveaux standards de sûreté, faisant de Sendai 1 l’une des installations les plus sûres. Selon les mots du Premier ministre, Shinzo Abe, Sendai a réussi avec succès « les examens de sureté les plus difficiles du monde ».
Les mesures engagées regroupent à la fois les mesures post-Fukushima (notamment l’installation de groupes électrogènes et de camions-pompe) et des mesures jusque là optionnelles.